Actualités

Un président contesté par son ancien élève

par | 6 jan­vier 2022 | Poli­tique, Socié­té

Ici, le pré­sident Pierre Bédier lors de l’i­nau­gu­ra­tion de la Zone indus­trielle des Mureaux quand tout allait bien pour lui (archives J2R)

La ten­sion monte depuis des mois entre Pierre Bédier et Raphaël Cognet. Insi­nua­tions, coups bas, dos­siers qui sortent dans la presse ins­ti­tu­tion­nelle… Le fait est que le pré­sident est désor­mais un patriarche affai­bli, qui ne pèse plus, poli­ti­que­ment, comme avant.

Pierre Bédier n’a plus la cote ; c’est un fait poli­tique. Depuis quelques années, son fief et son péri­mètre d’ac­tion (de pres­sion poli­tique) s’est rétré­ci mal­gré sa vic­toire aux dépar­te­men­tales de 2021 : les nou­veaux élus de Ver­neuil-sur-Seine, Ver­nouillet et Triel-sur-Seine contestent le choix du dépar­te­ment en matière d’in­fra­struc­tures rou­tières (dos­sier de la dévia­tion de la RD 154) ; le maire de Pois­sy lui tourne le dos en matière poli­tique !  Désor­mais, Raphaël Cognet, maire de Mantes-la-Jolie et pré­sident de la Com­mu­nau­té urbaine Grand Paris Seine & Oise, s’op­pose fron­ta­le­ment au clan et aux méthodes du sys­tème mis en place par Pierre Bédier.

On ne sau­ra jamais à l’o­ri­gine du clash : cer­tains disent que c’é­tait le ral­lie­ment de M. Cognet à la cause de Mme Valé­rie Pécresse ; d’autres expliquent que c’é­tait la volon­té du maire de Mantes-la-Jolie de mettre de l’ordre dans la ges­tion de sa com­mune, suite aux affaires des « pla­ciers du mar­ché du Val-Four­ré » et au rap­port cala­mi­teux de la Cour régio­nale des comptes sur la ges­tion de cette ville.  Admet­tons que cela s’est pro­duit pro­gres­si­ve­ment et que la pres­sion de M. Bédier pour rem­pla­cer son ancien élève a été une tac­tique clas­sique du sys­tème Bédier. Le clash, on aurait pu citer l’ar­ticle La mai­son Mantes-la-Jolie brûle pour de bon du Cour­rier de Mantes du 22 décembre, qui explique le mieux la méthode que reven­dique Pierre Bédier :
Pierre Bédier tente ensuite de jus­ti­fier les manœuvres pour ame­ner Raphaël Cognet à la démis­sion. « […] J’avais opté pour la solu­tion qui me sem­blait le mieux pour pré­ser­ver Mantes-la-Jolie et ses habi­tants : un clash rapide (sans doute trop bru­tal j’en conviens), un accord poli­tique dans l’intérêt de tous, y com­pris son inté­rêt. Il est encore temps de choi­sir le mieux pour Mantes-la-Jolie. »

Tou­te­fois, cela a échoué pour deux rai­sons. D’a­bord, comme l’a sou­li­gné Marc Jam­met, « cer­tains ont fait sem­blant de croire (ou de faire croire) qu’une élec­tion muni­ci­pale ser­vait direc­te­ment à élire une ou un maire.
Cela a été le cas der­niè­re­ment à Limay où Dja­mel NEDJAR vient de suc­cé­der à Eric ROULOT… » La réa­li­té, c’est qu’une élec­tion muni­ci­pale n’est pas une élec­tion pré­si­den­tielle mais sert à élire tout un conseil muni­ci­pal. A Mantes-la-Jolie par exemple, le conseil muni­ci­pal est com­po­sé de 43 conseillers muni­ci­paux élus sui­vant un mélange « majo­ri­taire » et « repré­sen­ta­tion pro­por­tion­nelle » (à la plus forte moyenne).
En clair, un peu moins de la moi­tié des élus (21) est élue sui­vant la repré­sen­ta­tion pro­por­tion­nelle. Lors des der­nières élec­tions muni­ci­pales en 2020, 16 can­di­dats de la liste « Raphaël COGNET », 4 de la liste Vivre Mieux à Mantes-la-Jolie et 1 de Lutte Ouvrière ont ain­si été élus. Et la liste majo­ri­taire a béné­fi­cié d’une « prime » de 22 élus. »

Raphaël Cognet, maire de Mantes-la-Jolie et président de GPS&O, lors d’une conférence de presse, le 16 décembre 2021 (archives J2R)

Ensuite, Raphaël Cognet n’a rien à perdre et sa déter­mi­na­tion peut faire le reste. « Je ne suis pas un voyou, ni un délin­quant ter­ro­riste », a‑t-il décla­ré suite à  la réunion du conseil muni­ci­pal du 29 novembre der­nier. De plus, il a défié le clan Bédier : « Je n’ac­cep­te­rai pas d’être trai­té comme un moins que rien et je ne me ferai dic­ter mon calen­drier par per­sonne ». Comme l’a sou­li­gné Le Pari­sien(1), le 6 jan­vier 2022 « les anti-Bédier ont trou­vé une figure sur laquelle désor­mais s’ap­puyer… en Raphaël Cognet l’op­po­sant qui tient ouver­te­ment tête à un élu jusque là incon­tes­té ».

Avec les der­nières démis­sions en cas­cade, une élec­tion par­tielle est plus que pro­bable : le nombre de membres du conseil muni­ci­pal n’est pas suf­fi­sant pour réélire un maire ; le maire actuel a inté­rêt à pro­vo­quer des élec­tions le plus vite pos­sible. Une élec­tion par­tielle per­met­trait de cla­ri­fier l’ho­ri­zon poli­tique du Man­tois, en par­ti­cu­lier celui de Mantes-la-Jolie. Ce scru­tin légi­ti­me­ra le nou­veau rap­port de pou­voir poli­tique. Un obser­va­teur local, Michel Merelle, l’a bien sou­li­gné, le 6 jan­vier sur sa page Face­book : « L’heure est sans doute venue de sai­sir l’occasion pour vrai­ment chan­ger le sys­tème, maintes fois dénon­cé, qui main­tient Mantes-la-Jolie dans une forme de dépen­dance à un homme, à des réseaux, à de sales méthodes. » Espé­rons enfin que « pour les idiots utiles du sys­tème, de ne pas se four­voyer, de ne pas se vendre pour se vau­trer dans leur ambi­tion per­son­nelle (for­cé­ment déçue à terme!) et leur inté­rêt par­ti­cu­lier. »

Quelle que soit l’is­sue de conflit lar­vé entre les deux hommes poli­tiques man­tais, Pierre Bédier sor­ti­ra fra­gi­li­sé et tout le monde a inté­rêt à pré­pa­rer l’a­près-Bédier.

1. Entre Bédier et Cognet, la guerre se joue aus­si au Val-Four­ré, Le Pari­sien en date du 6 jan­vier 2022

 

 

Aider notre jour­nal indé­pen­dant en sous­cri­vant à l’a­dresse sui­vante. Par avance mer­ci : https://fr.tipeee.com/les-2-rives-yvelines

LE PANIER DU MARCHÉ JOEL PICARD LES MERCREDI ET SAMEDI AU 74 RUE PAUL DOUMER À TRIEL-SUR-SEINE

RÉSERVATION LA VEILLE AVANT 15 HEURES AU
07 67 53 45 63 (cli­quez)

Municipales 2020

Share This
Verified by MonsterInsights