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Conseil municipal de Triel : la crise politique perdure

par | 7 mars 2024 | Poli­tique, Triel-sur-Seine

Fer­nan­do Mendes, conseiller muni­ci­pal de l’é­quipe « majo­ri­taire », a fran­chi le Rubi­con en dénon­cant « les mani­pu­la­tions du maire » ; ce der­nier lui a deman­dé de quit­ter la salle du conseil muni­ci­pal mais il n’a pas obtem­pé­ré. (JR)

La réunion du conseil muni­ci­pal de Triel-sur-Seine a été, le 6 mars, le théâtre d’une nou­velle confron­ta­tion entre le maire, Cédric Aoun, et ses oppo­sants au plu­riel. Depuis 2023, la crise poli­tique per­dure en rai­son d’une hos­ti­li­té crois­sante entre les défen­seurs d’une trans­pa­rence bud­gé­taire (17 membres) et l’é­quipe du maire, deve­nue mino­ri­taire. Bilan : 2 points pour l’op­po­si­tion (auto­ri­sa­tion de dépense non votée et l’ad­joint à la sécu­ri­té main­te­nu dans ses fonc­tions) et un point pour le maire (l’ad­jointe fron­deuse mise à l’é­cart de sa délé­ga­tion).

Le 6 mars à vingt heures, Cédric Aoun, maire de Triel-sur-Seine, a réuni son conseil muni­ci­pal pour abor­der 17 déli­bé­ra­tions dont la prin­ci­pale rela­tive à l’au­to­ri­sa­tion ou non « d’en­ga­ger, de liqui­der et de man­da­ter » des dépenses d’in­ves­tis­se­ment avant le vote du bud­get pri­mi­tif de la ville. Deux autres déli­bé­ra­tions impor­tantes concer­naient le main­tien ou non des deux « futurs anciens adjoints » de la liste majo­ri­taire du maire. Avant tout, il faut se rap­pe­ler que le maire ne dis­pose plus d’une majo­ri­té claire et dépend du bien-vou­loir ou de la chance de recueillir des voix dis­per­sées (éga­rées) ici et là. En réa­li­té, seuls onze de ses anciens colis­tiers de la liste « Triel, c’est vous » conti­nuent à suivre le maire de Triel dans ses choix et dans ses actions.

Après le débat et l’a­dop­tion d’une sub­ven­tion com­mu­nale pour l’a­chat d’un dis­po­si­tif de vidéo-sur­veillance (ou vidéo-pro­tec­tion), les conseillers muni­ci­paux ont débat­tu de l’au­to­ri­sa­tion ou non « d’en­ga­ger, de liqui­der et de man­da­ter » des dépenses d’in­ves­tis­se­ment avant le vote du bud­get pri­mi­tif (point 2 de l’ordre du jour). Le mon­tant en jeu repré­sente la somme de 2 074 649,61 € qui per­met­trait au maire de pour­suivre sa poli­tique et son action muni­ci­pale (réa­li­sa­tion de la crèche muni­ci­pale de 50 ber­ceaux, réfec­tion du COSEC…). Pour cer­tains, il était temps de trou­ver un ter­rain d’en­tente pour finir les projets/chantiers com­men­cés mais pas encore ter­mi­nés. En plus, le maire a sou­li­gné le pro­blème de la TVA car le fonds de com­pen­sa­tion de la TVA per­met de récu­pé­rer la TVA payée durant l’an­née en cours ! Si cette déli­bé­ra­tion n’a­vait pas été pas adop­tée, il y aurait eu un risque de réper­cus­sions ; en outre, le maire a rap­pe­lé que des sub­ven­tions ne seraient pas obte­nues et qu’é­ven­tuel­le­ment cer­taines pour­raient être rem­bour­sées aux auto­ri­tés émet­trices de ces aides.

Rupture de confiance

Cédric Aoun a mar­te­lé que « l’on demande l’au­to­ri­sa­tion de dépen­ser et non pas des nou­veaux inves­tis­se­ments ! » Tou­te­fois, la rup­ture de confiance avait été actée depuis jan­vier 2023 car cer­tains élus, qui fai­saient par­tie de l’é­quipe du maire, conti­nuent encore de deman­der des éclair­cis­se­ments et des comptes : Souad Bend­jed­dou a été suc­cincte en exi­geant « l’é­tat de comptes ou le grand livre » (ver­sion Excel) ; Béren­gère Voillot a expli­qué que l’on « ne peut pas se déter­mi­ner avec les élé­ments à leur dis­po­si­tion. » En outre, elle a deman­dé au moins « des esti­ma­tions de coût et de besoins de la ville ». Pour le maire, ces cri­tiques émanent d’un groupe d’é­lus qui sont « dans une posi­tion dog­ma­tique ». En outre, les consé­quences seraient « néfastes pour le fonc­tion­ne­ment de la ville » : sor­ties d’é­coles annu­lées ; aban­don de chan­tiers en cours ; aucune pos­si­bi­li­té de payer les frais de main­te­nance des écoles ; risque de perte de sub­ven­tions. 

« Que nen­ni » ont rétor­qué les élus en nette oppo­si­tion au mode de fonc­tion­ne­ment du maire. Pour Fer­nan­do Mendes, ancien pilier de Cédric Aoun, « Tout cela est faux ; les achats sont pos­sibles pour le fonc­tion­ne­ment nor­mal de la ville ». Sophie Kéri­gnard de la liste Vivre Ensemble à Triel a emboi­té le pas en expli­quant que « l’on ne touche pas aux dépenses en fonc­tion­ne­ment de la ville. » Yvon Ros­con­val de Triel Autre­ment a insis­té sur la néces­si­té d’une trans­pa­rence car il s’a­git de l’argent public. Tant que le maire pro­cède ain­si, « on blo­que­ra le sys­tème ! »  Suite à ce long échange, le résul­tat a reflé­té le rap­port de forces : 17 voix contre l’au­to­ri­sa­tion d’en­ga­ger des dépenses avant l’a­dop­tion du bud­get pri­mi­tif de 2024. Le maire a, lui, reçu 16 voix. Le blo­cage risque de durer jus­qu’au moment du vote du bud­get en avril 2024.

tODJ.

ODJ

Deux votes décisifs

Suite à un débat sur le bien-fon­dé ou non d’une motion pour défendre l’ac­tion du dépar­te­ment des Yve­lines, et à deux déli­bé­ra­tions pour rési­lier deux mar­chés publics (enta­chés d’er­reurs !), le moment cru­cial est venu pour deux adjoints au maire, Mme Valé­rie Lefuel Duval et M. Pas­cal Gilles, res­pec­ti­ve­ment 1reet 2e adjoints au maire.

Main­te­nir ou non comme pre­mière adjointe Mme Valé­rie Lefuel Duval était la ques­tion pour le conseil muni­ci­pal. Après une déci­sion (hative ?) du maire de pro­cé­der au vote à bul­le­tin secret, le résul­tat a été 16 voix pour le main­tien, et 17 voix contre. Cer­tains élus ont for­te­ment réagi en dénon­çant la méthode uti­li­sée : Mme Voillot a contes­té la déli­bé­ra­tion en sou­li­gnant qu’elle n’é­tait pas conforme à la loi et qu’elle allait la faire annu­ler. M. Fer­nan­do Gomes a haus­sé le ton : « ça suf­fit les mani­pu­la­tions ».  Le maire a lui a deman­dé de sor­tir ! Sans suc­cès.

Pour la ques­tion de reti­rer ou non la délé­ga­tion du 2e adjoint, M. Pas­cal Gilles, un deuxième moment de sus­pense a enva­hi la salle du conseil muni­ci­pal. Le vote, son dépouille­ment et l’an­nonce des résul­tats ont été reçus dans un silence de cathé­drale : 17 voix pour le main­tien et 16 voix pour le révo­quer. Etrange !

La suite a été clas­sique : un  débat sur les orien­ta­tions bud­gé­taires de la ville pour 2024 qui n’a pas sur­pris le public. L’a­vis de la muni­ci­pa­li­té ne concor­dait pas avec celui des oppo­sants au plu­riel.

En conclu­sion, la crise poli­tique à Triel-sur-Seine a atteint un paroxysme. La pas­sion des uns, la demande de trans­pa­rence des autres et l’in­dif­fé­rence de cer­tains ont abou­ti à une impasse de taille. Tant que ces ingré­dients seront pré­sents, les hos­ti­li­tés seront gran­dis­santes. Par consé­quent, cette crise ne per­met­tra sans doute pas de faire adop­ter le bud­get de la Ville, une étape essen­tielle pour faire fonc­tion­ner la démo­cra­tie locale dans une com­mune comme celle de Triel-sur-Seine. Il reste la ques­tion clé : « Com­ment sor­tir de cette crise poli­tique qui obère l’a­ve­nir de la ville ? ».

Texte ache­vé le 7 mars 2024

Photo reportage

 

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