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Les déserts médicaux, un état des lieux

par | 24 avril 2023 | Com­mu­ni­qués, Socié­té, Villennes/Médan

M. Jean-Pierre Lai­gneau (au centre), maire de Villennes-sur-Seine, a convie les finan­ceurs et élus natio­naux à l’i­nau­gu­ra­tion de la Mai­son médi­cale Made­leine Brès, le dimanche 26 mars 2023. (DR)

Les zones sous-denses, dites « déserts médi­caux », font par­tie d’un enjeu natio­nal. L’ex­trême gra­vi­té de la pénu­rie en méde­cins en France et la com­plexi­té du pro­blème posé ont conduit l’A­ca­dé­mie natio­nale de méde­cine à éta­blir un état des lieux pré­cis dans un rap­port de 23 pages en date d’a­vril 2023.

Phé­no­mène mon­dial, la pénu­rie en méde­cins concerne en France tous les sec­teurs d’activité, l’hôpital public comme la méde­cine libé­rale, notam­ment la méde­cine de pre­mier recours. Les méde­cins géné­ra­listes comme les autres spé­cia­listes de toutes les dis­ci­plines, mais aus­si les autres pro­fes­sion­nels de san­té, ne par­viennent plus à répondre à la demande de soins. En effet, alors même que cette der­nière explose depuis un demi-siècle, les effec­tifs des méde­cins sur le ter­rain dimi­nuent, notam­ment en rai­son de l’abaissement dra­ma­tique du nume­rus clau­sus par les pou­voirs publics pen­dant un quart de siècle.
Aujourd’hui, les déserts médi­caux s’aggravent et s’étendent à de très nom­breux ter­ri­toires non seule­ment ruraux, mais éga­le­ment péri-urbains et urbains. L’Académie s’est fixé pour objec­tif de rédi­ger des recom­man­da­tions, diverses et com­plé­men­taires, devant s’appliquer sur le plan natio­nal et se décli­ner au plus près des réa­li­tés locales des ter­ri­toires.

I – Pro­po­ser d’ur­gence :

- l’ins­tau­ra­tion d’un ser­vice médi­cal citoyen d’un an pour les méde­cins nou­vel­le­ment diplô­més dans le cadre d’un enga­ge­ment contrac­tuel s’ap­puyant sur leur conscience pro­fes­sion­nelle et excluant toute forme de régu­la­tion ou de coer­ci­tion, notam­ment concer­nant l’ins­tal­la­tion. Ce ser­vice médi­cal citoyen per­met­trait de ren­for­cer la médi­ca­li­sa­tion des zones sous-denses et d’é­clai­rer le choix de car­rière des jeunes méde­cins par une expé­rience de ter­rain.

-toutes mesures favo­ri­sant le cumul emploi-retraite des méde­cins récem­ment retrai­tés tout en per­met­tant à leurs coti­sa­tions de géné­rer des droits sup­plé­men­taires

- favo­ri­ser l’exer­cice mul­ti­site, qui a déjà fait ses preuves dans notre pays lors­qu’il fut confron­té à un défi­cit de soi­gnants après la seconde guerre mon­diale, et qui devrait retrou­ver une place pri­vi­lé­giée dans la lutte contre les déserts médi­caux. (par exemple un groupe de 5 méde­cins exer­çant ensemble pour­rait assu­rer une jour­née de consul­ta­tions par semaine dans un cabi­net décen­tra­li­sé, avec des aides de la col­lec­ti­vi­té locale qui l’ac­cueille)

- une sen­si­bi­li­sa­tion de la popu­la­tion au bon usage de la méde­cine, incluant le res­pect des ren­dez-vous pris auprès des méde­cins et autres soi­gnants, et la recon­nais­sance du ser­vice ren­du par le sys­tème de san­té fran­çais eu égard à sa com­plexi­té, son coût et ses dif­fi­cul­tés d’exer­cice.

II – Mettre en place au plus vite les autres mesures sui­vantes :

-Redon­ner au méde­cin du temps médi­cal :

-en opti­mi­sant les délé­ga­tions de tâches à d’autres pro­fes­sion­nels de san­té (infir­miers, maïeu­ti­ciens, phar­ma­ciens…) dans le cadre de par­cours de soins coor­don­nés par le méde­cin, en res­pec­tant le champ de com­pé­tence de cha­cun.

-en allé­geant la charge admi­nis­tra­tive en sim­pli­fiant les régle­men­ta­tions et en recru­tant des assis­tants médi­caux, des secré­taires et des per­son­nels infor­ma­tiques.

-Pro­mou­voir et faci­li­ter l’exer­cice et les ins­tal­la­tions pré­coces dans les zones sous-denses (gui­chet unique, inci­ta­tion au cumul emploi-retraite, exer­cices mul­ti-sites, consul­ta­tions délo­ca­li­sées, bon usage de la télé­mé­de­cine).

-Ren­for­cer la sécu­ri­té des méde­cins dans les zones sen­sibles.

-Réac­ti­ver les visites à domi­cile, en les valo­ri­sant finan­ciè­re­ment et en les faci­li­tant tech­ni­que­ment.

-Den­si­fier loca­le­ment les inter­ac­tions avec l’hô­pi­tal,

-Aug­men­ter immé­dia­te­ment et signi­fi­ca­ti­ve­ment le « nume­rus aper­tus », en l’a­dap­tant aux besoins des ter­ri­toires, éva­lués avec les élus locaux, les méde­cins (libé­raux, hos­pi­ta­liers, uni­ver­si­taires) et les autres pro­fes­sion­nels de san­té, ain­si que les repré­sen­tants des patients

-Diver­si­fier l’o­ri­gine ter­ri­to­riale et sociale des étu­diants par des inci­ta­tions et des accom­pa­gne­ments dès le lycée.

-Déve­lop­per les stages en zones sous-denses dès le deuxième cycle, en aug­men­tant le nombre de stages et de maîtres de stage, et en créant des tuteurs.

-Evi­ter toute coer­ci­tion concer­nant l’ins­tal­la­tion en méde­cine libé­rale, de même que lors des stages dans la qua­trième année du DES de méde­cine géné­rale.

III Recom­man­da­tions face à l’ur­gence 

Dans les zones médi­ca­le­ment sous-denses (dites « déserts médi­caux ») la pénu­rie de méde­cins soi­gnants en équi­valent d’exer­cice temps plein atteint un niveau cri­tique. Le nombre des méde­cins géné­ra­listes a dimi­nué de 11% entre 2010 et 2022. Compte-tenu de la pyra­mide des âges et du départ à la retraite des méde­cins âgés aujourd’­hui de 55 à 65 ans, cette pénu­rie s’ac­cen­tue­ra plu­sieurs années encore avec « réta­blis­se­ment de la den­si­té médi­cale seule­ment d’i­ci 2033 » selon le récent rap­port du Sénat. Elle est d’au­tant plus grave qu’elle ne touche pas seule­ment les régions rurales mais concerne la qua­si-tota­li­té du ter­ri­toire fran­çais, y com­pris les zones péri­ur­baines et même urbaines.

Pour ten­ter de pal­lier les consé­quences de cette pénu­rie, en grande par­tie liée à l’a­bais­se­ment exces­sif du nombre de méde­cins for­més (nume­rus clau­sus) pen­dant un quart de siècle, de nom­breuses mesures ont été pro­po­sées depuis des années. La der­nière en date consis­tait à impo­ser aux internes de méde­cine géné­rale d’ef­fec­tuer une qua­trième année dans les zones sous-médi­ca­li­sées, mesure ayant déclen­ché une farouche oppo­si­tion des internes concer­nés.

Selon un récent rap­port du Sénat (29 mars 2022), cette pénu­rie de méde­cins se tra­duit par le fait que :

« – 30 % de la popu­la­tion fran­çaise vit dans un « désert médi­cal »

- 1,6 mil­lion de Fran­çais renoncent chaque année à des soins médi­caux

- 11% des fran­çais de plus de 17 ans n’ont pas de méde­cin trai­tant »

Sou­hai­tant que la liber­té d’ins­tal­la­tion et le choix éclai­ré du par­cours pro­fes­sion­nel des jeunes méde­cins soient res­pec­tés, l’A­ca­dé­mie natio­nale de méde­cine recom­mande :

1- L’ins­tau­ra­tion d’un ser­vice médi­cal citoyen d’un an pour les méde­cins nou­velle-ment diplô­més dans le cadre d’un enga­ge­ment contrac­tuel s’ap­puyant sur leur conscience pro­fes­sion­nelle. Ce ser­vice médi­cal citoyen, pré­pa­ré en amont avec l’a­val des doyens, per­met­trait de ren­for­cer la médi­ca­li­sa­tion des zones sous-denses et d’é­clai­rer le choix de car­rière des jeunes méde­cins par une expé­rience de ter­rain.

Ce Ser­vice médi­cal citoyen sera orga­ni­sé :

- dans les ter­ri­toires, de manière conjointe par l’ARS, la ou les facul­tés de méde­cine, les méde­cins et les élus, en fonc­tion des besoins locaux ;

- dans le cadre d’un sala­riat, cal­qué sur la grille indi­ciaire des pra­ti­ciens hos­pi­ta­liers ;

- en uti­li­sant une infra­struc­ture pro­fes­sion­nelle (locaux et frais de fonc­tion­ne­ment, frais de dépla­ce­ments…) à la charge des col­lec­ti­vi­tés locales, qui offri­ront en outre au méde­cin et à sa famille une aide logis­tique (loge­ment, ins­crip­tion prio­ri­taire des enfants en crèche et à l’é­cole, éven­tuel­le­ment aide à l’emploi du conjoint…) ;

- en visant prin­ci­pa­le­ment le milieu ambu­la­toire, mais aus­si les éta­blis­se­ments de san­té publics ou pri­vés.

2- La mise en place de mesures favo­ri­sant le cumul emploi-retraite des méde­cins récem­ment retrai­tés tout en per­met­tant à leurs coti­sa­tions de géné­rer des droits sup­plé­men­taires.

3- de favo­ri­ser l’exer­cice mul­ti­site, qui a déjà fait ses preuves dans notre pays lors­qu’il fut confron­té à un défi­cit de soi­gnants après la seconde guerre mon­diale, et qui devrait retrou­ver une place pri­vi­lé­giée dans la lutte contre les déserts médi­caux (par exemple une groupe de 5 méde­cins exer­çant ensemble pour­rait assu­rer une jour­née de consul­ta­tions par semaine dans un cabi­net décen­tra­li­sé, avec des aides de la col­lec­ti­vi­té locale qui l’ac­cueille)

4- La sen­si­bi­li­sa­tion de la popu­la­tion au bon usage de la méde­cine, incluant le res­pect des ren­dez-vous pris auprès des méde­cins et autres soi­gnants, et la recon­nais­sance du ser­vice ren­du par le sys­tème de san­té fran­çais eu égard à sa com­plexi­té, son coût et ses dif­fi­cul­tés d’exer­cice.

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