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Annabelle Amory, artiste-peintre collagiste à l’exposition EVEN GREEN ART

par | 4 sep­tembre 2020 | Conflans-Sainte-Hono­rine, Culture

Anna­belle Amo­ry (pho­to per­son­nelle)

« Anna­belle Amo­ry, ou l’art de l’an­ti confor­misme », c’est le thème des œuvres qui seront pré­sen­tées par l’artiste du 12 au 24 sep­tembre 2020 à la MJC Les Ter­rasses de Conflans-Sainte-Hono­rine dans le cadre d’une mani­fes­ta­tion étin­ce­lante sous le label de l’écologie et du bien-être. Y par­ti­ci­pe­ront plus d’une dizaine de plas­ti­ciens et de créa­teurs de tous hori­zons.

Lorsqu’on aborde la pein­ture d’Annabelle Amo­ry, quelque chose cloche au pre­mier abord. On ne sai­sit pas tout, tout de suite. Que peuvent donc bien avoir en com­mun une femme, un cerf et un livre ? Ce mélange hybride, impro­bable, a pour­tant une signi­fi­ca­tion forte, pro­fon­dé­ment ancrée dans le par­cours même de l’artiste.

De l’archéologie à la pein­ture

Née en 1988 dans l’Oise, Anna­belle habite et tra­vaille à Conflans-Sainte-Hono­rine. Elle a déve­lop­pé, depuis l’enfance, un goût mala­dif pour la créa­tion. Des­sin, pein­ture, écri­ture, pièces de théâtre, bandes des­si­nées, déve­lop­pe­ment de sites Web, cou­ture : tout ce qui peut occu­per ses mains et son esprit l’intéresse ! Après avoir gra­vi tous les éche­lons uni­ver­si­taires dans l’archéologie, l’étudiante a annon­cé le 20 octobre 2017, qu’elle ne se lan­ce­ra pas dans la recherche mais ten­te­ra une car­rière artis­tique.

La sur­vi­vante, pages de livre et cartes à jouer sur toile, 50 x 70 cm, 2020

De la pein­ture au col­lage

La tech­nique du col­lage est entrée dans la vie de l’artiste en 2013, année où Anna­belle effec­tue son pre­mier voyage à Athènes. Cette nou­velle vie faite de liber­té totale change éga­le­ment le regard de la doc­to­rante sur sa propre pro­duc­tion artis­tique. La pein­ture seule ne lui suf­fit plus. Elle veut à pré­sent racon­ter des his­toires, aus­si bien la sienne que celle des autres, et se met alors à déchi­rer des pages de livres. En effet, quoi de mieux qu’un roman pour expri­mer un récit ? Cette tech­nique per­met éga­le­ment à Anna­belle d’allier, une fois encore, deux de ses pas­sions : la pein­ture et l’écriture.

Les toiles deviennent alors son ter­rain de jeu et les pos­si­bi­li­tés artis­tiques se mul­ti­plient. L’artiste expé­ri­mente : la plu­part du temps, le papier rem­place la peau des per­son­nages mais, par­fois, il se mue en étoffe. Une fois le papier décou­pé et col­lé sur la toile, Anna­belle le recouvre de pein­ture acry­lique.

Quelques fines lignes noires suf­fisent pour des­si­ner sub­ti­le­ment un visage ou une main. Dès lors, le tableau ne se regarde plus, il se lit, et les carac­tères ins­crits sur les pages de livres deviennent un motif de rem­plis­sage au même titre qu’une cou­leur.

Du collage aux femmes hybrides

Ce qui saute aux yeux en ana­ly­sant la pro­duc­tion artis­tique d’Annabelle, c’est qu’elle est uni­que­ment com­po­sée de por­traits de femmes. Ins­tal­lées devant un fond uni, la plu­part du temps noir ; ils laissent au spec­ta­teur la liber­té de se racon­ter sa propre his­toire, aidé par le titre de la toile et le conte­nu du papier col­lé.

L’influenceuse, pages de livre et cartes à jouer sur toile, 100 x 100 cm, 2019

En effet, sans aucune assise spa­tio-tem­po­relle, le per­son­nage peut navi­guer entre les époques et les conti­nents, dans un sou­ci d’universalité. De même, en pei­gnant ses femmes nues ou habillées d’un vête­ment simple, l’artiste leur enlève tout sta­tut social : ce ne sont ni des mères, ni des épouses, et aucun indice n’est lais­sé sur leur vie actuelle, comme par exemple leur emploi ou leur niveau de vie.

Des femmes hybrides aux normes de la socié­té actuelle. La pro­blé­ma­tique dif­fi­cile de l’i­den­ti­té, de la dua­li­té et du conflit inté­rieur est en effet au cœur de la réflexion d’Annabelle. Que ce soit l’injonction faite aux femmes (sur leur phy­sique, leurs acti­vi­tés ou leur sta­tut social) ou l’é­vo­lu­tion per­son­nelle dans notre socié­té (où la norme est encore le seul modèle et où la dif­fé­rence est étouf­fée), la ques­tion est alors la même : com­ment faire coïn­ci­der nos convic­tions pro­fondes avec le monde qui nous entoure ? Com­ment affir­mer notre iden­ti­té sans se sen­tir jugé ?

Pou­vons-nous res­ter nous-mêmes, nous épa­nouir, sachant que nous sommes constam­ment influen­cés par la socié­té, le regard des autres, les réseaux sociaux, l’argent ou encore le suc­cès ? Qu’elle soit d’apparence nor­male ou hybride, la femme est, dans l’œuvre d’Annabelle, à la recherche de son épa­nouis­se­ment et son éman­ci­pa­tion. Cepen­dant, le che­min n’est pas aisé et les ten­ta­tions sont grandes. Il est en effet plus facile de se fondre dans la masse que de s’en déta­cher et d’assumer ses convic­tions. Cha­cune à son tour, les filles repré­sentent une facette de ce com­bat fémi­niste contre les dik­tats de la socié­té et la stan­dar­di­sa­tion de la beau­té.

Un mode de vie simple et éco-responsable

Faux-self, pages de livre sur toile, 100 x 100, 2019

Vête­ments, chaus­sures, bijoux, télé­phone : Anna­belle achète peu, rare­ment neuf et ne jette rien. Sans per­mis, ni voi­ture, cela se tra­duit dans son tra­vail par le trans­port de ses œuvres dans le train et le métro afin de les dépo­ser sur leurs lieux d’exposition. La pein­ture uti­li­sée dans ses toiles est fabri­quée en France et ache­tée en grand volume pour limi­ter les déchets. La seconde main et la reva­lo­ri­sa­tion se retrouvent éga­le­ment dans ses pein­tures : les châs­sis qu’elle uti­lise ont été, en grande majo­ri­té, ache­tés d’occasion, voire même récu­pé­rés dans la rue.Certains sont d’anciennes œuvres qui ont été repeintes, parce qu’elles ne s’inséraient plus dans la démarche actuelle de l’artiste. Quant aux livres, cartes à jouer et autres papiers qui tapissent la peau des femmes, ils ne sont jamais ache­tés neufs mais col­lec­tés dans des res­sour­ce­ries, des boîtes à livres ou ont été reçus sous forme de don.

Alma, pages de livre sur toile, 60 x 80 cm, 2018

C’est cette spé­ci­fi­ci­té qui a per­mis à Anna­belle d’être sélec­tion­née par la MJC Les Ter­rasses de Conflans-Sainte-Hono­rine pour son ouver­ture de sai­son. L’artiste y expo­se­ra huit toiles du 11 au 24 sep­tembre 2020 dans le cadre de l’événement « Event Green Art », en com­pa­gnie d’autres artistes qui reva­lo­risent des objets dans leurs créa­tions.

 

Le week-end des 12 et 13 sep­tembre, des ate­liers vien­dront com­plé­ter l’exposition.

 

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