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Un projet de méthanisation à Carrières-sous-Poissy

par | 18 mars 2021 | Éco­no­mie, Envi­ron­ne­ment

Le pro­jet de métha­ni­sa­tion à côté d’A­za­lys est né après le col­loque de 2019 sur la plaine. (DR)

Le pro­jet Modul’O fait l’objet d’un exa­men par les élus et les habi­tants concer­nés par l’avenir du ter­ri­toire de la plaine de Car­rières-sous-Pois­sy. Por­té par Modul’O, ce pro­jet est pré­sen­té comme une « éco-acti­vi­té d’utilité publique cir­cu­laire et locale ». Il consiste à créer une usine de métha­ni­sa­tion dans la com­mune de Car­rières-sous-Pois­sy pour valo­ri­ser les bio­dé­chets.

Par­mi les deux pro­jets de métha­ni­sa­tion dans la plaine de Car­rières-sous-Pois­sy, Modul’O est plus avan­cé. Ce pro­jet est d’abord une prise en charge com­plète du cir­cuit de valo­ri­sa­tion des bio­dé­chets. Le trai­te­ment de ces pro­duits per­met­tra la pro­duc­tion de matière orga­nique fer­tile, nom­mée diges­tat, ain­si que la pro­duc­tion de bio­gaz intro­duite dans le sec­teur. Ce pro­jet per­met­trait aus­si une col­lecte des déchets à par­tir de véhi­cules GNV, c’est-à-dire des véhi­cules usant du gaz, un car­bu­rant propre et silen­cieux. La col­lecte de ces bio­dé­chets se fait, aujourd’hui, par l’intermédiaire de l’entreprise Tryon qui récu­père les déchets d’établissement pro­dui­sant plus de 10 tonnes de bio­dé­chets. L’ouverture du site opé­ra­tion­nel de Modul’O per­met­tra de redi­ri­ger la col­lecte vers cette entre­prise pour une prise en charge plus locale. De plus, ce site sera ouvert aux can­tines et aux éta­blis­se­ments pro­dui­sant moins de 10 tonnes de bio­dé­chets par an, dès 2023. Cette col­lecte pas­se­ra donc par l’ins­ta­lal­tion de maté­riels de tri dans les lieux de pro­duc­tion et d’une signa­lé­tique com­mu­ni­cante, la for­ma­tion du per­son­nel. Elle retien­dra les bio­dé­chets  ; l’ensemble de la matière, y com­pris le jus, doit être triée par le pro­duc­teur et envoyée au filières spé­cia­li­sées.

Des exemples d’unité de méthanisation

D’autres pro­jets existent déjà dans les Yve­lines, confir­mant le choix tech­nique et sa via­bi­li­té :

Ferme de la Trem­blaye Bois­sière-École
Dans cette ferme des Yve­lines, il y a 150 hec­tares de terre culti­vées pour nour­rir des chèvres et des bovins, qui ali­mentent la fro­ma­ge­rie. Les effluents de la ferme, les fumiers des éle­vages et le lac­to­sé­rum pro­duits sont valo­ri­sés dans l’unité de métha­ni­sa­tion datant de 2013. Le bio­gaz, extrait par fer­men­ta­tion, est récu­pé­ré par un géné­ra­teur qui pro­duit cha­leur et élec­tri­ci­té. L’électricité injec­tée dans le réseau équi­vaut à la consom­ma­tion de 600 foyers : la cha­leur pro­duite est uti­li­sée pour chauf­fer les bâti­ments de la fro­ma­ge­rie. Le diges­tat est ensuite uti­li­sé comme fer­ti­li­sant natu­rel des sols sur nos terres. Selon la ferme, « Rien ne se perd, tout se trans­forme ! ».

Thoi­ry Bio­éner­gie
L’unité de métha­ni­sa­tion de Thoi­ry Bio­éner­gie valo­rise les déchets orga­niques du zoo de Thoi­ry. Chaque année, ce sont 10 950 tonnes de déchets du zoo qui sont valo­ri­sés (déchets verts, fumier, fruits et légumes ava­riés, déchets agri­coles), tout comme des déchets agri­coles et du fumier pro­ve­nant d’exploitations voi­sines. Thoi­ry Bio­éner­gie injecte du bio­mé­thane dans le réseau de dis­tri­bu­tion per­met­tant d’alimenter le zoo, le châ­teau de Thoi­ry et plu­sieurs vil­lages alen­tour en gaz renou­ve­lable. Le diges­tat qui est pro­duit à hau­teur de 9 500 tonnes par an est res­ti­tué au ter­ri­toire ; ce sont sept agri­cul­teurs qui le récu­pèrent pour leurs propres cultures. L’unité consti­tue éga­le­ment un outil péda­go­gique pour sen­si­bi­li­ser les visi­teurs du zoo au déve­lop­pe­ment des éner­gies renou­ve­lables.

Une troisième unité de méthanisation dans les Yvelines

Modul’O sou­haite s’implanter dans la com­mune de Car­rières-sous-Pois­sy au niveau du grand ter­rain vague au nord-est de l’usine Aza­lys. Le choix de l’emplacement s’explique par l’ab­sence de gêne pour les autres acti­vi­tés sur place tout comme pour les rive­rains les plus proches. Le site de Modul’O est éloi­gné des zones natu­relles pro­té­gées, des zones inon­dables et des zones de cap­tage de l’eau. L’entreprise est proche des zones urbaines pour mieux sen­si­bi­li­ser les habi­tants au recy­clage des bio­dé­chets et d’autres pro­jets pour­raient voir le jour tel qu’un pro­jet de serre. La zone autour du site de l’entreprise est consti­tuée de zones urbaines et de cultures céréa­lières, soit 200 000 habi­tants et 5000 hec­tares de cultures équi­valent à 800 000 tonnes de bio­dé­chets par an. Le choix de cette com­mune est donc expli­qué par le poten­tiel de la région.

L’entreprise crée donc à la fois du gaz natu­rel vert qui sera réin­jec­té dans le réseau mais aus­si du diges­tat. Le diges­tat sera redis­tri­bué aux agri­cul­teurs et c’est la ferme Beau­grand EARL à Ecque­villy qui béné­fi­cie­ra de ce diges­tat avec ce type de pro­jet. Selon Modul’O, le diges­tat per­met de réduire les engrais de syn­thèse, d’avoir une matière orga­nique au sol et d’être flexible et auto­nome pour les sto­ckages d’engrais. Pour M. Beau­grand, tra­vaillant à la ferme Beau­grand, ce pro­jet per­met « d’apporter de la matière orga­nique à nos cultures ». Spé­cia­li­sé dans les cultures céréa­lières, l’agriculteur affirme que le diges­tat apporte les élé­ments natu­rels pour reva­lo­ri­ser les terres agri­coles. Il pré­cise éga­le­ment que le coût est moins éle­vé car cela fait bais­ser l’utilisation d’engrais chi­miques, en plus d’être local.

Modul’O se pré­sente comme une entre­prise enga­gée dans l’urgence cli­ma­tique, sou­hai­tant pro­po­ser un pro­jet de métha­ni­sa­tion à par­tir de bio­dé­chets. Son ana­lyse est que les bio­dé­chets sont assez peu exploi­tés et recy­clés en France. En effet, ils sont pour la plu­part enfouis ou inci­né­rés, pro­dui­sant de l’électricité mais pro­vo­quant de la cha­leur et du CO2 et, pour cela, les bio­dé­chets sont sou­vent expor­tés hors de l’Île-de-France, entraî­nant un bal­let de camions sur les routes fran­çaises. Modul’O sou­haite recy­cler ces bio­dé­chets pour les conver­tir en com­post et en uni­té de métha­ni­sa­tion pour fabri­quer du gaz natu­rel à l’échelle locale. La majo­ri­té de ces bio­dé­chets sont issus des com­merces, des res­tau­rants, des grandes sur­faces et des ménages (1/3 des ordures). Ces ordures, consti­tuées de 80 % d’eau, sont donc faciles à recy­cler et à réuti­li­ser comme matière orga­nique. Ce pro­ces­sus passe donc par une col­lecte et par une valo­ri­sa­tion de ces déchets, après un tri.

Modul’O sou­ligne, éga­le­ment, un besoin ter­ri­to­rial dans lequel l’Île-de-France pro­duit plus de 2 Mt de bio­dé­chets ali­men­taires par an mais peu d’unités s’en pré­oc­cupent. Ces rares usines sont éloi­gnées des zones urbaines, entraî­nant un sur­coût des frais de ges­tion. Au sein de l’Île-de-France, c’est la Seine-et-Marne qui domine tous les autres dépar­te­ments pour les pro­jets de métha­ni­sa­tion. Dans les Yve­lines, il y a seule­ment deux uni­tés de fermes situés à Bois­sière-Ecole et Thi­ver­val-Gri­gnon qui uti­lisent les bio­dé­chets des fermes et une uni­té ter­ri­to­riale à Thoi­ry qui valo­rise les bio­dé­chets de tout le ter­ri­toire. Modul’O s’engage dans le tri et la valo­ri­sa­tion de ces bio­dé­chets dans l’ensemble du ter­ri­toire de Car­rières-sous-Pois­sy.

Quels sont les enjeux de la filière ?

L’a­ve­nir de métha­ni­sa­tion est cer­tain, cette filière consti­tuant une source d’énergie renou­ve­lable, uti­li­sant le pro­ces­sus de diges­tion de la matière orga­nique. Cette réac­tion pro­duit un bio­gaz. Les bio­dé­chets sont peut-être la source d’une indé­pen­dance éner­gé­tique. La métha­ni­sa­tion est donc un cycle plus ou moins ver­tueux per­met­tant de recy­cler les bio­dé­chets et de four­nir une éner­gie renou­ve­lable et par consé­quent de créer des emplois. La métha­ni­sa­tion est une des réponses appor­tées aux grands pro­duc­teurs de bio­dé­chets qui ont pour obli­ga­tion de les trier, depuis 2016. Le réseau de gaz en Île-de-France per­met éga­le­ment de ren­for­cer le déve­lop­pe­ment d’un tel pro­jet. La métha­ni­sa­tion n’est pas seule­ment un enjeu éco­lo­gique mais aus­si éco­no­mique dans lequel des emplois sont créés à une échelle locale et cette redis­tri­bu­tion per­met une auto­no­mie éner­gé­tique. De nom­breux par­te­naires de ce pro­jet seraient gagnants : Modul’O qui revend le gaz et le diges­tat, les rive­rains qui uti­lisent un gaz poten­tiel­le­ment moins cher, les fer­miers qui peuvent réuti­li­ser le diges­tat entraî­nant une baisse des coûts et l’écologie sou­te­nue par un tel pro­jet.

A ce-jour, la déci­sion de réa­li­ser le pro­jet de métha­ni­sa­tion dans la com­mune de Car­rière-sous-Pois­sy n’est plus une ques­tion. L’objet du débat démo­cra­tique est de savoir si la mise en place d’une sur­veillance de ce site indus­triel, de manière indé­pen­dante, est pos­sible et consul­table pour les citoyens ? Com­ment s’assurer que le pro­jet est utile à la fois pour l’environnement et pour le ter­ri­toire ?

 

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