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Nos futurs élus municipaux ont-ils de l’imagination ?

par | 8 mars 2020 | Poli­tique

Le nom­bre des listes dans chaque commune

Les listes en com­péti­tion pour les élec­tions munic­i­pales peu­vent nous apporter des infor­ma­tions autres que celles sur leurs mul­ti­ples engage­ments. Dans cet arti­cle, nous les clas­sons non pas selon les con­tenus de leurs pro­grammes mais en fonc­tion des noms qu’elles se sont donnés. 

Alors qu’un arti­cle récent du J2R s’est intéressé aux prin­ci­paux thèmes abor­dés par les can­di­dats dans qua­tre villes de notre ter­ri­toire, ce ne sont pas les pro­grammes qui sont com­parés ci-après mais les noms choi­sis par les dif­férentes listes.

Les listes étudiées

Notre analyse porte sur 20 com­munes de la par­tie ori­en­tale de la Com­mu­nauté urbaine Grand Paris Seine & Oise (GPS&O), que cou­vre le J2R. La com­mune d’Evecquemont n’en fait pas par­tie car, avec moins de 1000 habi­tants, les can­di­da­tures sont indi­vidu­elles, le mode de scrutin étant majori­taire, pluri­nom­i­nal, à deux tours.

Notre échan­til­lon com­prend 67 listes, soit en moyenne un peu plus de trois par com­mune. Nous avions vu émerg­er d’autres listes, cer­taines avec des noms imag­i­nat­ifs, mais elles n’ont pas réus­si à rassem­bler un nom­bre suff­isant de can­di­dats ou elles n’ont pas été validées par la préfecture.

Le nom­bre de listes de chaque com­mune est inscrit sur la carte de l’image d’entête. Ces nom­bres vari­ent de 1 à 6 (à Andrésy, à Triel-sur-Seine et à Verneuil-sur-Seine). Dans trois villes, il n’y a pas de sus­pense : les noms des prochains maires de Hardri­court, des Alluets-le-Roi et de Morainvil­liers sont déjà con­nus. Le phénomène nation­al du manque de voca­tions dans les petites com­munes, tout par­ti­c­ulière­ment dans celles à car­ac­tère rur­al, se man­i­feste, égale­ment, dans notre territoire.

Les thèmes évo­qués par les noms des listes

Les éti­quettes

Dans la plu­part des villes de la zone étudiée, les nuances poli­tiques ne sont pas affichées. Une liste mar­que son indépen­dance : « Con­flans-sans éti­quette ». Les noms de quelques listes évo­quent, plus ou moins net­te­ment, leur lien avec un parti.

La reven­di­ca­tion la plus directe est celle des listes por­tant le même nom « Lutte ouvrière-Faire enten­dre le camp des tra­vailleurs » à Car­rières-sous-Pois­sy, à Con­flans-Sainte-Hon­orine, aux Mureaux et à Pois­sy. Avec les listes « Gauche citoyenne et écol­o­giste pour Achères » et « Vivre Verneuil autrement-la liste de gauche », remar­quons que seules des listes de gauche, mod­érées ou plus extrêmes, annon­cent leur couleur.

La liste « Un REV à Con­flans » ne fera pas mieux con­naître son posi­tion­nement avec une dénom­i­na­tion non com­préhen­si­ble : l’acronyme REV, qui devrait être précédé d’un arti­cle féminin, désigne un micro-par­ti incon­nu « Révo­lu­tion Ecologique pour le Vivant » qui définit ain­si son objec­tif : « défendre une écolo­gie rad­i­cale, anti­spé­ciste, lut­ter con­tre toutes les injus­tices (sociales notam­ment) et discriminations ».

L’amour de sa ville ou la volon­té de con­serv­er son village

Une autre liste prend le con­tre­pied de l’appartenance poli­tique avec sa déc­la­ra­tion « Notre par­ti c’est Andrésy ». La même idée est exprimée par « Achères ma ville », « Les Mureaux, une ville à vivre » et « Triel a du tal­ent ! » ain­si que, peut-être, par « 100 % Andrésy » et « Car­ré­ment Carrières ».

Plusieurs listes, telles que « Vaux Vil­lage », souhait­ent con­serv­er le car­ac­tère de leur petite com­mune. L’amour peut être exces­sif comme à Médan pour « Notre Vil­lage, pas­sion­né­ment ». « Chapet vil­lage heureux » mon­tre la sat­is­fac­tion de cette liste ; ne pour­rait-elle pas faire encore mieux ?

Lead­er­ship ou égocentrisme ?

Les noms de deux listes con­ti­en­nent le patronyme du can­di­dat en pre­mière posi­tion : « Agir pour Car­rières avec Eddie Aït » et « Sebil­leau Renou­veau » à Verneuil-sur-Seine. Une autre le sug­gère : « #KO2020 » à Pois­sy. Espérons que ce mot-clé (ou hash­tag, comme diraient cer­tains) ait pour but d’évoquer la mise en œuvre des tech­nolo­gies numériques plutôt que la fin pré­cip­itée d’un com­bat de boxe.

Des expres­sions sans engagement

Dif­férentes listes ne se sont pas beau­coup exprimées dans les noms choi­sis, assez neu­tres : « So Car­rières », « Vaux assuré­ment », « Ici Con­flans ! ». D’autres man­quent de pré­ci­sion. Quelle est la tranche d’âges évo­quée par « Généra­tion Les Alluets-le-Roi 2020 » ?

Le futur

Aucun can­di­dat ne pou­vant s’engager avec une stratégie « no future », il est éton­nant de trou­ver la notion de l’avenir, en un ou deux mots, sans qual­i­fi­catif dans pour plusieurs listes : « Médan à venir », « Triel à venir », « Avenir Vil­lennes ». Quel avenir souhait­ent-elles ? L’avenir est moins loin­tain mais aus­si peu défi­ni pour « Pois­sy demain ».

L’action

Le verbe « agir » a été choisi par « Agir pour Meu­lan-en-Yve­lines » et « Agir pour Car­rières avec Eddie Aït ». Les élus qui les con­duisent, une maire actuelle et un maire précé­dent, n’ont-ils pas agi pour leur ville dans le passé ? Les listes « Du con­cret pour Andrésy », « Agir ensem­ble pour Verneuil » et « Agir ensem­ble » aux Mureaux pré­cisent com­ment seraient menées leurs actions. Une autre veut agir mais en fonc­tion de ce qu’ont fait les munic­i­pal­ités précé­dentes : « Réa­gir pour Triel ».

L’ambition, la volon­té et le dynamisme

Plusieurs listes évo­quent leurs actions futures en met­tant l’accent sur les forces qui les ani­ment. Deux de Con­flans expri­ment la même idée : « Con­flans en avant » et « Con­flans nou­v­el élan ». Cer­taines se veu­lent ambitieuses et auda­cieuses : « Ambi­tion Hardri­court », « Avec vous, une ambi­tion pour Chanteloup », « Faire réus­sir Car­rières », « Osons Andrésy ». Dans ce but, il faut du dynamisme mais égale­ment de l’énergie et du souf­fle, par­fois dans un nou­v­el esprit : « Andrésy Dynamique», « Andrésy Ener­gies Renou­velées », « Un nou­veau souf­fle pour Ecquevil­ly ». A Morainvil­liers, la liste « La vision d’un vil­lage dynamique et durable » ajoute la notion d’une pro­jec­tion dans le futur assez lointain.

Le change­ment

Les listes suiv­antes ne sont pas issues des munic­i­pal­ités actuelles : « Ensem­ble changeons Chanteloup », « Alter­na­tive citoyenne pour Verneuil », « Triel autrement », « Vil­lennes autrement », «Orgeval Cap Renou­veau », « Triel Renou­veau » et « Sebileau Renou­veau » à Verneuil. Une liste souhaite un change­ment mais pour revenir en arrière : « Retrou­ver Meulan ».

L’union et l’implication de la population

Après les divi­sions qui ont, récem­ment, mar­qué la vie munic­i­pale de Vernouil­let, les deux listes en com­péti­tion veu­lent mon­tr­er un souhait de réu­ni­fi­ca­tion :
« Agir ensem­ble pour Vernouil­let » et « Vernouil­let rassem­blé ». La même déc­la­ra­tion est faite par « Unis pour Andrésy » et « Unis pour notre ville » à Meu­lan. Aux Mureaux, trois listes ont des objec­tifs voisins : « Rassem­blons-nous pour Les Mureaux », « Les Mureaux pour tous » et « Agir ensem­ble ». Ce mot « ensem­ble » pou­vant qual­i­fi­er aus­si bien la cohé­sion des mem­bres de la liste que leur volon­té de démoc­ra­tie locale est sou­vent util­isé : « Pois­sy ensem­ble », « Agir ensem­ble pour Verneuil », « Pois­sy ensem­ble », « Agir ensem­ble pour Verneuil », « Verneuil l’avenir ensem­ble », « Vil­lennes Ensem­ble ». La liste « Triel c’est vous » pour­rait avoir le même désir de coopéra­tion avec les habi­tants mais s’en exclut, un peu maladroitement.

La qual­ité de vie

La liste « Vivons Chapet » ne pré­cise pas si elle veut main­tenir le mode de vie actuel dans sa com­mune ou le faire évoluer. Il est à not­er que les deux listes
« BVE : Bien Vivre à Ecquevil­ly » et « Bien vivre à Vil­lennes » se pla­cent dans la con­ti­nu­ité des munic­i­pal­ités actuelles alors qu’une liste qui avait choisi l’intitulé « Mieux vivre » mais n’a pas pu être validée se situ­ait dans l’opposition.

D’autres expres­sions mon­trent une volon­té de pro­tec­tion du cadre de vie : « Naturelle­ment Verneuil », « Médan naturellement ».

Les idées multiples

Ajou­tons une liste à celles déjà men­tion­nées qui se sont définies par plusieurs axes : « Andrésy-Sol­i­dar­ité-Ecolo­gie ». L’implication des habi­tants-électeurs est pré­cisée dans les objec­tifs d’action ou de change­ment de plusieurs listes : « Agir ensem­ble » aux Mureaux, « Agir ensem­ble pour Verneuil », « Avec vous, une ambi­tion pour Chanteloup », « Ensem­ble changeons Chanteloup ».

Les listes que nous avons élues comme les plus imaginatives

Alors que nous avons con­sid­éré toutes les listes de notre ter­ri­toire, des deux côtés de la Seine, d’est en ouest, il se trou­ve que les listes dis­tin­guées se situent dans trois villes voisines.

L’imagination, rai­son sociale

Aucun thème n’est évo­qué par le nom de cette liste que nous n’avons pas pu class­er par­mi les autres : « Imag­ine Orgeval ». C’est un bel objec­tif, qui pour­rait, toute­fois, faire oubli­er qu’il faut bâtir le futur en fonc­tion du passé.

Une mise en perspective

A Morainvil­liers, com­mune voi­sine, le nom un peu long de l’unique liste « La vision d’un vil­lage dynamique et durable » traduit bien ses valeurs et ses engagements.

L’imagination col­lec­tive

Les noms des qua­tre listes en com­péti­tion à Vil­lennes, se retrou­vant dans d’autres villes, ne sont pas par­ti­c­ulière­ment orig­in­aux ; ils se dis­tinguent par leur com­plé­men­tar­ité, alors qu’ils ont été choi­sis sans con­cer­ta­tion. Il est pos­si­ble de com­bin­er, de dif­férentes manières, « Vil­lennes Ensem­ble », « Avenir Vil­lennes », « Bien vivre à Vil­lennes » et « Vil­lennes autrement ». Dans cet ordre, ces dénom­i­na­tions peu­vent mon­tr­er l’évolution que souhait­ent de nom­breux habi­tants pour gér­er et dévelop­per la com­mune, en évi­tant les divi­sions du passé : « Ensem­ble con­stru­isons l’avenir de Vil­lennes, pour y bien vivre, autrement ».