Environnement Versus Développement économique

Débat sur le projet de déviation de la RD 154 : une avancée démocratique sans précédent dans le nord des Yvelines

Ven­dre­di 25 sep­tembre, 300 per­sonnes étaient au ren­dez-vous démo­cra­tique au com­plexe Fran­çois-Pons de Ver­neuil-sur-Seine. On a regret­té l’absence à ce débat his­to­rique de Pierre Bédier – Pré­sident du Conseil géné­ral – ou de Jean-Fran­çois Ray­nal. (DR).

Vingt-cinq ans de com­bat pour les uns, trente ans de pro­cé­dures pour les autres tel est le bilan glo­ba­le­ment néga­tif de ce pro­jet d’infrastructure qui a conduit à une sorte de pola­ri­sa­tion clas­sique. Faut-il être pour ou contre le pro­jet de dévia­tion de la RD 154 ?  Plus de 300 per­sonnes ont assis­té à une pre­mière grande concer­ta­tion publique concer­nant un pro­jet d’envergure.

Trois maires dont deux têtes nou­velles, Benoît de Lau­rens (Cha­pet), Fabien Aufrech­ter (Ver­neuil-sur-Seine) et Pas­cal Col­la­do (Ver­nouillet)  ont eu l’audace de chan­ger de bra­quet et de pro­po­ser un débat apai­sé entre les habi­tants sans aucun filtre et un ani­ma­teur neutre, Rober­to Cris­to­fo­lis, jour­na­liste recon­nu par ses pairs.

Débat posé, sans filtre

Le ven­dre­di 25 sep­tembre, au com­plexe Fran­çois-Pons de Ver­neuil-sur-Seine, envi­ron trois cents per­sonnes se sont retrou­vées pour échan­ger, débattre et mieux com­prendre la pro­blé­ma­tique et les enjeux posés par ce pro­jet d’infrastructure qui est contes­té depuis vingt-cinq ans par les adhé­rents de l’association ADIV-Envi­ron­ne­ment. Aux forces oppo­santes, s’est ajou­tée l’association Bien Vivre à Ver­nouillet depuis dix ans. De l’autre côté, les maires de l’époque des com­munes de Ver­nouillet et de Ver­neuil-sur-Seine avaient deman­dé et obte­nu l’accord du Dépar­te­ment des Yve­lines pour pré­pa­rer un tra­cé qui per­met­trait de dévier la cir­cu­la­tion crois­sante des centres-ville de deux com­munes. Pour mémoire, le pro­jet de contour­ne­ment vise à réduire le tra­fic de tran­sit en centre-ville, réduire le nombre d’accidents, créer de nou­veaux moyens de mobi­li­té dont les vélos sur les bou­le­vards des centres-ville.

D’abord, les prises de parole étaient posées et cali­brées pour aller à l’essentiel : avan­cer ou démon­ter des argu­ments qui four­millent depuis trente ans sur cette dévia­tion de 5,5 km à 2X1 voie sans déni­vel­la­tion pas­sant par la plaine agri­cole de Ver­nouillet et par la forêt de Ver­neuil-sur-Seine. Le coût s’élèverait, selon le dépar­te­ment, à 24 mil­lions d’euros, mais cer­tains estiment le coût à 30 mil­lions d’euros. Pour rendre compte du contexte, Pas­cal Col­la­do a sou­li­gné que c’était une demande de deux com­munes (Ver­neuil et Ver­nouillet) et que le Dépar­te­ment des Yve­lines avait la maî­trise d’ouvrage (étant donc en charge du dos­sier, du finan­ce­ment et de son exé­cu­tion). Par un arrêt pré­fec­to­ral, la décla­ra­tion d’utilité publique a été ren­due en 2005 ; l’ADIV et les oppo­sants ont épui­sé toutes les voies juri­diques, mais il reste la dimen­sion poli­tique notam­ment lors des échéances élec­to­rales telles les muni­ci­pales (2020) et les dépar­te­men­tales (2021). Jus­te­ment, Jean-Pierre Gre­nier, pré­sident de Bien Vivre à Ver­nouillet, a pré­ve­nu que « la nui­sance sonore et la pol­lu­tion, dues à la cir­cu­la­tion vont être dépla­cées ; en plus, le pro­jet risque d’augmenter le flux de voi­tures et de poids lourds. » En outre, sur le plan éco­lo­gique, ce pro­jet est dépas­sé, en rai­son de l’ampleur du chan­ge­ment cli­ma­tique et de la pol­lu­tion due au CO2. Un des inter­ve­nants de la salle a mar­te­lé cet argu­ment d’une manière phi­lo­so­phique : « Arrê­tons de mas­sa­crer la nature ; il est temps de gérer le tra­fic local dif­fé­rem­ment, ten­tons de résoudre nos contra­dic­tions. »

Sortir de l’ambiguïté

A cela, un autre inter­ve­nant de la salle a rétor­qué : « Je me lève tôt et je constate que la cir­cu­la­tion aug­mente, ce qui m’inquiète pour la sécu­ri­té rou­tière aux abords des écoles ! » Par la suite, il a mis en cause les dires de l’ADIV et consorts, expli­quant que la cir­cu­la­tion tend à dimi­nuer. Pour lui, cette infra­struc­ture serait, au contraire, posi­tive pour le ter­ri­toire et son déve­lop­pe­ment car elle atti­re­rait de nou­velles acti­vi­tés éco­no­miques. Plus de PIB, please ! Encore plus direct, un des citoyens a exi­gé « de pro­cé­der et réa­li­ser le pro­jet car le tra­fic de voi­tures s’accroît et conti­nue­ra à aug­men­ter en rai­son de l’arrivée d’Eole ». Il a même deman­dé aux élus d’être cou­ra­geux et d’aller à l’encontre de l’avis (majo­ri­taire ?) des oppo­sants.

« Ni pour ni contre », Fabien Aufrech­ter, maire de Ver­neuil-sur-Seine, a ten­té de res­ter au-des­sus de la mêlée démo­cra­tique. Pas­cal Col­la­do, maire de Ver­nouillet, a été ambi­gu : il a mis en avant des argu­ments pour ce pro­jet rou­tier et il a aus­si consta­té des incon­vé­nients, notam­ment le mitage de la terre agri­cole. Par contre, celui qui est clair est le maire de Cha­pet, Benoît de Lau­rens : après avoir exa­mi­né tous les argu­ments éco­lo­giques, éco­no­miques, sociaux, il a abou­ti à la conclu­sion que les argu­ments pour le pro­jet sont « faibles » par rap­port aux incon­vé­nients. De plus, des chiffres nous manquent. Il a éga­le­ment regret­té « l’absence des par­ti­sans ins­ti­tu­tion­nels du pro­jet [NDLR : Pierre Bédier et Jean-Fran­çois Ray­nal]. »

Certes, les pro­blèmes récur­rents de cir­cu­la­tion et d’insécurité rou­tière intra-muros sont à régler à moyen terme. D’ailleurs, Fabien Aufrech­ter, maire de Ver­neuil, a pro­mis une concer­ta­tion bien­tôt sur ce sujet. Cepen­dant, la cir­cu­la­tion ne sera pas modi­fiée intra-muros, notam­ment aux heures de pointe pour les uti­li­sa­teurs de l’école Notre-Dame au centre-ville ; la réduc­tion envi­sa­gée (-13 % ) du tra­fic repose sur des chiffres de 2003 et ces esti­ma­tions sont lar­ge­ment obso­lètes (13 900 VI par jour dans le centre-ville de Ver­neuil).  Il est pri­mor­dial de s’interroger sur les dépla­ce­ments dans l’ensemble des trois villes, voire dans  toute l’in­ter­com­mi­na­li­té. En effet, un plan de dépla­ce­ment urbains (PDU) doit, obli­ga­toi­re­ment, être mis en place par la Com­mu­nau­té urbaine Grand Paris Seine & Oise.

Pour ou contre, that is the question !

Avec des outils adé­quats comme le PDU, l’arrivée d’Eole et la mise en place des nou­velles mobi­li­tés (covoi­tu­rage, vélo, marche à pied…), la néces­si­té de ce type de struc­ture est mise en cause. En outre, le Dépar­te­ment des Yve­lines n’a pas encore obte­nu une déro­ga­tion pour pas­ser outre la règle de pro­tec­tion de la bio­di­ver­si­té dans le cas du pas­sage par la forêt de Ver­neuil-sur-Seine.

En conclu­sion, ce débat enri­chis­sant a per­mis aux défen­seurs et aux oppo­sants du contour­ne­ment de Ver­nouillet et de Ver­neuil de mieux appré­hen­der les enjeux de ce pro­jet qui lais­se­ra des traces, quel que soit le résul­tat de la consul­ta­tion du mois d’octobre. Les absents, MM. Rey­nal et Bédier, ont eu tort de ne pas venir se confron­ter à cet exer­cice démo­cra­tique. Les nou­velles méthodes des trois maires nous conduisent à espé­rer un renou­veau de notre sys­tème démo­cra­tique local. Les par­ti­ci­pants se sou­vien­dront pour tou­jours de ce « moment magique » qui nour­rit la réflexion avant de pou­voir tran­cher et voter : pour ou contre le pro­jet de dévia­tion de la RD 154 ? That is the ques­tion !

 

benoît de Lau­rens – Mai­rie de Cha­pet
Les argu­ments « pour » le pro­jet sont « faibles »

Fabien Aufrech­ter – Mai­rie de Ver­neuil-sur-Seine
« Ni pour ni contre »

Pas­cal Col­la­do – Mai­rie de Ver­nouillet

Un point de vue mi-chèvre mi-chou

Jean-Pierre Gre­nier – Bien Vivre A Ver­nouillet
« la nui­sance sonore et la pol­lu­tion, dues à la cir­cu­la­tion vont être dépla­cées ; en plus, le pro­jet risque d’augmenter le flux de voi­tures et de poids lourds. »

 

Ber­nard Des­tombes – Adiv-Envi­ron­ne­ment

 

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