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Annabelle Amory, artiste-peintre collagiste à l’exposition EVEN GREEN ART
« Annabelle Amory, ou l’art de l’anti conformisme », c’est le thème des œuvres qui seront présentées par l’artiste du 12 au 24 septembre 2020 à la MJC Les Terrasses de Conflans-Sainte-Honorine dans le cadre d’une manifestation étincelante sous le label de l’écologie et du bien-être. Y participeront plus d’une dizaine de plasticiens et de créateurs de tous horizons.
Lorsqu’on aborde la peinture d’Annabelle Amory, quelque chose cloche au premier abord. On ne saisit pas tout, tout de suite. Que peuvent donc bien avoir en commun une femme, un cerf et un livre ? Ce mélange hybride, improbable, a pourtant une signification forte, profondément ancrée dans le parcours même de l’artiste.
De l’archéologie à la peinture
Née en 1988 dans l’Oise, Annabelle habite et travaille à Conflans-Sainte-Honorine. Elle a développé, depuis l’enfance, un goût maladif pour la création. Dessin, peinture, écriture, pièces de théâtre, bandes dessinées, développement de sites Web, couture : tout ce qui peut occuper ses mains et son esprit l’intéresse ! Après avoir gravi tous les échelons universitaires dans l’archéologie, l’étudiante a annoncé le 20 octobre 2017, qu’elle ne se lancera pas dans la recherche mais tentera une carrière artistique.
De la peinture au collage
La technique du collage est entrée dans la vie de l’artiste en 2013, année où Annabelle effectue son premier voyage à Athènes. Cette nouvelle vie faite de liberté totale change également le regard de la doctorante sur sa propre production artistique. La peinture seule ne lui suffit plus. Elle veut à présent raconter des histoires, aussi bien la sienne que celle des autres, et se met alors à déchirer des pages de livres. En effet, quoi de mieux qu’un roman pour exprimer un récit ? Cette technique permet également à Annabelle d’allier, une fois encore, deux de ses passions : la peinture et l’écriture.
Les toiles deviennent alors son terrain de jeu et les possibilités artistiques se multiplient. L’artiste expérimente : la plupart du temps, le papier remplace la peau des personnages mais, parfois, il se mue en étoffe. Une fois le papier découpé et collé sur la toile, Annabelle le recouvre de peinture acrylique.
Quelques fines lignes noires suffisent pour dessiner subtilement un visage ou une main. Dès lors, le tableau ne se regarde plus, il se lit, et les caractères inscrits sur les pages de livres deviennent un motif de remplissage au même titre qu’une couleur.
Du collage aux femmes hybrides
Ce qui saute aux yeux en analysant la production artistique d’Annabelle, c’est qu’elle est uniquement composée de portraits de femmes. Installées devant un fond uni, la plupart du temps noir ; ils laissent au spectateur la liberté de se raconter sa propre histoire, aidé par le titre de la toile et le contenu du papier collé.
En effet, sans aucune assise spatio-temporelle, le personnage peut naviguer entre les époques et les continents, dans un souci d’universalité. De même, en peignant ses femmes nues ou habillées d’un vêtement simple, l’artiste leur enlève tout statut social : ce ne sont ni des mères, ni des épouses, et aucun indice n’est laissé sur leur vie actuelle, comme par exemple leur emploi ou leur niveau de vie.
Des femmes hybrides aux normes de la société actuelle. La problématique difficile de l’identité, de la dualité et du conflit intérieur est en effet au cœur de la réflexion d’Annabelle. Que ce soit l’injonction faite aux femmes (sur leur physique, leurs activités ou leur statut social) ou l’évolution personnelle dans notre société (où la norme est encore le seul modèle et où la différence est étouffée), la question est alors la même : comment faire coïncider nos convictions profondes avec le monde qui nous entoure ? Comment affirmer notre identité sans se sentir jugé ?
Pouvons-nous rester nous-mêmes, nous épanouir, sachant que nous sommes constamment influencés par la société, le regard des autres, les réseaux sociaux, l’argent ou encore le succès ? Qu’elle soit d’apparence normale ou hybride, la femme est, dans l’œuvre d’Annabelle, à la recherche de son épanouissement et son émancipation. Cependant, le chemin n’est pas aisé et les tentations sont grandes. Il est en effet plus facile de se fondre dans la masse que de s’en détacher et d’assumer ses convictions. Chacune à son tour, les filles représentent une facette de ce combat féministe contre les diktats de la société et la standardisation de la beauté.
Un mode de vie simple et éco-responsable
Vêtements, chaussures, bijoux, téléphone : Annabelle achète peu, rarement neuf et ne jette rien. Sans permis, ni voiture, cela se traduit dans son travail par le transport de ses œuvres dans le train et le métro afin de les déposer sur leurs lieux d’exposition. La peinture utilisée dans ses toiles est fabriquée en France et achetée en grand volume pour limiter les déchets. La seconde main et la revalorisation se retrouvent également dans ses peintures : les châssis qu’elle utilise ont été, en grande majorité, achetés d’occasion, voire même récupérés dans la rue.Certains sont d’anciennes œuvres qui ont été repeintes, parce qu’elles ne s’inséraient plus dans la démarche actuelle de l’artiste. Quant aux livres, cartes à jouer et autres papiers qui tapissent la peau des femmes, ils ne sont jamais achetés neufs mais collectés dans des ressourceries, des boîtes à livres ou ont été reçus sous forme de don.
C’est cette spécificité qui a permis à Annabelle d’être sélectionnée par la MJC Les Terrasses de Conflans-Sainte-Honorine pour son ouverture de saison. L’artiste y exposera huit toiles du 11 au 24 septembre 2020 dans le cadre de l’événement « Event Green Art », en compagnie d’autres artistes qui revalorisent des objets dans leurs créations.
Le week-end des 12 et 13 septembre, des ateliers viendront compléter l’exposition.
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