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Collectif 78 : « Près de 50% des élus locaux minoritaires jetteront l’éponge en 2026 »

par | 5 décembre 2023 | Com­mu­ni­qués, Poli­tique

Réunion des élus locaux mino­ri­taires à la Péniche de Triel-sur-Seine. (DR)

C’est un des ensei­gne­ments majeurs du 1er baro­mètre dépar­te­men­tal de la démo­cra­tie repré­sen­ta­tive, ini­tié par le Col­lec­tif 78 des élus locaux mino­ri­taires auprès de 117 élus mino­ri­taires de 54 villes des Yve­lines. Cer­tains n’ont pas atten­du l’échéance 2026, ils ont d’ores et déjà « ren­du leur tablier ». Relayage du com­mu­ni­qué et com­men­taire par Isan­zu Karia.

« Pro­por­tion­nel­le­ment, on démis­sionne quatre fois plus dans les rangs de l’opposition que dans la majo­ri­té » déclare Yvon Ros­con­val, élu mino­ri­taire de Triel-sur-Seine ani­ma­teur col­lec­tif qui pour­suit « Ce constat n’est pas sur­pre­nant. Il illustre la pro­fonde décep­tion d’élus qui s’interrogent sur le sens et l’u­ti­li­té de leur enga­ge­ment, tant sont dif­fi­ciles les rela­tions avec leur maire, entra­vées leurs capa­ci­tés d’intervention en conseil muni­ci­pal, très limi­tés les moyens pour exer­cer leur man­dat et par­ti­cu­liè­re­ment res­treints l’ac­cès aux outils de com­mu­ni­ca­tion de la mai­rie ».

Ren­dus publics lors de l’assemblée géné­rale du col­lec­tif, le 1er décembre, les ensei­gne­ments de ce baro­mètre reflètent le vécu de 117 élus mino­ri­taires issus de 54 com­munes des Yve­lines (42% des
com­munes concer­nées). « 48 % des élus inter­ro­gés affirment qu’ils ne se repré­sen­te­ront pro­ba­ble­ment ou cer­tai­ne­ment pas en 2026. Le plus pré­oc­cu­pant c’est que 72 % d’entre eux ne sont élus que depuis 2020. Il faut y voir une pro­fonde décep­tion sur le sens et l’utilité de l’engagement poli­tique local d’élus béné­voles qui consacrent en moyenne 3,5 jours / mois à leur man­dat » sou­ligne pour sa part Moni­ka Bela­la élue mino­ri­taire de Houilles, qui a éga­le­ment ani­mé cette enquête.

Quant aux résul­tats, qui ne sont pas exhaus­tifs ni répré­sen­ta­tifs au niveau natio­nal, 44 % des maires des 54 com­munes concer­nées ont été récem­ment élus en 2020. Pour autant, ils repro­duisent à l’identique des pra­tiques peu démo­cra­tiques. Seule­ment 6 % des répon­dants indiquent s’être vu confier une mis­sion par la/le maire. Plus les réunions et mani­fes­ta­tions revêtent un enjeu stra­té­gique, moins les élus mino­ri­taires y sont conviés. 80 % sont invi­tés aux céré­mo­nies offi­cielles et seule­ment 7 % aux groupes de pilo­tage des pro­jets struc­tu­rants. Le défi­cit de trans­pa­rence est éga­le­ment sou­li­gné par 87 % des inter­viewés qui disent accé­der dif­fi­ci­le­ment aux infor­ma­tions.
Les conseils muni­ci­paux sont emblé­ma­tiques d’un modèle à bout de souffle. Le délai de trans­mis­sion de l’ordre du jour et des docu­ments asso­ciés – 3 ou 5 jours en fonc­tion de la taille de la ville – avant le Conseil muni­ci­pal entrave sa bonne pré­pa­ra­tion selon 71 % des élus. 95 % regrettent éga­le­ment l’absence d’écoute du maire à leurs pro­po­si­tions et pour 89 % l’ajout de points à l’ordre du jour est sys­té­ma­ti­que­ment refu­sé. Les com­mis­sions, quand elles se réunissent, ne per­mettent pas de débats construc­tifs selon 70 % des inter­viewés et 86 % y déplorent l’absence d’approche pros­pec­tive.
En nombre réduit, les élus d’opposition peinent à s’investir dans des domaines par­fois com­plexes (finances publiques, urba­nisme, sécu­ri­té, édu­ca­tion…) d’autant qu’ils dis­posent de peu ou pas de moyens maté­riels. Seule­ment 55 % ont accès à un local et par­mi ceux-ci près des trois quarts déplorent son mau­vais équi­pe­ment. 48 % ne béné­fi­cient pas d’équipement infor­ma­tique et 66% n’ont pas d’adresse élec­tro­nique « com­mu­nale ». En matière de com­mu­ni­ca­tion, ces mêmes élus peuvent dif­fi­ci­le­ment rendre compte de leur man­dat avec pour 99% d’entre eux une tri­bune réduite à un quart de page maxi­mum dans le jour­nal muni­ci­pal. Seuls 20% affirment pou­voir publier sur les réseaux sociaux de la com­mune et 25% via son site inter­net.
« Ce pano­ra­ma serait incom­plet sans évo­quer des auto­ri­tés pré­fec­to­rales peu res­pec­tueuses des élus de la Répu­blique que nous sommes. Seule­ment, 30 % des cour­riers qui leur sont adres­sés font l’objet d’une réponse aux élus mino­ri­taires » regrette M. Bela­la.
Selon Y. Ros­con­val, « Il est néces­saire, pour revi­ta­li­ser effi­ca­ce­ment la démo­cra­tie locale, d’en éta­blir préa­la­ble­ment un véri­table diag­nos­tic par­ta­gé et docu­men­té. Cette pro­po­si­tion de notre col­lec­tif doit per­mettre de prendre toute la mesure d’une dis­po­si­tion comme la prime majo­ri­taire avec ses inci­dences sur la repré­sen­ta­ti­vi­té et le fonc­tion­ne­ment démo­cra­tique d’un conseil muni­ci­pal. Il doit éga­le­ment inter­ro­ger des condi­tions d’exercice du man­dat, le droit à la com­mu­ni­ca­tion ou encore l’accès à l’information. Autant de sujets sur les­quels notre baro­mètre met en exergue de pro­fondes inéga­li­tés et des défi­cits signi­fi­ca­tifs. »
À par­tir des ensei­gne­ments de ce baro­mètre, le col­lec­tif entend conti­nuer de par­ta­ger ses 15 pro­po­si­tions auprès de tous les déci­deurs pour contri­buer à faire émer­ger demain une culture du com­pro­mis. « Ins­tal­ler ain­si les fon­da­tions d’un modèle démo­cra­tique abou­ti, consti­tue un enjeu majeur, encore plus dans la pers­pec­tive d’une nou­velle étape de décen­tra­li­sa­tion vou­lue par les maires et annon­cée par le Gou­ver­ne­ment » conclut l’élu de Triel-sur-Seine.

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