Les Mureaux : le 2 octobre 2020
« Je ne céderai rien à ceux qui veulent nous diviser » Emmanuel Macron détaille les pistes élaborées dans la lutte contre l’islam radical
Le président de la République s’est déplacé, le 2 octobre, dans la commune des Mureaux pour présenter ses décisions afin de lutter contre le séparatisme islamiste.
Accompagné des membres de son gouvernement en première ligne, le chef de l’État a débuté un travail de contextualisation.
Bilan de la lutte contre le séparatisme
Il a évoqué un « islam qui traverse une crise profonde en raison de tensions liés à des fondamentalistes profonds qui conduisent à un durcissement très dur. […] Les influences extérieures, le wahhabisme, les frères musulmans étaient au départ pacifiques et ont évolué vers un message de rupture, un endoctrinement qui a atteint notre territoire dans son intimité. » Admettant la fracture sociale que traverse l’Hexagone, le président a abordé le sujet de la « ghettoïsation des quartiers » qui concentrent la misère et les difficultés. S’ajoute à cette réflexion le passé colonial faisant débat et ayant resurgi ces derniers mois lors des mouvements « Black Lives Matter » aux États-Unis et « Justice pour Adama Traoré » en France. « Ce passé colonial a des traumatismes qu’il n’a toujours pas réglés, dont la guerre d’Algérie fait partie », a‑t-il déclaré. Revisitant les drames du passé collectif, mélangeant les réalités actuelles, certains agitent le flambeau séparatiste. « Il nous faut reconquérir ce qui a attiré une partie de notre jeunesse vers cet islam radical » ; ce sera un travail solidaire, de plusieurs années.
Une politique de contrôle de rigueur s’est imposée, trente-deux attentats ont été déjoués, un parquet spécialisé a été créé, les services secrets sont à pied d’oeuvre. Toutefois, cela n’est pas suffisant face à des individus qui se radicalisent, en l’espace de quelques heures, dans leur quotidien. En guise d’exemple, le chef de l’Etat évoque la polémique suscitée par le conducteur de bus ayant refusé une passagère dans son véhicule, prétextant une tenue indécente. L’obscurantisme religieux se traduit aussi par des écoles non déclarées dans le territoire français, où les prières religieuses se substituent au programme scolaire.
Un nouveau programme en cinq points
« Depuis le 1er janvier 2020, 420 contrôles ont été recensés. Les actes sont là, je les assume », a précisé Emmanuel Macron avant d’exposer les cinq mesures du programme de lutte.
La neutralité du service public
Une fois la loi promulguée, le préfet pourra suspendre l’autorité locale accordée par le juge et et s’y substituer. Ces mesures d’ordre public sont une réponse « ferme et immédiate » aux élus imposant des menus confessionnels en cantine scolaire ou souhaitant exclure les femmes des bassins de piscine. La neutralité du service public est claire, elle sera appliquée aux agents dans le cadre de leurs actions et étendues aux salariés des entreprises partenaires.
Démantèlement des associations radicalisées
« Nos associations appartiennent au pacte républicain, elles forgent un temps de vie dans lequel nos valeurs sont en partage ». Or, des associations culturelles, sportives, linguistiques, d’aide alimentaire déploient des stratégies d’endoctrinement, subrepticement ou de façon assumée. Les paramètres existants de dissolution sont limités, la mesure sera abrogée afin de renforcer les contrôles d’associations jugées suspectes et les dissoudre dans le même temps. La création d’une association sera subordonnée à la signature d’une charte de respect des valeurs de la République. En cas d’irrespect, l’association devra rembourser l’argent public « qui ne finance pas le séparatisme ».
L’instruction obligatoire dès 3 ans
« L’école est le creuset républicain, le coeur de la laïcité ». Pourtant, des structures non identifiées et une scolarisation à domicile de 50 000 enfants ont été observées. Afin d’offrir une défense suffisante en la matière, « j’ai pris une décision, sans doute la plus radicale », a annoncé introduit Emmanuel Macron. Dès la rentrée 2021, l’instruction sera rendue obligatoire dès l’âge de trois ans. Les écoles hors contrat feront l’objet d’un contrôle renforcé.
Vers un « islam des Lumières »
Il s’agit d’identifier les interlocuteurs et les principales voix de l’islam afin de structurer un dialogue pérenne avec les musulmans pratiquants. La religion islamique sera libérée de ses influences étrangères, alors que certains psalmodieurs et imams étaient formés à l’étranger, notamment en Turquie. Ce lien avec l’étranger sera définitivement rompu ; les mosquées sont invitées à basculer vers le régime de la loi de 1905, davantage contrôlée en matière de financements de l’étranger. Le pèlerinage du Hadj sera réglementé avec le Conseil français du culte musulman (CFCM). Une enveloppe de dix millions d’euros sera allouée à la culture, à la langue et aux recherches sur la civilisation maghrébine.
Égalité dans l’enseignement et la culture
Félicitant les quartiers d’été, un dispositif mis en place à destination des élèves ayant eu des difficultés d’accès durant le confinement, le président mise sur l’égalité de chacun. Les classes éducatives seront dédoublées, trois-cent établissements seront dédiés à cela avec les maisons « France Service ». À l’automne, de nouvelles décisions dans la politique du logement social devraient voir émerger de nouveaux textes de lois et des réformes. Le projet « France relance » permettra de mener des projets éducatifs, culturels, entrepreneuriaux.
Olivier Roy : « Le discours sécuritaire rassure et rentre dans la stratégie électoraliste du Président »
Quel message le président de la République envoie-t-il en se déplaçant dans la ville des Mureaux d’après vous ? Et pourquoi a‑t-il fait le choix d’une ville qui ne subit pas le séparatisme islamiste ?
Il part de l’association classique entre islam et banlieue ; il fallait donc une ville de banlieue où les choses se passent plutôt bien afin de montrer que les propositions peuvent trouver un terrain favorable pour être mises en œuvre.
Lors des attentats, on parlait « de la dérive islamique », une qualification moins présente dans le discours d’Emmanuel Macron qui privilégie le terme de « séparatisme ». Pourquoi ce changement de substantif ?
Officiellement le président dit que c’est pour éviter de « stigmatiser » l’islam ou les musulmans en général ; mais comme il précise d’emblée qu’il s’agit du « séparatisme islamiste » on voit bien que l’objectif est d’abord l’islam. Je pense qu’il a abandonné le terme « communautarisme » parce que, pour beaucoup de Français appartenant à d’autres religions, le terme de communauté n’a rien de péjoratif : on parle de la communauté juive, et l’Eglise catholique emploie aussi le terme de communauté chrétienne ou catholique. Pour moi, le président essaie de désamorcer une critique latente selon laquelle la volonté de réduire l’activisme islamiste entraînerait une réduction de la liberté religieuse (on a vu comment la polémique sur les foulards a eu un impact sur le port des kipas et des soutanes).
Le président a rappelé lors du discours que l’état d’urgence des attentats du Bataclan avait été prolongé de plusieurs mois.
Or, en 2020 il met l’accent sur des contrôles à la hausse en matière de dérives, de saisies, de fermeture d’établissements et la création d’un parquet spécial. En 2020 le traçage et la sécurité sont-ils une réponse adéquate aux attentes des citoyens ?
Le discours sécuritaire rassure et entre dans la stratégie électorale du président de gagner sur sa droite quitte à perdre l’aile libérale de ses électeurs mais on sait depuis longtemps que ce genre de mesures ne résout aucun des problèmes de fond : fermer quelques mosquées n’aide en rien à définir le statut des imams. De plus, beaucoup de ces mesures sécuritaires reposent sur des bases juridiques assez faibles et sont contestées devant les tribunaux.
Le chef de l’état vise l’éducation, les préfets, les associations dans ce programme, les élus, les mosquées. Il cite chacune des strates de la société à l’exception des citoyens, pourquoi ? Quel rôle le citoyen a‑t-il à jouer dans ce programme ?
C’est bien le problème : il s’agit d’une mobilisation de l’appareil d’Etat pour gérer les « dérives » d’une religion. Or l’Etat, du fait de la loi de 1905 et de l’inscription de la laïcité dans la Constitution, ne peut pas définir et diffuser un « bon islam ». L’imposer de manière autoritaire serait totalement contre-productif car cela opposerait un islam « officiel » à un islam populaire. Ce qui manque ici c’est le « croyant citoyen », beaucoup plus présent et représentatif qu’on le croit et qui s’efforce de développer une pratique locale de l’islam, autour de mosquées de quartiers. Ce « croyant citoyen » est le plus souvent actif dans la vie associative locale, au-delà de la question religieuse. On voit d’ailleurs une participation croissante de cette catégorie de citoyens dans la vie municipale (présence dans des listes des grands partis ou dans des listes citoyennes). Ces citoyens et citoyennes ne se retrouvent pas dans le discours du président.
Olivier Roy, professeur au Robert Schuman Centre for Advanced Studies, a répondu aux questions de la rédaction, suite aux annonces du président Macron. M. Roy est invité à l’European University Institute, à Firenze.
Pour revoir le discours dans son intégralité : https://www.francetvinfo.fr/societe/religion/religion-laicite/direct-separatismes-emmanuel-macron-attendu-pour-devoiler-son-plan-d-action-aux-mureaux_4126003.html
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