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Marche blanche à Conflans-Sainte-Honorine en l’honneur de Samuel Paty

par | 21 octobre 2020 | Conflans-Sainte-Hono­rine, Socié­té

Le 20 octobre, envi­ron six mille per­sonnes se sont réunies pour rendre hom­mage à Samuel Paty. (J2R)

Plusieurs mil­liers de Fran­ci­liens se sont rejoints, en hom­mage à l’enseignant Samuel Paty. Une minute de silence a eu lieu face au Col­lège du Bois d’Aulne, en pré­sence des élus.

« Ca me fait bizarre de me dire qu’on lui a par­lé, puis qu’on revient au col­lège et il est mort », nous a souf­flé Lou, une ancienne élève actuel­le­ment en classe de troi­sième.

Le soir du 20 octobre, des habi­tants des com­munes alen­tours, André­sy, Her­blay, Mon­ti­gny et Conflans-Sainte-Hono­rine ont ren­du un hom­mage citoyen au pro­fes­seur Samuel Paty, déca­pi­té à la sor­tie du Col­lège du Bois d’Aulne.

L’incompréhension, la sidé­ra­tion, le choc et la peur sont autant de qua­li­fi­ca­tifs que les mar­cheurs ont évo­qués, le visage tor­du par l’émotion, mal­gré les masques. Un ciel gri­sâtre et une bruine accom­pa­gnaient cette jour­née morose, durant laquelle un sym­bole répu­bli­cain, l’éducation a été tou­chée. « Je ne pen­sais pas qu’être pro­fes­seur d’histoire-géographie était un métier à risque à ce point-là, main­te­nant si. J’ai peur pour l’avenir qu’on laisse à nos enfants », a décla­ré Oli­vier, père de famille. Il a, ensuite, enton­né l’hymne natio­nal d’une voix puis­sante, en choeur avec les mar­cheurs, les mains posées sur les épaules de ses enfants. Le défi­lé a démar­ré près du Col­lège du Bois d’Aulne au croi­se­ment de la Rue du che­min vert et de la Rue de la jus­tice. Des jeunes col­lé­giens, des lycéens, des familles, des enfants en pous­sette et des grands-parents com­po­saient cette foule dis­pa­rate et unie dans la mémoire. Des familles musul­manes, por­tant une pan­carte véhi­cu­lant un mes­sage soli­daire de l’association Amah­diya, sont venues témoi­gner de leur sou­tien.

L’association Amah­diya était pré­sente pour témoi­gner son sou­tien. (J2R)

Hébé­tée, Céline tenait une bou­gie rouge qu’elle ral­lu­mait dès que la flamme vacillait. La mère de famille réside à quelques mètres du lieu où l’enseignant a per­du la vie. Cet acte bar­bare ébranle les Confla­nais, tant il est inha­bi­tuel et impropre au calme qui règne dans cette com­mune fran­ci­lienne. « En ban­lieue, on ne se sen­tait pas for­cé­ment concer­nés par ce genre de risque. Il faut que l’on ait des solu­tions adap­tées pour pro­té­ger nos familles, il faut que l’état réagisse », a fus­ti­gé Céline.

La foule com­pacte a obser­vé plu­sieurs minutes de silence face au col­lège, atte­nant au Stade Claude Fichot. Pour cette soi­rée de recueille­ment, la pré­si­dente de la Région Île-de-France, Valé­rie Pécresse s’était dépla­cée, ain­si que son pré­dé­ces­seur à la région et ancien maire de Conflans, Jean-Paul Huchon. Les écharpes tri­co­lores des édiles se sont révé­lées dans la sym­bo­lique de l’instant.

Samuel Paty, 47 ans, assas­si­né devant son col­lège à Conflans-Sainte-Hono­rine

Samuel Paty était un ensei­gnant dont la méthode péda­go­gique est saluée par ses anciens élèves et les parents d’élèves. Héloise, étu­diante en facul­té, était sco­la­ri­sée en 2015 dans l’établissement ain­si que sa sœur aînée, sui­vie par l’enseignant deux années consé­cu­tives. « Elle a été d’autant plus tou­chée par son assas­si­nat qu’elle l’appréciait beau­coup ; il lui four­nis­sait des conte­nus audio et écrits. Quelques fois, il lui prê­tait des livres ; son métier allait au-delà même de l’établissement », a‑t-elle pré­ci­sé. D’anciens élèves sco­la­ri­sés au Col­lège du Bois d’Aulne s’é­taient don­né ren­dez-vous quelques jours aupa­ra­vant, pour échan­ger des anec­dotes ou, sim­ple­ment, pour s’épancher et par­ta­ger les res­sen­tis sur la vio­lence de cet évé­ne­ment.

L’injustice, émo­tion dif­fuse, lais­sait place aux larmes ;  des parents acca­blés san­glo­taient en évo­luant dans la marche. Karine et sa fille, enca­drant une pan­carte, avaient croi­sé à de mul­tiples reprises le défunt dans les cou­loirs de l’établissement. « Aux pre­miers abords, c’était quelqu’un de très sou­riant, très atten­tion­né. L’État ne pro­tège pas assez ceux qui tra­vaillent à son ser­vice. »
Ce sen­ti­ment est par­ta­gé par Hayat, ensei­gnante en pri­maire à Mon­ti­gny, qui a confié subir une pres­sion hié­rar­chique, s’ajoutant à celle des parent d’élèves.

Une marche blanche qui mar­que­ra les esprits pen­dant des années. (J2R)

« J’essaie tou­jours d’enseigner avec convic­tion mais cela devient dif­fi­cile lorsque l’on nous demande des tas de choses contraires à ce que l’on pense et ce que l’on veut. Pour la liber­té d’expression jus­te­ment, on nous demande de l’enseigner ; para­doxa­le­ment, nous sommes nous-mêmes muse­lés par nos supé­rieurs. » Ins­ti­tu­trice depuis vingt-ans, elle reçoit des ques­tion­naires rela­tifs au renou­vel­le­ment des pro­grammes sco­laires ; ses avis per­son­nels ne sont jamais pris en compte. « La liber­té de l’enseignant, elle est mise à mal depuis un cer­tain temps », a rela­té Hayat d’un ton las.

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