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Réflexions d’un confiné : Paul Doumer et Joseph Gallieni

par | 9 mai 2020 | His­toire, Triel-sur-Seine

L’odo­ny­mie est l’étude des noms propres asso­ciés aux voies de com­mu­ni­ca­tion. Une curio­si­té à Triel-sur-Seine : dans son centre-ville, deux rues portent le nom de per­son­na­li­tés que les édiles de Triel vou­lurent célè­brer, pro­ba­ble­ment, dans l’entre-deux-guerre. Une étude des archives muni­ci­pales per­met­trait de dater ces attri­bu­tions.

Arrê­tons-nous d’abord sur la rue prin­ci­pale de Triel-sur-Seine, sin­gu­liè­re­ment la plus longue de la ville, la Rue Paul Dou­mer. Ce n’est pas faire injure à nos contem­po­rains de dire qu’à peu près tous ignorent qui fut pré­ci­sé­ment Paul Dou­mer. Cet article se bor­ne­ra à rap­pe­ler quelques points saillants de son par­cours poli­tique majeur au long de la Troi­sième Répu­blique qui s’acheva tra­gi­que­ment par son assas­si­nat, il y a exac­te­ment 88 ans, le 6 mai 1932. Trois aspects de sa vie poli­tique peuvent être rete­nus.

Un symbole du mérite républicain

Paul Dou­mer (1857–1932) est, en pre­mier lieu, un exemple qua­si­ment par­fait de mérite répu­bli­cain. Issu d’un milieu modeste, il tra­vaille dès l’âge de douze ans, comme cour­sier puis ouvrier gra­veur. En paral­lèle de ces emplois, il obtient une licence en mathé­ma­tiques, puis devient ensei­gnant. Il entre en poli­tique grâce au jour­na­lisme qu’il exerce dans l’Aisne et devient dépu­té de Laon, une ville pro­mon­toire qui offre un point de vue remar­quable sur le Che­min des Dames.

“La civilisation suit la locomotive”

La Répu­blique comme le Second Empire qui avait d’abord, selon le même prin­cipe, colo­ni­sé son propre ter­ri­toire en y déve­lop­pant le che­min de fer, fit exac­te­ment de même dans ses pro­jec­tions colo­niales. Les chan­tiers fer­ro­viaires enga­gés en Afrique, en Gui­née Cona­kry par exemple, comme en Indo­chine consom­mèrent beau­coup de vies humaines dont on fai­sait alors peu de cas, encore moins que dans les bagnes indus­triels euro­péens. La pre­mière mis­sion d’importance de Paul Dou­mer est le gou­ver­no­rat d’Indochine. A par­tir de 1897, il pro­fite de ce poste pour démon­trer toutes ses capa­ci­tés d’organisateur rigou­reux et d’entrepreneur. Durant ce man­dat, son action est dura­ble­ment mar­quée par le déve­lop­pe­ment éco­no­mique de cette colo­nie, qui en porte encore aujourd’­hui les traces. Le gou­ver­no­rat géné­ral est une fonc­tion qui offre de larges pou­voirs, ce qui lui per­met d’équilibrer le bud­get de la colo­nie en confor­tant le mono­pole de la trans­for­ma­tion, du com­merce et des taxes sur l’opium en vente libre à l’époque, tout comme la cocaïne et l’hé­roïne, pri­sées pour leur ver­tu sti­mu­lante ou antal­gique. Cette rigueur bud­gé­taire, qui fera sa répu­ta­tion pour la suite de sa car­rière poli­tique (trois fois ministre des finances et pro­mo­teur de l’im­pôt sur le reve­nu), lui per­met de lan­cer la construc­tion du Tran­sin­do­chi­nois, une ligne de che­min de fer de 1700 kilo­mètres du sud au nord du Viet­nam, dont la construc­tion s’achèvera en 1936. Sans doute se sou­ve­nait-il que son père, qu’il per­dit très jeune, était employé pour la pose de rails de che­min de fer.
Jus­te­ment, en sur­plomb de la voie fer­rée et de la gare de Triel-sur-Seine, se trouve la Rue du Géné­ral Gal­lie­ni, mili­taire fran­çais éga­le­ment impli­qué dans l’entreprise colo­niale, par­ti­cu­liè­re­ment bru­tale ; il est pré­sent en Indo­chine juste avant Paul Dou­mer, mais aus­si essen­tiel­le­ment en Afrique noire, au Sou­dan et à Mada­gas­car.

La guerre de 14–18

En 1914, Joseph Gal­lie­ni (1849–1916), alors gou­ver­neur de Paris, est avec Paul Dou­mer, l’artisan de la réqui­si­tion des taxis pari­siens lors de l’opération des taxis de la Marne qui sauve l’armée fran­çaise de la déroute et per­met de sta­bi­li­ser le front. Joseph Gal­lie­ni meurt en 1916. Quant à Paul Dou­mer, séna­teur, il conti­nue à être très actif durant tout le conflit, mais jamais aux côtés de Clé­men­ceau qui ne l’aimait pas mais le res­pec­tait. A la sor­tie de la guerre, quatre de ses huit enfants sont morts au champ d’honneur ; sa vie poli­tique est désor­mais mar­quée par un constant sou­tien aux anciens com­bat­tants qui repré­sentent alors un Fran­çais sur deux.

Deve­nu Pré­sident de la Répu­blique depuis un an, il est assas­si­né à Paris par un russe blanc, déran­gé de l’avis una­nime, alors qu’il inau­gure le Salon du livre des écri­vains com­bat­tants.

Pour ter­mi­ner cet éclai­rage, men­tion­nons une troi­sième voie à proxi­mi­té de la gare SNCF : l’Avenue des Com­bat­tants, comme un trait d’union entre un mili­taire deve­nu maré­chal (à titre post­hume) et un civil deve­nu Pré­sident de la Répu­blique, deux figures mar­quantes de la troi­sième de nos répu­bliques.

Voir à ce sujet une émis­sion his­to­rique : https://www.youtube.com/watch?v=L8iNdyNmjmU.
Ain­si que le livre de Amau­ry Lorin, Une ascen­sion en Répu­blique : Paul Dou­mer (1857–1932) d’Au­rillac à l’É­ly­sée, Paris, Dal­loz
Un article consa­cré au pont Paul Dou­mer dans le blog le Cour­rier du Viet­nam
Généa­lo­gie de Paul Dou­mer : https://gw.geneanet.org/pjame?lang=fr&n=doumer&oc=0&p=paul

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