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Logement : les maires de grandes villes demandent des moyens
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Projet de l’A104 bis : une opposition qui s’affirme
« Entendez-nous ! » a été, le 12 novembre 2023, le cri de cœur d’une maman qui traduit la volonté de combattre le projet du Pont d’Achères dans la durée. Contre toute attente et malgré la pluie, 700 personnes dont des élus des villes concernées ont battu le pavé. Un vigoureux combat s’est engagé contre la politique autoroutière du département des Yvelines.
C’est du stade Diagana à Andrésy qu’est partie la manifestation contre le projet de construction du Pont d’Achères qui traverserait l’Île de la Dérivation de Carrières-sous-Poissy et détruirait la flore et la faune de ce lieu magnifique. Denis Millet, président de l’association « Non au Pont d’Achères », était très nerveux au début de la marche. Quel sera le nombre de participants ? Des élus s’y afficheront-ils pour contrer ce projet cher à la politique autoroutière de Pierre Bédier, président du conseil départemental des Yvelines ? Ce 12 novembre marque le début d’une opposition ferme et constante, amorcée en 2013, contre ce projet d’un autre âge selon les organisateurs(1), dont la puissante association CO.PRA 184. Rappelons qu’en janvier 2023 environ 300 personnes s’étaient mobilisées, à Achères, contre ce projet.
Après le lancement de la manifestation dans les rues adjacentes du stade Diagana, le cortège de 700 personnes s’est dirigé, à 11 heures 40, vers les bords de Seine pour longer la rive droite de notre fleuve vers l’Île de la Dérivation. Après ces premiers pas, de plus en plus de chants accompagnaient la marche : « On est là, même si Bédier ne veut pas ! ». Des enfants chantaient « On veut la nature et non pas la voiture ».
Vers le premier kilomètre de la marche, Bernard Destombes, président de l’ADIV, a pris la parole pour expliquer que la biodiversité est mise en danger par ce projet qui a déjà fait des dégâts avec la coupe d’un tilleul vieux de 150 ans. « Le mal est fait », a‑t-il souligné mais cela devrait « nous donner la force de préserver ce cadre de vie et sa biodiversité ! » Pendant ce premier arrêt à caractère pédagogique, un groupe de manifestants entonnait « On est là, on est là », tout en galvanisant les habitants du nord des Yvelines présents à ce moment démocratique. Le ton a été donné pour dénoncer cette méthode brutale de la politique autouroutière du département des Yvelines.
Justement, Rodrigue de la Vega, un des animateurs de la manifestation, a expliqué que la « réunion de concertation en été dernier était une mascarade » car la période estivale n’est pas propice pour réunir les habitants concernés par ce projet « destructeur de la nature ». En outre, il faisait valoir que le projet était vieux comme les pratiques « d’un autre âge de M. Bédier, qui avait été condamné pour corruption… » Mais cela n’était pas le cœur du sujet de ce matin pour les manifestants venus de nombreuses villes : Andrésy, Carrières-sous-Poissy, Conflans-Sainte-Honorine, Chanteloup-les-Vignes, Eragny, Médan, Orgeval, Poissy, Triel-sur-Seine, Verneuil-sur-Seine, Vernouillet et Villennes-sur-Seine.
Dans une séquence musicale, des groupes de fanfare venus de Paris et d’ailleurs ont animé la marche avec un rythme endiablé qui a donné une dynamique positive à la manifestation. Ainsi, le cortège est arrivé à l’entrée de l’Île de la Dérivation ; il n’y a pas eu de prise de parole afin d’avancer vite jusqu’au centre-ville historique de Carrières-sous-Poissy. Nous avions l’impression que cette manifestation égalait celles qui avaient eu lieu, dans les années 2012 et 2013, contre le projet du Port industriel (où se trouve la Marina Saint-Louis qui a pu être préservée jusqu’à présent). C’est un parallèle à garder en tête car la dynamique citoyenne du 12 novembre permet d’affirmer que l’opposition à ce projet « néfaste, dépassé, inadéquat » s’installe dans la durée.
En expliquant les tenants et les aboutissants du projet, Mme Christiane Paravy, présidente de l’association CO.PRA 184, a décortiqué ce projet du Pont d’Achères, connu sous le nom « A104 bis » par ses détracteurs. Pour Mme Paravy, ce projet est coûteux : 200 millions d’euros, qui pourraient être utilisés dans les domaines de la santé, du social et des équipements publics nécessaires au bien-être des habitants. « Comme le projet initial de l’A104 avait été mis dans les cartons jusqu’en 2040, a‑t-elle analysé, le département des Yvelines a sorti une variante, l’A104 bis » qui revient au même pour le territoire concerné et pour sa population : plus de pollution, plus de bruit, un coût exorbitant, destruction de la biodiversité et du cadre de vie et inadéquation avec les besoins de la population. Elle a conclu que « ce projet est absolète et néfaste », caractéristique des années 70 et 80 où l’urgence climatique n’était pas à l’ordre du jour.
Justement, « Il faut passer à un autre type de projet et à une autre politique publique », a demandé Mme Paravy. « Ce projet de l’A104 bis est en dehors des lois actuelles » relatives aux accords de Paris. C’est du domaine du politique et, pour répondre d’une certaine manière, Eddie Aït, maire de Carrières-sous-Poissy, a formulé le vœu « d’un moratoire » du projet et l’organisation d’une table ronde avec les associations organisatrices de cette manifestation. « La lutte continue contre ce projet scélérat », a‑t-il conclu. Lionel Wastl, maire d’Andrésy, président du comité de maires contre le projet d’autoroute A104, s’est dit déterminé pour lutter contre la variante départementale. Fera-t-il le nécessaire, notamment un recours au tribunal administratif en tant que maire de l’une des communes directement concernées par ce projet ?
Dans son discours, Mme Ghislaine Senée, sénatrice des Yvelines, a exhorté les habitants à porter la parole pour convaincre leurs entourages, leurs voisins afin de « faire tomber ce projet » qui coûtera très cher non seulement pour sa construction mais pour sa maintenance dans la durée. « Ce projet est dépassé », a‑t-elle conclu. C’est aux citoyens d’agir pour le faire abandonner, en demandant des comptes aux élus départementaux et régionaux. Quelle est la position de Mme Valérie Pécresse sur ce point ?
Ce projet a été basé « sur des chiffres faux » selon M. Millet ? Laurent du collectif « La déroute des routes » (2) a affirmé que la manifestation du 12 novembre s’inscrit dans le cadre d’une volonté de ne plus « accepter cette vision insoutenable » des projets qui vont à l’encontre de l’économie locale et de la préservation de la biodiversité. En somme, le chemin de la déroute du projet de l’A104 bis a été amorcé par les 700 participants. Seront-ils plus nombreux à la prochaine manifestation ? Ce serait la confirmation que ce projet est visiblement contesté par une part croissante de la population, de plus en plus mécontente de la politique publique du département des Yvelines.
Notes
1. Des associations suivantes : Non au Pont d’Achères, CO.PRA 184, ADIV, Bien Vivre à l’Hautil, Bien Vivre à Vernouillet et Triel Environnement.
2. Un ensemble de 50 collectifs au niveau national qui lutte contre des projets autoroutiers et qui ont engagé des luttes citoyennes partout où elles sont présentes.
Reportage photo