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Internat de la Batellerie à Conflans : mobilisation contre trois suppressions de poste

par | 18 mars 2024 | Poli­tique, Socié­té

De gauche à droite : Mélo­die Neyt Ber­beke, San­drine Tur­ba (parents d’é­lèves), Fouad Smoun, Lau­rence Constan­ti et Abder­ra­fi Hadad (membres du corps ensei­gnant).  (J2R)

Le 18 mars, un groupe de parents d’é­lèves et d’en­sei­gnants-édu­ca­teurs ont lan­cé la mobi­li­sa­tion contre la sup­pres­sion pro­gram­mée de trois postes à l’in­ter­nat de la Batel­le­rie de Conflans-Sainte-Hono­rine. Seront-ils enten­dus ? Un appel à mani­fes­ter a été lan­cé pour le ven­dre­di 22 mars à 17 heures 30 devant l’en­trée prin­ci­pale de l’in­ter­nat (rue Dési­ré Fou­cher à Conflans). L’ins­pec­tion de l’A­ca­dé­mie de Ver­sailles a été contac­tée pour son posi­tion­ne­ment et/ou réac­tion à cette mobi­li­sa­tion. On attend.

L’in­ter­nat de la Batel­le­rie de Conflans-Sainte-Hono­rine, ou « Ecole Régio­nal du Pre­mier Degré » (ERPD) accueille les enfants de la mater­nelle à la 3ème. Ils sont regrou­pés par groupes de 14 enfants envi­ron. Ceux du pri­maire sont enca­drés par 3 ensei­gnants à tour de rôle sur le temps de midi (les 20 ensei­gnants-édu­ca­teurs cherchent les élèves à leur école, mangent avec eux dans la can­tine de l’in­ter­nat où il y a 2 cui­si­niers et les rac­com­pagnent). Après l’é­cole les enseignants/éducateurs assurent l’aide aux devoirs et la veillée avec des acti­vi­tés artis­tiques, cultu­relles ou spor­tives ; la nuit ils assurent la tran­quilli­té lors que les élèves dorment entre 22 hr et  7 hr. Leur temps de nuit n’est comp­té que 3 heures comme temps de tra­vail ; par la suite, ils les accom­pagnent à l’é­cole le len­de­main matin. D’une manière clas­sique, ils occupent des enfants pen­dant les acti­vi­tés péri-sco­laires le mer­cre­di.

Les trois sup­pres­sions de postes pré­vues, par l’E­du­ca­tion natioale, à la ren­trée 2024 conduisent à une réor­ga­ni­sa­tion com­plète pour les usa­gers de l’in­ter­nat. Les enfants res­te­raient man­ger à la can­tine sco­laire, ce qui pose pro­blème car ils ont déjà trop d’en­fants. La nuit les enfants seraient pris en charge par des « aides à l’en­sei­gne­ment » (AED), postes le plus sou­vent occu­pés par des étu­diants retour­nant dans leur école/fac le len­de­main matin, sans aucune for­ma­tion d’é­du­ca­teur. Sachant que les enfants s’en­dorment à 21h et que les AED n’ar­ri­ve­raient qu’à 22h, ils ne les connai­tront pas vrai­ment, ce qui va poser de nom­breux pro­blèmes pour prendre en charge les éven­tuels cha­grins de la nuit. En somme, « ce serait une catas­trophe pour les enfants » a sou­li­gné un des enseignants/éducateurs de l’in­ter­nat confla­nais. Pis, « c’est une dégra­da­tion du ser­vice public » a sur­en­che­ri Mélo­die, maire d’un élève à l’in­ter­nat.

En même temps, on réduit le nombre de postes (le nombre d’é­lèves a aug­men­té d’en­vi­ron 14 % entre 2023 et 2024) et l’a­ca­dé­mie de Ver­sailles demande plus de résul­tats avec moindre de moyens du per­son­nel (on passe de 45 à 20 ensei­gnants en moins de trois ans)… C’est l’ha­bi­tude depuis la mise en place des pra­tiques mana­gé­riales dans le sec­teur public pour four­nir des ser­vices publics. Un grand clas­sique : on réduit les moyens, les ser­vices se dégradent et, ensuite, on fait appel au sec­teur pri­vé afin de le rendre « effi­cace ». C’est faire mieux ou moins chère sans prendre en compte que cer­tains ser­vices à la popu­la­tions (dont l’é­du­ca­tion) ne peuvent pas rele­ver du sec­teur pri­vé. L’ex­pé­rience amé­ri­caine le prouve… avec l’ex­plo­sion de dettes liées à l’en­sei­gne­ment supé­rieur et le nombre impres­sion­nant des illé­trés dans des zones rurales et dans les ban­lieues !

Com­ment faire pour assu­rer une « pres­ta­tion » variant entre 8 à 10 € par jour et par élève ? Si l’E­du­ca­tion natio­nale n’as­sure plus et se retire, le sec­teur pri­vé ne pour­ra jamais four­nir le « ser­vice »  à ses tarifs.  Mais, les parents d’é­lèves ont des attentes : « De même, et du fait de leur jeune âge (dès 5 ans), l’accueil des enfants à l’in­ter­nat est un moment cru­cial. Le dimanche soir, par­fois vécu comme déchi­rant, appelle une réponse pro­fes­sion­nelle et indi­vi­dua­li­sée. En un mot, il ne s’agit pas d’une simple tâche de sur­veillance ou d’animation, mais bien d’un tra­vail néces­si­tant une approche psy­cho­lo­gique et péda­go­gique adap­tées. »

D’une manière claire, les deux logiques s’af­frontent : celle de besoins intrin­sèques d’une socié­té déve­lop­pée comme la France et celle qui demande à réduire les dépenses en rai­son de la dette « pré­oc­cu­pante » du pays (Voir le der­nier rap­port de la Cour des comptes, mars 2024). Le Ministre Bru­no Le Maire demande une réduc­tion dras­tique (10 Md d’Eu­ros) dans le fonc­tion­ne­ment de l’Etat.(1) Il plaide pour la pra­tique d’un « Etat pro­tec­teur » et non pas un « Etat pro­vi­dence ».

En conclu­sion, les parents d’é­lèves de l’in­ter­nat de la batel­le­rie de Conflans ne sont pas en phase avec Bru­no Le Maire car les habitants/contribuables pensent que cette ins­ti­tu­tion cen­te­naire a voca­tion à édu­quer les futures bate­liers, qui ser­vi­ront l’in­dus­trie de trans­port flu­vial en France dans une future où le tran­si­tion éner­gé­tique passe par des modes de trans­port effi­cace.

Vidéo et pho­to repor­tage :

Les repré­sen­tants des parents du Conseil d’Ad­mi­nis­tra­tion
de l’E.R.P.D de Conflans-Sainte-Hono­rine
(Inter­nat la Batel­le­rie)
La repré­sen­tante de l’As­so­cia­tion Fami­liale de la Batel­le­rie
Le repré­sen­tant des Entre­prises Flu­viales de France

À Mon­sieur le Rec­teur de l’A­ca­dé­mie de Ver­sailles.

Copie à : Madame la Direc­trice Aca­dé­mique de Ser­vices de l’E­du­ca­tion natio­nale
Madame la Pré­si­dente de la Région Ile de France.
Madame la Séna­trice des Yve­lines.
Madame la Dépu­tée des Yve­lines.
Mon­sieur le Maire de Conflans-Sainte-Hono­rine.
Madame la cheffe d’é­ta­blis­se­ment de l’E.R.P.D.

Conflans-Sainte Hono­rine, le 8 mars 2024

Objet : Demande de main­tien des trois postes visés par une mesure de carte sco­laire

La sup­pres­sion de trois postes d’enseignants l’an pas­sé, loin d’être un évé­ne­ment iso­lé, semble en réa­li­té avoir enclen­ché une dan­ge­reuse dyna­mique. Cette année, à nou­veau, la Direc­tion des Ser­vices Dépar­te­men­taux de l’É­du­ca­tion Natio­nale des Yve­lines décide de pri­ver l’ERPD de Conflans Sainte Hono­rine de trois autres ensei­gnants à la ren­trée de sep­tembre 2024. Un choix éco­no­mique, au mépris de la qua­li­té d’en­ca­dre­ment, d’en­sei­gne­ment et de sui­vi dont béné­fi­cient nos enfants aujourd’­hui.

Ain­si, nous vous aler­tons sur le dan­ger d’une dété­rio­ra­tion glo­bale dans le sui­vi des appren­tis­sages de ces élèves à l’école.

Pour­tant, il appa­raît essen­tiel et cohé­rent de main­te­nir ces trois postes d’enseignant qui garan­tissent la sécu­ri­té et le bien-être des enfants accueillis au sein de l’ERPD. Par exemple, nous nous inquié­tons de la prise en charge d’un enfant malade par un per­son­nel ni for­mé, ni expé­ri­men­té.
Or, sur le sec­teur pri­maire, ces sup­pres­sions impli­que­raient le rem­pla­ce­ment des pro­fes­seurs des écoles, la nuit, par des Assis­tants d’E­du­ca­tion (jeunes étu­diants à par­tir de 20 ans).

De même, et du fait de leur jeune âge (dès 5 ans), l’accueil des enfants à l’in­ter­nat est un moment cru­cial. Le dimanche soir, par­fois vécu comme déchi­rant, appelle une réponse pro­fes­sion­nelle et indi­vi­dua­li­sée. En un mot, il ne s’agit pas d’une simple tâche de sur­veillance ou d’animation, mais bien d’un tra­vail néces­si­tant une approche psy­cho­lo­gique et péda­go­gique adap­tées.

Au fil de la sup­pres­sion des postes, les mis­sions dévo­lues à tout le per­son­nel de l’internat se mul­ti­plient. Ain­si, il leur est deman­dé d’accueillir des enfants à besoins spé­ci­fiques (dif­fi­cul­tés fami­liales, sociales, médi­cales…) avec tou­jours moins de moyens. Quelle en est la cohé­rence ?
De plus, les per­son­nels qui devraient par­tir de l’In­ter­nat ont été nom­més à la ren­trée 2023 : Quelle ges­tion des res­sources humaines ! Recru­tés sur poste à pro­fil avec un pro­jet à long terme, ces ensei­gnants, très expé­ri­men­tés, et pour cer­tains, depuis plus de 20 ans en poste, dans les écoles rat­ta­chées à l’ERPD, vont devoir se pro­je­ter sur n’im­porte quel poste vacant, au bout d’une année sco­laire seule­ment, au sein de notre éta­blis­se­ment.

Les enfants, depuis l’âge de 5 ans, s’adaptent à la vie de l’internat et s’y sentent bien. Ils béné­fi­cient d’un enca­dre­ment de qua­li­té qui pré­serve une vie col­lec­tive en petit groupe, où le vivre ensemble et l’acquisition d’une auto­no­mie dans la bien­veillance sont valo­ri­sés.

Les sup­pres­sions de postes d’enseignants entrai­ne­raient un bou­le­ver­se­ment dans les habi­tudes quo­ti­diennes des internes, à savoir une prise des repas du midi à l’école, en grand nombre, avec un temps de repas très court et un enca­dre­ment péri­sco­laire d’animation.
Les enfants seraient donc pri­vés de cette pause méri­dienne à l’internat, vécue jusqu’alors comme un temps édu­ca­tif et struc­tu­ré, en groupe réduit, ce qui leur per­met notam­ment de suivre les appren­tis­sages sco­laires de l’après midi dans les meilleures condi­tions.

Cette remise en cause de la res­tau­ra­tion du midi à l’internat entrai­ne­rait éga­le­ment la sup­pres­sion d’au moins deux postes d’agents de la Région.

Concrè­te­ment, ces bou­le­ver­se­ments dété­rio­re­raient for­te­ment la qua­li­té de vie des enfants qui fré­quentent l’internat, et par réper­cus­sion, le sui­vi des appren­tis­sages en classe, ce qui est très dom­ma­geable et qui vient à l’encontre de la mis­sion édu­ca­tive et péda­go­gique.

Pour toutes ces rai­sons, dans l’intérêt des enfants, nous nous oppo­sons clai­re­ment et fer­me­ment à ces sup­pres­sions !

Nous deman­dons à Mon­sieur le Rec­teur d’Académie que soient péren­ni­sés tous les postes de pro­fes­seurs des écoles tra­vaillant actuel­le­ment à l’ERPD, afin de conser­ver la qua­li­té d’enseignement, d’encadrement et de sui­vi des élèves au sein de notre inter­nat.

Veuillez agréer, Mon­sieur le Rec­teur, nos salu­ta­tions res­pec­tueuses.

Les repré­sen­tants des parents d’é­lèves de l’ERPD La Batel­le­rie

Lettre envoyée le 15 mars 2024, à l’A­ca­dé­mie de Ver­sailles et aux auto­ri­tés com­pé­tentes.

 

1.  https://youtu.be/5Zn1NsBSob8?si=Eq2BGXzqGFLaXBLD

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