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Dans le nord des Yvelines, la mobilisation face à l’urbanisation galopante s’organise

par | 14 novembre 2022 | Envi­ron­ne­ment, Poli­tique, Villennes/Médan

Quatre asso­cia­tions se sont mises d’ac­cord pour consti­tuer un front com­mun contre la béto­ni­sa­tion mas­sive. (DR)

Une vague de bombes à béton­ner, sti­mu­lée à la dopa­mine de la spé­cu­la­tion fon­cière, déferle sur les pay­sages de Seine-Ouest et ravage ses vil­lages pit­to­resques avec des pro­jets de construc­tion urbains inap­pro­priés. Les édiles locaux proches de leurs vil­lages sont des­sai­sis de leurs moyens d’actions face aux poli­tiques ter­ri­to­riales bureau­cra­tiques hors-sol. Les habi­tants s’organisent pour lut­ter contre la perte d’identité, pour pré­ser­ver la qua­li­té pay­sa­gère de leur envi­ron­ne­ment aux portes des zones den­si­fiées et appellent à la mobi­li­sa­tion géné­rale. Un groupe d’as­so­cia­tions orga­nise la mobi­li­sa­tion contre la béto­ni­sa­tion du pay­sage natu­rel.

« Nous ne sommes pas contre la construc­tion du loge­ment social », admet-on au sein de ce coll­lec­tif créé pour lut­ter contre le béton dans les vil­lages.  Voi­ci le contexte : Seine-Ouest est un sec­teur du nord des Yve­lines, coif­fé par une des plus grandes com­mu­nau­tés urbaines de France (420 000 habi­tants autour de deux pôles indus­triels et urbains, Pois­sy et Mantes). Entou­rés de zones agri­coles, fores­tières, pay­sa­gères et tra­ver­sés par la Seine, les vil­lages alen­tours offrent un pano­ra­ma natu­rel unique et pré­cieux en Île-de-France. Pit­to­resques par dizaines, ils se font impo­ser une vision urbaine de déve­lop­pe­ment, par le seul fait d’une échelle inap­pro­priée de la repré­sen­ta­ti­vi­té ter­ri­to­riale : les pay­sages natu­rels repré­sentent 40 % des 500 km² mais, seule­ment, 12 % des habi­tants, qui sont, eux, inau­dibles à cette échelle.

Les élus locaux démunis

Pré­sen­tés comme des arbitres solides de la poli­tique locale qui pré­servent leurs vil­lages et défendent leurs élec­teurs et leur envi­ron­ne­ment immé­diat, les élus com­mu­naux sont noyés dans une masse molle, inco­lore et sans saveur. L’aménagement du ter­ri­toire est des­si­né en sui­vant des lignes macro-éco­no­miques « hors-sol » et déci­dées par des assem­blées géné­rales de 400 élus dont la majo­ri­té vit en milieu urbain. La petite voix du maire de vil­lage est écou­tée avec atten­dris­se­ment, sym­pa­thie et empa­thie comme un enfant qui n’a d’yeux que pour son dou­dou.  Mal­heu­reu­se­ment, on se moque vite de la pauvre peluche quand les dis­cus­sions d’adultes portent un mes­sage de sau­ve­tage du ter­ri­toire, de flux, de défis à rele­ver, de mobi­li­té des masses, de bas­sin d’emploi. Tou­te­fois, l’enfant et son dou­dou n’ont-ils pas droit, eux aus­si, à leur jar­din ?

Les promoteurs du chaos urbain

Séduits par la qua­li­té pay­sa­gère des vil­lages, lais­sés libres et à l’abandon par une poli­tique d’urbanisme débri­dée pilo­tée par les grandes villes voi­sines très denses (800 habitants/km²), les pro­mo­teurs immo­bi­liers déploient sans attache, sans rete­nue, avec grand soif et métho­di­que­ment, leur modèle spé­cu­la­tif de sur­den­si­fi­ca­tion. Ain­si, une jolie mai­son de belle fac­ture, de 200m² avec un jar­din se retrouve dyna­mi­tée pour lais­ser place à 2000 m² de loge­ments mixtes (sociaux et en acces­sion), avec deux par­kings par loge­ment en sous-sol, au milieu d’un petit vil­lage. Si la den­si­fi­ca­tion per­met de limi­ter l’é­ta­le­ment urbain, construire 10 mai­sons en ver­ti­cal défi­gure un vil­lage défi­ni­ti­ve­ment.

Sans charme, por­tés par une indus­tria­li­sa­tion du béton­nage et des ratios finan­ciers, les déci­sions de des­truc­tion et de défi­gu­ra­tion du charme des vil­lages sont prises dans des immeubles cli­ma­ti­sés au sein d’un comi­té d’engagements qui n’a jamais mis le nez sur place. Les pro­mo­teurs s’au­to-acclament d’un enga­ge­ment qua­li­ta­tif et tour­né vers l’avenir avec des phrases mar­ke­ting « types » mais, en pra­tique, ils n’ont rien à faire de la qua­li­té, se moquent tota­le­ment de leur envi­ron­ne­ment ;  sans excep­tion, ils ima­ginent des pro­jets avec leur cal­cu­la­trice spé­cu­la­tive sans prê­ter la moindre atten­tion au pay­sage et à la « culture vil­lage ». Ces pro­mo­teurs du chaos urbain en deve­nir détruisent, petit à petit, le gise­ment natu­rel qui leur per­met de vendre des pro­jets d’une autre époque.

Cela ne compte pas pour eux qui n’habitent pas sur place. La bêtise n’a pas de limite quand elle n’est pas chez soi. L’argent-hélicoptère per­met de fran­chir les recours en cor­rom­pant les pro­tec­teurs, le bien com­mun et les pro­messes d’avenir mar­ke­ting sont vite oubliées.

Les habi­tants sidé­rés

Spec­ta­teurs des aber­ra­tions qui se pré­parent sous leurs fenêtres et au fond de leurs jar­dins, les habi­tants ont d’abord cru que leurs élus se dressent en rem­part contre ces bom­bar­de­ments, ayant avant tout un man­dat des élec­teurs de leur com­mune. Cepen­dant,  noyés dans la masse, en assem­blée com­mu­nau­taire, ils apportent d’une frêle voix leur avis sur la gou­ver­nance et la résorp­tion du défi­cit struc­tu­rel de la com­mu­nau­té urbaine. Les pro­blèmes de sur­den­si­fi­ca­tion sont relayés en arrière-plan du pro­blème de sur­vie de l’instance. Las de cette fai­blesse, les habi­tants sidé­rés s’organisent et ont créé une asso­cia­tion qui se dresse face à chaque absur­di­té, dans chaque vil­lage. Les asso­cia­tions qui se mul­ti­plient comme les pro­jets repré­sentent aujourd’hui une voix forte, qui se déve­loppe à plus grande échelle. Les pro­blé­ma­tiques sont les mêmes, les moyens de les régler se res­semblent, les ini­tia­tives s’assemblent. A ce jour, plus dizaine d’associations qui défendent leur vil­lage et leurs pay­sages se fédèrent pour se faire entendre auprès des élus, afin d’a­dap­ter les pro­jets à leur envi­ron­ne­ment.

Pas de potion magique d’un mar­chand ambu­lant, pas de tête dans les nuages d’un doux rêveur, pas de manœuvre poli­ti­cienne d’un oppor­tu­niste oppo­sant ! La défi­gu­ra­tion d’un d’un pay­sage est défi­ni­tive et irré­ver­sible. Pour pré­ser­ver la qua­li­té pay­sa­gère d’un vil­lage dans la durée, les solu­tions sont élé­men­taires :
- Den­si­fier modé­ré­ment les par­celles « vertes » : au plus, le double de l’emprise au sol de l’existant et un seul étage de sur­élé­va­tion.
- Sau­ve­gar­der les arbres de hautes tiges, comme les dis­po­si­tions légales l’im­posent : l’arbre étant un orga­nisme vivant dont la lon­gé­vi­té moyenne dépasse de loin celle de l’être humain, il doit être consi­dé­ré comme sujet de droit, y com­pris face aux règles qui régissent la pro­prié­té humaine.
- Main­te­nir l’irrégularité des construc­tions : gar­der les volumes déstruc­tu­rés s’ils existent (pas de rem­plis­sage cubique des par­celles) comme les garages, véran­das, combles en retrait, toi­tures en pan, préaux, ter­rasses cou­vertes, chiens-assis, etc.
- Conser­ver les maté­riaux de façade anciens (meu­lières, colom­bages, pierres de taille, zinc, tuiles plates) et évi­ter les enduits basiques, les bar­dages métal­liques et les tuiles méca­niques des nou­velles construc­tions bas de gamme.

- Il s’a­git donc d’i­ma­gi­ner l’avenir de nos besoins et de notre den­si­fi­ca­tion par un usage modé­ré de l’espace dis­po­nible, en recon­si­dé­rant le besoin indi­vi­duel et col­lec­tif au tra­vers d’un patri­moine exis­tant qui regorge de pos­si­bi­li­tés.

Pour­quoi se mobi­li­ser ?

Les citoyens ras­sem­blés sont une force audible, cré­dible et sen­sée pour accom­pa­gner les tran­si­tions.

La den­si­fi­ca­tion non contrô­lée de construc­tions mas­sives et bas de gamme est à com­battre. Ne le fai­sant pas spon­ta­né­ment, les pro­mo­teurs immo­bi­liers et les élus ont besoin d’un accom­pa­gne­ment pour pla­ni­fier une muta­tion immo­bi­lière modé­rée, qua­li­ta­tive qui pré­serve la qua­li­té pay­sa­gère des ter­ri­toires et de l’environnement immé­diat des pro­jets, notam­ment dans les vil­lages.

Il faut détruire les mau­vais pro­jets plu­tôt que détruire le charme des vil­lages.

Pour en savoir plus :

Les 4 asso­cia­tions vous invitent à par­ti­ci­per à la pre­mière mobi­li­sa­tion citoyenne,  le same­di 19 novembre 2022, de 10 h à 12 h, à la Mai­son des asso­cia­tions de Villennes-sur-Seine.

 

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