Actualités

Second confinement : les commerçants font face aux difficultés au cas par cas

par | 28 octo­bre 2020 | Économie, Poli­tique

Le recon­fine­ment met les com­merçants dans une posi­tion inten­able, quelles que soient la ville et l’ac­tiv­ité exer­cée. (J2R)

L’atten­tisme, une posi­tion que les com­merces physiques ont adop­tée à l’unisson, sus­pendus à l’allocution prési­den­tielle très atten­due du mer­cre­di 28 octobre.

La restau­ra­tion, l’une des activ­ités fig­u­rant par­mi les plus impactées n’a eu aucun mois posi­tif depuis le décon­fine­ment. La fin d’année, par­mi les mois les plus impor­tants en terme de chiffres d’affaire, se pro­file avec dif­fi­culté, enreg­is­trant un retard cumulé de 20 %. La vente en e‑commerce qui tire son épin­gle du jeu a été dopée de 42,3 % à la ren­trée 2020, estime le réseau Pro­cos dans un rap­port d’analyse récent. « Quel sera le poids des ventes en ligne, une fois l’épisode de la Covid-19 achevé ? », s’in­ter­roge l’expert.

Le con­traste entre les cen­tres-ville urbains et les com­munes de taille petite ou moyenne est sai­sis­sant. La cap­i­tale enreg­istre des chiffres sans précé­dent ; l’Avenue des Champs-Elysées recense une perte de chiffre d’affaire de 64,7 % et une baisse de fréquen­ta­tion ana­logue. L’Île-de-France est la métro­pole la plus impactée en ter­mes de fréquen­ta­tion et, par exten­sion, de con­som­ma­tion. Face au rebond de la crise san­i­taire, les con­som­ma­teurs ont changé leurs habi­tudes, restreignant leur présence dans les points de vente par le biais du retrait en point de vente « click’n’collect » ou « drive ».

Une con­som­ma­tion davan­tage respectueuse de l’environnement a été notée dans le com­porte­ment des acheteurs, bien qu’il s’agisse prin­ci­pale­ment des caté­gories socio-pro­fes­sion­nelles priv­ilégiées. À l’inverse, les ménages en dif­fi­culté ont acheté mas­sive­ment dans les enseignes dis­count ; Pri­mark et Stoko­mani n’ont presque pas con­nu la crise. L’épargne mas­sive des Français, éval­uée à 80 mil­liards d’euros est majori­taire­ment le fait de foy­ers aisés qui n’ont pas pu con­som­mer dans les secteurs de la cul­ture et du voy­age. Leur taux d’épargne s’est accru de 25 % depuis la crise san­i­taire et les restric­tions. Les foy­ers les plus pré­caires en France ont, au con­traire, per­du 1,6 % de leur épargne personnelle.

La file d’at­tente com­mence à grossir avant l’an­nonce du recon­fine­ment. (J2R)

L’un de ces points de ventes à bas prix, aux déco­ra­tions d’Halloween et Noël qui jonchent les éta­lages, était très fréquen­té à quelques heures du dis­cours prési­den­tiel. « Pour­tant, je ne sais pas si je viens tra­vailler demain », déclare Mathilde, vendeuse. L’enseigne n’a pas per­du en chiffre d’affaire, mais la crainte d’une sec­onde vague est évo­quée avec fébril­ité. À soix­ante kilo­mètres de la métro­pole, à Triel-Sur-Seine, Mme Da Sil­va, respon­s­able d’un cen­tre d’esthétique,  risque une fer­me­ture d’établissement à l’instauration d’un sec­ond con­fine­ment en France. « Si nous n’avons pas de chiffre d’affaire et que l’URSSAF nous réclame des loy­ers, nous ne tien­drons pas. Je n’ai pas pris de vacances durant la péri­ode esti­vale, j’ai enquil­lé non-stop pour garder ce PGE dont il ne me reste plus grand chose. » Le PGE, prêt garan­ti par l’Etat, est un dis­posi­tif d’aide économique dont la garantie de rem­bourse­ment s’échelonne à la valeur du prêt, à un taux com­pris entre 25 % et 50%. En dépit des mesures gou­verne­men­tales annon­cées, aucun dis­posi­tif n’a été mis en place pour adapter le mon­tant des loy­ers au pro­ra­ta du chiffre d’affaires d’un com­merce, souligne le rap­port Procos.

À deux pas du cen­tre d’esthétique, le mag­a­sin d’optique a égale­ment béné­fi­cié de ce dis­posi­tif « dépen­sé en par­tie mais pas en total­ité ». L’heure est à la pru­dence ; le Con­seil départe­men­tal des Yve­lines a alloué 2,7 mil­liards d’euros à quar­ante-sept com­munes, mais la ville de Triel-sur-Seine a été exclue du dis­posi­tif. « Nous sommes un petit nom­bre de com­munes à ne pas touch­er cette aide et j’en suis déçue. Je sens que cer­tains com­merces risquent sérieuse­ment de fer­mer, cette aide c’est tou­jours ça de pris », martèle la respon­s­able du cen­tre d’esthé­tique. L’optique, un ser­vice dont le con­tact est pri­mor­dial pour les mesures de fab­ri­ca­tion ou d’ajustement d’une paire de lunettes subit une logis­tique à con­tre-temps. « Un deux­ième con­fine­ment ? Je resterai ouvert mais je tra­vaillerai seule­ment sur ren­dez-vous. Depuis le 11 mai, je rece­vais les clients, un par jour. Les mon­tures sont lais­sées de côté 48 heures», détaille l’auxiliaire médical.

La restau­ra­tion a été dure­ment frap­pée depuis mars 2020. (J2R)

Le restau­rant japon­ais, dans l’artère prin­ci­pale de la com­mune, a opéré un choix dras­tique : aucun con­tact. La salle de restau­ra­tion est séparée d’une cloi­son fab­riquée manuelle­ment. « Il s’agit d’un restau­rant famil­ial, nous nous pro­té­geons avant tout », explique Marc Che­ung, serveur. Ce restau­rant ayant per­du 20 % de son chiffre d’affaires, le retrait de com­mande s’effectue par une trappe plas­ti­fiée inté­grée à la cloison.

Les cen­tres com­mer­ci­aux parisiens, fer­més lors du pre­mier pic de l’épidémie, évolu­ent de façon abstraite, sans direc­tive de la hiérar­chie. L’allocution sera déci­sive. Les com­merces ten­tent de s’adapter en jonglant avec les dis­par­ités et con­traintes que recou­vrent les besoins des acheteurs. Une enseigne spé­cial­isée dans la com­mer­cial­i­sa­tion d’articles sportifs observe une hausse dans l’achat de fit­ness, sport d’intérieur et mus­cu­la­tion. « Est-ce que les clients voudront revenir en mag­a­sin après un deux­ième con­fine­ment ? », s’interroge Sonia, vendeuse. L’ensemble du per­son­nel des 130 bou­tiques a été mis en chô­mage par­tiel durant la pre­mière phase de con­fine­ment. Les acheteurs se procu­raient les biens en ligne ; les com­man­des étaient directe­ment extraites des entre­pôts de stock­age, sans retrait en mag­a­sin. « Les pro­duits élec­tromé­nagers, par­ti­c­ulière­ment tablettes et ordi­na­teurs, ont eu un grand suc­cès auprès des clients. Il en va de même pour l’électroménager ; un sèche-linge est un objet util­i­taire en tout temps », indique anonymement un vendeur d’une succursale.

L’affluence de fréquen­ta­tion dans les com­merces de mul­ti­mé­dias et livres est impor­tante, remé­morant les achats de loisirs fait à la hâte lors du con­fine­ment à la mi-mars. Dans le 5e arrondisse­ment de la cap­i­tale, un com­merçant indépen­dant de ban­des dess­inées est à con­tre-courant de l’inquiétude générale. La tran­si­tion numérique étant bien amor­cée, accen­tuée par un réseau asso­ci­atif de BD, le chiffre d’affaires de l’établissement est en hausse de 15 %. « Cer­tains jours, nous avons une clien­tèle qui préfère se tourn­er vers des fil­ières plus clas­siques qu’Amazon, cela laisse présager de bonnes choses pour la suite. » Un véri­ta­ble « raz de marée » de con­som­ma­teurs s’est pré­cip­ité dans les allées au print­emps, préférant les con­seils de ces vendeurs fins con­nais­seurs des arrivages de ban­des dessinées.

La culture,dont le 7e art, ne sor­ti­ra pas indemne de la crise san­i­taire. (J2R)

Le ciné­ma indépen­dant « L’épée de bois » de la Rue Mouf­fe­tard enreg­istre « une petite baisse mais pas fla­grante », con­state Liv­io, gérant à l’accueil. Le pro­prié­taire du lieu, datant de 1970, a été en mesure de rémunér­er à 100 % ses salariés durant le con­fine­ment. Il a ini­tié, à cette occa­sion, des événe­ments rassem­blant les férus de ciné­ma : un fes­ti­val de court-métrage, des pro­jec­tions en salles réservées etc. « Les gens ont moins peur de venir ici que dans les mul­ti­plex, qui sont plus ani­més, où la pro­preté est sec­ondaire », observe Liv­io. À l’heure où les pro­duc­tions et les dis­trib­u­teurs se tour­nent vers les plate­formes de stream­ing, la clien­tèle du ciné­ma, com­posée d’habitués (retraités et étu­di­ants), ne désem­plit pas. « Mal­gré une fréquen­ta­tion qua­si­ment inchangée, mon fils ne pour­ra sûre­ment pas aller au ciné­ma dans les mois à venir, et ça, ça me fait chi…», con­clut-il.

Aider notre jour­nal indépen­dant en souscrivant à l’adresse suiv­ante. Par avance mer­ci : https://fr.tipeee.com/les-2-rives-yvelines

LE PANIER DU MARCHÉ JOEL PICARD LES MERCREDI ET SAMEDI AU 74 RUE PAUL DOUMER À TRIEL-SUR-SEINE

RÉSERVATION LA VEILLE AVANT 15 HEURES AU
07 67 53 45 63 (cliquez)

Municipales 2020