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Le grand remplacement idéologique dans le nord des Yvelines
Les barons de la droite Yvelinoise sont dépassés par la vague écologiste. (DR)
Désormais, c’est clair : la droite yvelinoise, incarnée par le parti Les Républicains, n’est plus hégémonique. Ce constat pourrait s’étendre au-delà des communes du nord des Yvelines. Assistons-nous à un grand remplacement idéologique ?
Le Journal des deux rives avait annoncé, bien avant le scrutin de mars 2020, qu’il provoquerait une grande lessive dans les communes qu’il couvre(1). Les résultats dans quatre communes(2) faisant partie de notre champ d’observation, au sein de la Communauté urbaine Grand Paris Seine & Oise, laissent augurer un grand bouleversement du paysage politique local, surtout dans le nord des Yvelines.
L’examen des résultats du premier tour de ces élections municipales, dans plusieurs communes autour de la Boucle de Chanteloup-les-Vignes, donne quelques enseignements préliminaires : la droite à perdu la main ; les nouvelles forces structurelles en jeu sont propulsées par deux phénomènes concomitants : le vote « Gilets jaunes » et la volonté d’un renouvellement démocratique.
La grande lessive, autour de quatre thèmes
Dans une lecture conjoncturelle, le scrutin de mars 2020 pourrait faire penser que les élus de droite ou assimilés (DVD) restent prédominante au nord des Yvelines, notamment à Chapet, à Chanteloup-les-Vignes, à Orgeval, à Médan, à Morainvilliers, à Verneuil-sur-Seine, à Vernouillet et à Villennes-sur-Seine. En effet, aucun candidat se revendiquant de la gauche ou de La République en Marche ! (LaREM) n’y est sorti vainqueur de ce premier tour des élections. De plus, la faible participation, en raison de la peur du virus Covid-19, a semé la confusion dans l’interprétation des résultats. Cependant, il est à noter que l’hégémonie de la droite est finie : il n’y aura plus de grand chelem comme pour les municipales de 2014 et les départementales de 2015. Pour autant, cela ne signifie pas une renaissance de la gauche ; le cas de Conflans-Sainte-Honorine révèle que la gauche reste absente, dans sa configuration actuelle.
Le parti LaREM était considéré comme l’Arche de Noé. La formation politique Les Républicains a pris la forme d’une supernova. Les orphelins de la droite yvelinoise sont désormais attirés par de nouvelles forces gravitationnelles. Quel est l’avenir des jeunes loups, des vieux briscards et des opportunistes qui suivent le sens du vent ? Une certitude s’impose, progressivement, avant le deuxième tour des élections : l’absence d’étiquette ou la multiplicité des étiquettes était le sésame pour les Macron-compatibles et pour ceux ou celles qui croyaient au retour du vieux clivage gauche-droite. Les logos ne suffisaient pas pour être en tête après le tour des élections ; il fallait également être en phase avec les attentes, certaines nouvelles, de la population. Le J2R a observé que quatre thèmes ont dominé le débat dans chaque commune(3) : l’urbanisation galopante, la sécurité des biens et de personnes, le développement durable et la proximité. En somme, les électeurs se sont interrogés sur les enjeux des politiques publiques ayant trait à l’aménagement du territoire, à l’urbanisme et à la fourniture des services publics. En raison de la multiplicité des institutions territoriales, le levier d’action des maires s’est réduit ou a disparu dans ces quatre principaux domaines. Le programme de chaque liste donnait l’illusion de « pouvoir tout régler », en raison de son savoir-faire et de ses « amitiés politiques » !
Par conséquent, ces enjeux, tout particulièrement celui de l’environnement, ont permis l’émergence de nouvelles têtes de liste à Andrésy, à Triel-sur-Seine, à Verneuil-sur-Seine et à Villennes-sur-Seine ; ces candidats affirmaient pouvoir accéder à la mairie, pour faire de la politique autrement. Cette volonté de diverses listes de gérer « autrement » leur commune était lisible dans tous leurs tracts et leurs programmes. N’étaient-ce que des astuces pour accéder au pouvoir ? Ces déclarations frôlaient parfois la démagogie, « mais le jeu vaut la chandelle », pourrions-nous dire. Les cas d’Andrésy, de Verneuil-sur-Seine et de Villennes-sur-Seine illustrent ce phénomène : presque toutes les listes se voulaient écolo-compatibles et visaient à gouverner la commune différemment. La liste « Andrésy énergies renouvelées » de Lionel Wastl a gagné à la fois par son travail de terrain et par l’éclatement de la majorité de droite(4). De même, à Villennes-sur-Seine, aucune liste n’a jugé bon de se revendiquer de la droite pure et dure ; le moment était à la bienveillance malgré des coups tordus par derrière. A Verneuil-sur-Seine, cinq sur six prétendants se sont interrogés sur la pertinence de deux projets d’aménagement du territoire qui ont suscité de fortes oppositions depuis plusieurs années : le projet de déviation de la RD 154 et celui de la Pointe de Verneuil. Un discours rafraîchissant a remplacé les certitudes de la vieille garde de la droite yvelinoise. La déviation de RD 154 sera-t-elle mise en cause ? Certains sont prêts à le faire afin de se faire élire.
Le renouvellement démocratique coîncide avec une offre nouvelle
Á Triel-sur-Seine, l’attente d’un renouvellement démocratique s’est doublée d’une offre nouvelle de prétendants : six listes(5) ayant, toutes, une forte légitimité pour remplacer des élus, défaillants depuis une décennie. Les étiquettes n’étaient pas la priorité puisque seules deux listes en avaient placées sur les documents de campagne : « Triel a du talent » et « Triel à Venir ». Cinq listes sur six affichaient une hostilité à la politique d’urbanisme menée par les pouvoirs en place (intercommunalité, région, Etat). En outre, la tentative classique de se faire adouber par des « notables » a été contre-productive pour le jeune loup de la Macronie, Jonas Maury (17 % des voix exprimées). En somme, une large majorité de l’électorat a voulu tourner la page des années d’immobilisme, marquées par une complète absence de réflexions sur l’urbanisme, dans un monde complexe où l’on doit se projeter et penser à long terme.
En parallèle, des forces structurelles ont pris le contrôle de la campagne, surtout en janvier et février 2020. La peur, l’angoisse et l’incertitude ont marqué la fin de débats, rappelant deux phénomènes de l’histoire bouleversante de la démocratie française : la lutte de classes et le mouvement des Gilets jaunes. Dans le nord des Yvelines qui a vécu une désindustrialisation depuis l’essor de la mondialisation, notamment à Triel, les habitants ne sont pas mieux lotis que les futurs « déclassés » des zones rurales de la France profonde.
Remplacement idéologique à venir
Après avoir suivi la campagne de près, en extrapolant le cas de Triel-sur-Seine, nous pouvons noter certains faits et avancer quelques hypothèses. Des électeurs ont revendiqué et continuent de revendiquer un habitat, un travail et un cadre de vie en phase avec l’idéologie de compétition entre les Etats et de concurrence entre les salariés. Or, le double défi de la pollution et du changement climatique ainsi que les enjeux qui en découlent ont provoqué, depuis l’émergence des Gilets jaunes, un sursaut démocratique, qui commence à se concrétiser à Triel-sur-Seine. Les deux listes en tête (« Triel c’est vous ! » avec 32 % et « Triel Autrement » avec 25 %) composent une « fausse majorité idéale », en rupture avec la droite yvelinoise traditionnelle. Une évidence s’impose : Triel n’est plus de droite. Certes, ces deux listes vont se disputer la victoire au 2e tour mais la messe a été dite pour les années à venir. D’une manière emblématique, la liste « Triel c’est vous ! » de M. Cédric Aoun a su fédérer de pans entiers de la population oubliés par les politiques publiques depuis des années. En outre, ce sont des « petites gens » qui ont un faible salaire et ont perdu la confiance dans les partis et les institutions. En gros, c’est le « prolétariat » des temps modernes, comme l’explique Emmanuel Todd dans son dernier ouvrage Les Luttes de classes en France au XXIe siècle(6). Cette analyse va de pair avec la mort de la gauche en général et du Parti socialiste en particulier.
Ce sursaut a rendu une fierté aux citoyens(7), à Triel comme ailleurs ; il permettrait peut-être, dans le nord des Yvelines, un prochain virement idéologique à moyen et long termes, en commençant par les électeurs. Ceci se traduirait, plus tard, par un remplacement idéologique au sein des édiles des communes de ce territoire. Des changements des discours de Pierre Bédier en sont les prémisses : il veut désormais une politique plus écologique dans la Seine Aval.
Est-ce un effet de mode ou un remplacement idéologique à long terme ? Suite à la crise sanitaire sans précédent à l’échelle mondiale, cette évolution pourrait devenir une réalité car le défi mondial se gagnera par des politiques locales tenant compte des défis mondiaux ; nos communes pourraient être exemplaires dans cette transition écologique.
Notes
2. Andrésy, Triel-sur-Seine, Verneuil-sur-Seine et Villennes. Nous excluons de notre analyse les villes de Poissy, Conflans-Sainte-Honorine et Les Mureaux car elles obéissent à des autres logiques telles que le charisme à Poissy, la longévité aux Mureaux et le renouvellement politique à Conflans-Sainte-Honorine. En outre, le poids démographique de ces villes peut biaiser l’analyse ci-dessus.
4. « Osons Andrésy » qui se revendique de la tendance bédieriste, « Andrésy Dynamique » qui se veut plus proche de Valérie Pécresse, « 100 % Andrésy » de M. Ferretti et « Mon parti Andrésy » de Denis Faist.
5. « Réagir pour Triel » (LDIV), « Triel a du talent » (LREM), « Triel à Venir » (LECO), « Triel c’est vous ! » (LDIV), « Triel Renouveau » (LDVD) et « Triel Autrement » (LDIV)
6. Les Luttes de classes en France au XXIe siècle, Emmanuel Todd, Paris, Seuil, 2020
7. Certains ont qualifié « populistes » les votes pour la liste « Triel c’est vous ! ». Etre populiste serait-il non conciliable avec la démocratie locale ? Comme chacune des autres listes, celle de M. Aoun comprend des personnes qui ne veulent pas de constructions nouvelles mais demandent plus de services en fonction des impôts payés.