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Le port industriel entre dans les archives de l’histoire

par | 3 novembre 2022 | Car­rières-sous-Pois­sy, Éco­no­mie, Envi­ron­ne­ment, Poli­tique, Triel-sur-Seine

Vue du ciel du site où Haro­pa (ancien­ne­ment, Ports de Paris) avait pré­vu d’a­mé­na­ger un port indus­triel de 34 ha, qui aurait endom­ma­gé à jamais la boucle de Triel. (J2R)

A l’ins­tar de nom­breux pro­jets publics ima­gi­nés pour la Val­lée de la Seine, en par­ti­cu­lier dans la boucle de Triel-sur-Seine, par nos édiles, ceux-ci ont fini par jeter l’é­ponge. Non seule­ment ce pro­jet de port indus­triel était une aber­ra­tion envi­ron­ne­men­tale, mais il a fait perdre beau­coup de temps et d’éner­gie à tous les acteurs locaux. Voi­ci quelques leçons his­to­riques à rete­nir après ce nou­veau fias­co.

« Cette fois, c’est ter­mi­né ! « , a consti­tué le début des remer­cie­ments de la che­ville-ouvrière de cette longue contes­ta­tion, M. Antho­ny Effroy. Ce citoyen de base était jeune et a gagné ses galons (et éga­le­ment pris des coups poli­tiques) dans cette longue marche pour faire chan­ger le cours de l’his­toire locale.

Depuis 2010, MM. Pierre Car­do et Phi­lippe Tau­tou, res­pec­ti­ve­ment pré­sident et vice-pré­sident de la Com­mu­nau­té d’ag­glo­mé­ra­tion 2 Rives de Seine, qui s’est fon­due dans la Com­mu­nau­té urbaine Grand Paris Seine & Oise (GPS&O), avaient pré­sen­té le pro­jet de pla­te­forme por­tuaire dont le déve­lop­pe­ment aurait été « har­mo­nieux » avec la nature et pro­met­teur pour la créa­tion de pro­duit inté­rieur brut (PIB) ! C’é­tait le kar­ma de tous les poli­tiques du siècle der­nier. Des réunions de pseu­do concer­ta­tion s’é­taient suc­cé­dé pour arri­ver à une pro­po­si­tion « gagnant-gagnant » pour  les conci­toyens.

La contestation d’abord

Tou­te­fois, rien s’est pas­sé comme pré­vu. D’a­bord, les tra­vaux flu­viaux et ter­restres pour la livrai­son du quai à usage por­tuaire n’ont jamai­sé­té entre­pris. Ils devaient se ter­mi­ner en 2018 pour un amé­na­ge­ment sup­plé­men­taire de 7 ha en 2030. En revanche, la contes­ta­tion s’est orga­ni­sée peu à peu pour abou­tir à fédé­rer la majo­ri­té de habi­tants des com­munes impac­tées par le pro­jet : Car­rières-sous-Pois­sy, Triel-sur-Seine, Médan, Villennes-sur-Seine ont appor­té des cohortes de mani­fes­tants, le 13 avril 2013, encore deux années plus tard sur la Seine (où 50 bateaux avaient arrê­té, le 20 sep­tembre 2015, leur trans­port flu­vial). Ces mani­fes­tants avaient com­pris la glo­ba­li­té de ces « grands pro­jets » qui bou­le­ver­se­raient leur ter­ri­toire. Or, les habi­tants de la Val­lée de la Seine ont deman­dé et conti­nuent à deman­der plus d’é­coute en amont et plus de concer­ta­tion. La mani­fes­ta­tion du 13 avril 2013 était un coup de semonce car les élec­tions muni­ci­pales de 2014 appro­chaient à toute allure.

Mani­fes­ta­tion du 13 avril 2013

Lors de cette jour­née his­to­rique du 13 avril 2013, prendre le pavé était la seule solu­tion. La démons­tra­tion de force était favo­rable aux adver­saires de ce pro­jet por­tuaire  : 150 per­sonnes avaient mon­tré que la démo­cra­tie locale est vivante et, sur­tout, que  la mani­fes­ta­tion était annon­cia­trice d’une bataille poli­tique dure.

Ensuite, le coup de tonnerre 

Une déci­sion essen­tielle est venu du maire de Villennes-sur-Seine.  « C’est un NON caté­go­rique » au conseil muni­ci­pal de Villennes. Le 11 octobre 2013, il avait adop­té une déli­bé­ra­tion contre l’im­plan­ta­tion du Port de Triel dans la Com­mu­nau­té d’ag­glo­mé­ra­tion 2 Rives de Seine. Les élus avaient créé un coup de ton­nerre poli­tique et éco­no­mique alors que le com­mis­saire-enquê­teur atten­dait avec impa­tience le vote de ce conseil muni­ci­pal.

En paral­lèle, le lea­der­ship s’é­tait consti­tué autour d’An­tho­ny Effroy, conseiller muni­ci­pal de Car­rières-sous-Pois­sy, et une asso­cia­tion ad-hoc pour mener la bataille sur le plan de la com­mu­ni­ca­tion et des actions sur le ter­rain. Une nou­velle asso­cia­tion pour la défense de l’en­vi­ron­ne­ment avait vu le jour en 2014 :  Rives de Seine Nature Envi­ron­ne­ment ! Antho­ny Effroy avait déci­dé de se battre d’une manière trans­ver­sale sur le ter­ri­toire des 2 Rives.  Il a su com­prendre et agir pour défendre le site (et la Nou­velle Mari­na Port Saint Louis de Car­rières-sous-Pois­sy, exploi­tée par Michel Gat­ta) avec tous les moyens juri­diques et média­tiques, en met­tant en avant la bio­di­ver­si­té et l’é­tat de droit dans ce ter­ri­toire qui fait l’ob­jet d’un enjeu éco­no­mique et fon­cier d’une ampleur sans pré­cé­dent.

De camou­flet en camou­flet, le pro­jet a com­men­cé à s’af­fai­blir. La com­mis­sion per­ma­nente du Conseil régio­nal d’Île-de-France avait, lors de sa réun­jion du 8 octobre 2015,  ren­voyé le vote sur la sub­ven­tion de presque 4 mil­lions d’eu­ros pour le pro­jet de Port indus­triel de Triel. Ce ren­voi était le résul­tat de la pres­sion poli­tique et du tra­vail du groupe Europe Eco­lo­gie Les Verts (EELV) au conseil régio­nal. De nou­velles études d’impact sani­taire et envi­ron­ne­men­tal avaient été deman­dées ; elles allaient condi­tion­ner les pre­miers tra­vaux. Dans l’attente, ils étaient repor­tés. Le pro­jet avait pris encore un coup.

Pour relan­cer la machine, le poli­tique et le maître d’ou­vrage se sont enga­gés sur le ter­rain des mani­fes­tants. Le 4 juillet 2014 le pré­sident de la CA2RS, Phi­lippe Tau­tou, avait réaf­fir­mé son inten­tion de créer le port indus­triel. Il  poli­ti­sa le débat en affir­mant que « le choix des élus [était] favo­rable au port ».

Jus­te­ment les rive­rains, devant la Fabrique 21, dont l’a­mé­na­ge­ment par les pro­mo­teurs de ce pro­jet est sym­bo­lique, n’a­vaient pas lâché le mor­ceau : ils deman­dèrent des comptes et même de la trans­pa­rences sur des pro­jets sau­cis­son­nés tel le Pont d’A­chères, la liai­son RD30-RD190, la dévia­tion de la RD 154… Ils met­taient en évi­dence l’a­ber­ra­tion envi­ron­ne­men­tale du Port indus­triel de Triel en rem­pla­ce­ment de l’ac­tuel port de plai­sance. Le porte-parole de ces rive­rains, Antho­ny Effroy, d’une manière directe, et Charles Hedrich, explo­ra­teur et aven­tu­rier, se sont adres­sés à la foule pour réité­rer leur déter­mi­na­tion pour « gar­der la Mari­na » actuelle, un lieu unique entre Rouen et Paris. 

Tous au combat politique

D’une manière pré­mo­ni­toire, Pierre Car­do, ancien pré­sident de la CA2RS, avait sen­ti le vent chan­ger, le 17 décembre, lors de l’une des pre­mières réunions publiques, à Triel-sur-Seine, au sujet du port : les asso­cia­tions et les rive­rains « n’é­taient plus dans la concer­ta­tion, mais plu­tôt dans le com­bat poli­tique ».

De g . à d. : Phi­lippe Tau­tou, pré­sident de la CA2RS, Alexis Rouque, direc­teur géné­ral de Ports de Paris, Mariusz Wie­cek, direc­teur de l’a­gence Seine-Aval

 

De cette confron­ta­tion poli­tique, M. Tau­tou, ancien pré­sident de GPS&O (et de la CA2RS), M. Rouque, direc­teur de Haro­pa, sont les per­dants qui n’ont pas su appré­hen­der les enjeux envi­ron­ne­men­taux et poli­tiques de ce pro­jet dans un ter­ri­toire fra­gile.

D’autres projets inutiles et coûteux doivent être abandonnés

Après plus de 12 ans de com­bats et de pro­cé­dures juri­diques, citoyens, asso­cia­tions et élus « peuvent enfin res­pi­rer ». Face à la per­sis­tance de l’opposition locale, le pro­jet de port indus­triel de Triel-sur-Seine a été aban­don­né par Haro­pa.

En effet, cet éta­blis­se­ment public a déci­dé de renon­cer à la créa­tion d’un port à déchets en lieu et place de l’ac­tuelle Nou­velle Mari­na Port Saint Louis de Car­rières-sous-Pois­sy. Ses repré­sen­tants l’ont annon­cé, le jeu­di 27 octobre 2022, lors d’une réunion avec Jean-Pierre Lai­gneau, maire de Villennes-sur-Seine, et Chris­tine Hanon-Batiot, conseillère muni­ci­pale.

Les habi­tants de Car­rières-sous-Pois­sy, de Médan, de Triel-sur-Seine et de Villennes-sur-Seine « échappent ain­si aux lourdes nui­sances qu’au­rait engen­drées cette pla­te­forme por­tuaire. » Selon M. Effroy, « la mobi­li­sa­tion aura donc fini par payer… L’a­ban­don de ce vieux pro­jet est source d’es­poir pour tous les com­bats envi­ron­ne­men­taux menés sur notre ter­ri­toire : pro­jet A104 et pont d’A­chères, pro­jet de contour­ne­ment de la RD154, PSMO, requa­li­fi­ca­tion de la RD190, aire de grand pas­sage ou encore le pro­jet d’u­sine de métha­ni­sa­tion Comé­tha… La lutte n’est pas ter­mi­née, mais la valo­ri­sa­tion de notre qua­li­té de vie est à por­tée de main. »

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