Le 2 avril, le maire de Ver­neuil-sur-Seine, Fabien Aufrech­ter, a fait adop­ter son bud­get de 30 mil­lions d’eu­ros. Celui-ci ne pré­voit plus de sub­ven­tion pour la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) sec­tion Ver­neuil-sur-Seine. Quelle mouche a piqué M. le Maire ? La LDH sec­tion Ver­neuil-sur-Seine s’in­surge.

Plus de deux heures d’é­changes et de débats autour des comptes admi­nis­tra­tifs de 2023 et du bud­get pré­vi­sion­nel 2024 ont été néces­saires pour abou­tir à l’a­dop­tion de ces deux volets impor­tants pour l’a­ve­nir de la ville dans le cadre de ses choix de poli­tiques publiques.(1) Certes, l’in­fla­tion, la baisse des droits de muta­tion (- 300 000 euros) et les frais du per­son­nel ont conduit le maire à res­ser­rer les dépenses en géné­ral dans un bud­get 2023 qui s’é­lève à 30 mil­lions d’eu­ros. « La prio­ri­té, à Ver­neuil, c’est tou­jours de ne pas aug­men­ter la part com­mu­nale des impôts locaux, qui res­te­ra stable en 2024, comme c’est le cas depuis 2020. Le taux n’augmentera pas jusqu’à la fin du man­dat comme nous nous y sommes enga­gés » a pré­ci­sé M. le maire de Ver­neuil-sur-Seine sur un ton satis­fait.

Un choix sym­bo­lique ?

Cepen­dant, il y a un hic : la sub­ven­tion allouée depuis des années à la LDH sec­tion Ver­neuil-sur-Seine, qui s’é­le­vait pré­cé­dem­ment à 450 euros, a été sup­pri­mée. Les éco­no­mies, le besoin de satis­faire de nou­velles asso­cia­tions et la faible uti­li­sa­tion de la sub­ven­tion dans les dépenses de la sec­tion LDH  ont été les argu­ments d’a­bord avan­cés. Puis M. Aufrech­ter a décla­ré qu’il refu­sait de sub­ven­tion­ner une asso­cia­tion favo­ri­sant le main­tien d’un cam­pe­ment de « roms » sur un ter­rain où la muni­ci­pa­li­té pré­voit de réa­li­ser une opé­ra­tion immo­bi­lière.

Contac­té par la Rédac­tion, M. Aufrech­ter a tenu à pré­ci­ser que « sym­bo­li­que­ment, l’aide juri­dique de la LDH aux roms depuis quatre ans nuit l’ac­tion publique de la ville sur le ter­rain. » Der­rière la géné­ro­si­té et l’ob­jec­tif huma­ni­taire de la LDH, il exis­te­rait « une inadé­qua­tion entre les actes et le dis­cours ». En somme, l’ac­tion de la LDH empê­che­rait la ville d’a­gir pour amé­na­ger la Pointe de Ver­neuil, site où se trouve le cam­pe­ment de roms depuis 2020. « Nous constes­tons l’idée que la sec­tion LDH de Ver­neuil ait inten­té une action en jus­tice pour favo­ri­ser le main­tien du cam­pe­ment rom », a réagit aus­si­tôt la LDH.

Quelle mouche a piqué M. le Maire de Ver­neuil-sur-Seine ? Peut-on se pré­va­loir d’une approche huma­niste et équi­table lorsque les pou­voirs publics s’at­taquent à la Ligue des Droits de l’Homme ? M. le maire de Ver­neuil reste impas­sible aux cri­tiques de la LDH de Ver­neuil et des Yve­lines. 

La LDH sec­tion Ver­neuil a éga­le­ment ajou­té les argu­ments de fond : « la sec­tion LDH de Ver­neuil payait ain­si le prix de son enga­ge­ment auprès des plus dému­nis et fra­giles que sont les femmes et les enfants. Les Roms de Rou­ma­nie ne sont les bien­ve­nus nulle part, les femmes et les enfants de ces com­mu­nau­tés sont par­ti­cu­liè­re­ment fra­giles et expo­sées à de nom­breux risques qui vont de la mal­nu­tri­tion à la pros­ti­tu­tion sans oublier le risque sani­taire qua­si per­ma­nent. »

Ou choix idéo­lo­gique ?

Pour la LDH sec­tion Ver­neuil, ces actions sont fon­da­men­tales quelle que soit la popu­la­tion cible ou la ville en ques­tion : « L’accès à l’eau potable, aux soins, aux poli­tiques de pré­ven­tions et à l’éducation sont des droits fon­da­men­taux que la LDH et la sec­tion de Ver­neuil sur Seine en par­ti­cu­lier ont a coeur de défendre.  La défense des Droits fon­da­men­taux sont les ensei­gne­ments que nous apporte l’article pre­mier de la Décla­ra­tion Uni­ver­selle des Droits  de l’Homme sur lequel repose  la Consti­tu­tion de notre Répu­blique et dont le res­pect, entre autres, anime les membres de la Sec­tion LDH de Ver­neuil. »

La LDH conteste ce choix idéo­lo­gique : « La mise à zéro de cette sub­ven­tion n’est bien évi­dem­ment pas qu’un acte comp­table, il est dif­fi­cile de pen­ser qu’il n’est autre qu’idéologique. Et si le terme Homme porte en ce moment à débat c’est bien d’Humanité dont il est ques­tion ici. Il fau­drait donc que l’on ignore les souf­frances d’un par­tie de l’Humanité pour espé­rer obte­nir 450 euros ! »

Loin de vou­loir créer la polé­mique, la LDH sec­tion Ver­neuil  a dénon­cé « une déci­sion dont la por­tée sym­bo­lique cal­cu­lée, semble s’inscrire dans une ligne idéo­lo­gique extrê­miste qui anime bon nombre d’obscurantistes à la veille des élec­tions euro­péennes. »

La Sec­tion LDH de Ver­neuil sur Seine fût créée pour appor­ter sou­tien et assis­tance aux plus faibles et par­ti­ci­per à l’éveil des consciences Répu­bli­caines et Citoyennes des plus jeunes. Elle avait été lan­cée en 2012 par Chris­tian Hois­nard et Bri­gitte Hois­nard.

Rap­pe­lons-nous qu’en avril 2023, lorsque Gérard Dar­ma­nin, Minis­tère de l’In­té­rieur, avait mena­cé de sup­pri­mer des sub­ven­tions natio­nales à la LDH qui avait pris des posi­tions qui ne lui conve­naient pas, une vague d’adhé­sions et de dons sans pré­cé­dent avait afflué pour sou­te­nir l’as­so­cia­tion plus que cen­te­naire. Allons-nous voir une vague équi­va­lente d’adhé­sions à Ver­neuil et ses envi­rons ? 

La LDH sec­tion Ver­neuil-sur-Seine et son action citoyenne

« Nous sommes pré­sents depuis des années dans toutes les écoles de Ver­neuil, qu’elles soient publiques ou pri­vées. Nous réa­li­sons éga­le­ment des inter­ven­tions à Pois­sy, Saint-Ger­main-en-Laye auprès des lycéens.

La tenue des bureaux de vote des der­nières élec­tions sur Ver­neuil en fût un exemple fla­grant. Sans le dévoue­ment de membres de la sec­tion LDH, beau­coup de bureaux n’auraient pas pu être tenus, notam­ment lors des muni­ci­pales mais aus­si lors du double scru­tin de 2021. Car c’est cela aus­si l’engagement Citoyen de la LDH.

Des thèmes comme la Laï­ci­té, la liber­té à dis­po­ser de son corps, les valeurs citoyennes, les droits mais éga­le­ment les obli­ga­tions néces­saires à construire un « com­mun » , les droits fon­da­men­taux à la dif­fé­rence, à l’accès à l’eau, aux soins, sont abor­dés en accord avec les pro­grammes de l’éducation natio­nale par laquelle la LDH est agréer .

Ses valeurs qui nous animent sont pré­sentes dans bien d’autres asso­cia­tions et on sait la dif­fi­cile période que beau­coup d’entre elles tra­versent, tant il est dif­fi­cile de vivre un enga­ge­ment citoyen de nos jours.

L’assistance aux plus dému­nis ne peut exis­ter que par l’action de proxi­mi­té des femmes et des hommes ani­més par l’unique volon­té d’aider son pro­chain sans consi­dé­ra­tions de reli­gion, de genre, de cou­leur de peau, de pays d’origine…

Liber­té, Ega­li­té, Fra­ter­ni­té , Laï­ci­té ne sont pas de vains mots pour les membres de la Sec­tion LDH de Ver­neuil sur Seine, nous enten­dons bien conti­nuer notre lutte contre l’obscurantisme ambiant. »

 

Notes

1. Pour­suite de la végé­ta­li­sa­tion des cours d’écoles (mater­nelle et élé­men­taire Jean-Jau­rès cette année, après Che­min Vert et Dol­to) et de l’ancien cime­tière ; réno­va­tion éner­gé­tique du patri­moine bâti (du gym­nase Cou­ber­tin, des ten­nis cou­verts et de l’espace Mau­rice-Béjart, ou encore le rem­pla­ce­ment des pro­jec­teurs du ter­rain syn­thé­tique du com­plexe Pons) géné­ra­trice d’économies d’énergie ; pour­suite des tra­vaux d’accessibilité des équi­pe­ments com­mu­naux….