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Union européenne : l’oubli du Sud

par | 17 jan­vier 2024 | Poli­tique, Tri­bunes

L’i­dée euro­péenne a évo­lué dans le temps ; ce n’est plus la naï­ve­té qui pré­do­mine. (Archives J2R)

Fire l’Europe pour la paix », « conso­li­der le couple fran­co-alle­mand », ren­for­cer l’ « uni­té euro­péenne »… autant de slo­gans qui occupent le débat public depuis des années… et qui fondent notre vision ima­gi­naire du monde.Mais au-delà des slo­gans, qu’est-ce que l’Europe ? Le texte ci-des­sous a été publié par la Revue poli­tique et par­le­men­taire. Il déve­loppe une ana­lyse cri­tique et géos­tra­té­gique de l’Union euro­péenne à quelques mois des élec­tions..

Mais au-delà des slo­gans, qu’est-ce que l’Europe ?

Sur le plan géo­gra­phique, c’est la pénin­sule occi­den­tale qui jouxte le conti­nent asia­tique. Pen­sée ain­si, elle ne peut s’analyser, d’une part, que par rap­port à ses fron­tières orien­tales et aux menaces qui pèse­raient sur elle, en par­ti­cu­lier en rela­tion avec la Rus­sie et, d’autre part, par son inté­gra­tion à l’Ouest, c’est-à-dire sa sou­mis­sion aux États-Unis. On se refuse alors à voir à quel point elle perd tout rap­port avec le Sud, par­ti­cu­liè­re­ment en une période où le Sud acquiert un rôle géo­po­li­tique émi­nent. Les régu­lières crises migra­toires en pro­ve­nance d’Afrique ne sus­citent pas de véri­table prise de conscience géos­tra­té­gique.

Sur le plan his­to­rique, l’Europe n’a aucun récit com­mun, tout au plus celui des conflits tem­po­raires et limi­tés dans leur espace. La saga lar­ge­ment dif­fu­sée depuis la chute du mur de Ber­lin d’un conti­nent « enfin réuni­fié » est pure­ment idéo­lo­gique et ne cor­res­pond à aucune réa­li­té his­to­rique. Elle est uti­li­sée ad nau­seam pour légi­ti­mer le ren­for­ce­ment des ins­ti­tu­tions de Bruxelles et l’extension de l’Union vers l’Est. Le seul élé­ment fédé­ra­teur est l’unité du mar­ché, des­truc­teur des fon­de­ments démo­cra­tiques et d’une véri­table vie poli­tique.

On ne mesure géné­ra­le­ment pas à quel point cette construc­tion, cen­sée nous ouvrir un espace de paix et de pros­pé­ri­té, nous a éga­le­ment enfer­més. Si la nature idéo­lo­gique de cet enfer­me­ment est par­fois évo­quée et donne lieu, non sans rai­son, à tout un débat sur « une autre Europe », si la sou­mis­sion de plus en plus nette aux inté­rêts amé­ri­cains est légi­ti­me­ment cri­ti­quée, bien peu de voix s’élèvent pour consta­ter et contes­ter l’enfermement géo­gra­phique que consti­tue l’espace euro­péen ain­si pen­sé, en par­ti­cu­lier pour la France. Il est grand temps de voir à quel point l’Union euro­péenne nous sépare de la médi­ter­ra­née et, plus lar­ge­ment, de l’Afrique.

Le tro­pisme du fameux couple fran­co-alle­mand a conduit les gou­ver­ne­ments fran­çais, en par­ti­cu­lier sous la pré­si­dence de Fran­çois Hol­lande, a igno­rer les appels au secours de la Grèce sou­mise aux inté­rêts éco­no­miques alle­mands. La France a oublié trop long­temps les consé­quences de l’avancée de l’Otan en direc­tion de la Rus­sie et de l’éloignement de la Tur­quie de l’espace euro­péen. Par­ta­gée entre quelques reli­quats des réflexes colo­nia­listes et des dis­cours béats de repen­tance, elle est inca­pable de pen­ser sa rela­tion à l’Afrique autre­ment qu’en termes étroi­te­ment sécu­ri­taires, avec pour sanc­tion finale ultime d’en être chas­sée piteu­se­ment. Y a‑t-il encore une poli­tique étran­gère de la France ? La ques­tion est posée ; en tous cas elle n’a plus qu’une poli­tique médi­ter­ra­néenne de façade, enfer­mée qu’elle est dans une Union essen­tiel­le­ment pré­oc­cu­pée par sa fron­tière Est et par la vision stra­té­gique des Amé­ri­cains.

L’Europe se trouve à un tour­nant. Les illu­sions qui ont accom­pa­gné l’unité de façade face à la Rus­sie en 2022 et les incan­ta­tions sur le « moment géo­po­li­tique » que vivrait l’Union, ont vite été dis­si­pées par les ten­sions éco­no­miques liées à l’inflation et la mul­ti­pli­ca­tion des crises inter­na­tio­nales. La volon­té d’un « sur­saut fédé­ra­liste », pas­sage en force sou­hai­té par une poi­gnée de diri­geants euro­péens, ne peut qu’accentuer ces dérives. Retrou­ver la volon­té des nations et des peuples n’est pas un obs­tacle au ren­for­ce­ment de l’Europe ni le risque d’offrir un bou­le­vard à l’extrême-droite, mais au contraire, en bran­dis­sant l’étendard de la Décla­ra­tion des droits de l’homme et du citoyen, une néces­si­té pour lui redon­ner souffle devant un monde qui bou­le­verse les équi­libres qui pré­do­mi­naient jusque-là.

André Bel­lon

Ancien Pré­sident de la Com­mis­sion des affaires étran­gères de l’Assemblée natio­nale.

Cet article a déjà été publié par la Revue poli­tique et par­le­men­taire. Voir https://www.revuepolitique.fr/author/andre-bellon/
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