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Quel avenir pour les autoroutes en zone urbaine ? L’exemple de la RD 154

par | 24 février 2021 | Poli­tique, Ver­neuil-sur-Seine

Le nou­velle équipe muni­ci­pale de Ver­neuil-sur-Seine s’op­pose désor­mais à la volon­té de Pierre Bédier, pré­sident du Conseil dépar­te­men­tal des Yve­lines, farouche par­ti­sant de ce pro­jet d’un autre âge. (J2R)

Le pro­jet de la dévia­tion de la RD 154 devrait pas­ser aux oubliettes de l’histoire locale mais le dino­saure de la poli­tique yve­li­noise, Pierre Bédier, entend lais­ser sa marque avec cette infra­struc­ture rou­tière. Avec ce pas­sage à la nou­velle année où notre vie, tout comme notre infor­ma­tion quo­ti­dienne, était entiè­re­ment occu­pée par le coro­na­vi­rus, notre vie poli­tique locale était pas­sée au second plan ! Voi­ci notre dos­sier sur les pro­jets d’au­to­routes en zone urbaine.

« Si, mal­gré son coût exor­bi­tant, la A104 doit se concré­ti­ser, elle res­te­ra presque une nui­sance négli­geable par rap­port à tout ce qu’elle va, de toute façon, induire d’urbanisation et d’industrialisation. Des gens espèrent tirer d’énormes pro­fits de l’exploitation de la plaine d’Achères et de la boucle de Chan­te­loup. André­sy et l’Hautil n’auront plus rien à voir avec le petit coin de ver­dure pour lequel, il y a 22 ans, nous avions eu le coup de foudre. » Ce témoi­gnage date de 25 ans ; il pour­rait illus­trer aujourd’hui le sen­ti­ment géné­ra­li­sé de membres du CO.P.R.A. 184(1). Le com­bat de presque une géné­ra­tion n’est pas ter­mi­né car « un report n’est pas un aban­don ! », comme l’af­firment les oppo­sants à l’A104, dis­sé­mi­nés dans les villes de la Confluence et de la par­tie est de la Val­lée de la Seine. En outre, la popu­la­tion actuelle rejette mas­si­ve­ment ce pro­jet depuis le débat public de 2006 et conti­nue à faire trem­bler les auto­ri­tés com­pé­tentes et les élus sus­cep­tibles de vou­loir relan­cer l’autoroute urbaine pour « accroître l’attractivité de nos ter­ri­toires ». La contrainte envi­ron­ne­men­tale et le chan­ge­ment cli­ma­tique ont chan­gé la donne en la matière. Le Rap­port Duron(2) de février 2018 et les Assises de la mobi­li­té de fin 2018 ont conclu vers une alter­na­tive à la mobi­li­té : « le report des usa­gers vers les trans­ports col­lec­tifs et les solu­tions alter­na­tives » à la logique et à la poli­tique de la voi­ture indi­vi­duelle.

Un projet  « d’un autre âge »

En réa­li­té, les acteurs de ter­ri­toire ont vécu un chan­ge­ment dans la notion de dépla­ce­ments. Depuis les années 1980, nous sommes pas­sés d’une logique tech­nique vers une logique trans­ver­sale qui per­met de se dépla­cer « faci­le­ment et effi­ca­ce­ment » dans des bas­sins de vie, en nous appuyant sur des modes de dépla­ce­ment dif­fé­rents tels la voi­ture indi­vi­duelle, le vélo et la marche à pied, arti­cu­lés avec les réseaux de trans­port en com­mun (che­min de fer et bus). En 1982, la Loi d’o­rien­ta­tion des trans­ports inté­rieurs (LOTI) posait les fon­da­tions sur les­quelles ont été bâtis les sys­tèmes de trans­ports d’aujourd’hui. En 1996, la Loi sur l’air décré­tait la prio­ri­té aux trans­ports publics. En 2000, la loi rela­tive à la soli­da­ri­té et au renou­vel­le­ment urbains (SRU) a éga­le­ment per­mis de com­plé­ter l’arsenal juri­dique et de mettre en place des outils pour s’assurer d’atteindre des objec­tifs d’une mobi­li­té en phase avec des enjeux d’aujourd’hui.  Par exemple, com­ment faire pour déve­lop­per un ter­ri­toire tout en pré­ser­vant son patri­moine natu­rel et archi­tec­tu­ral ? Faut-il cher­cher un équi­libre entre l’effort pour la construc­tion de loge­ments et celui du déve­lop­pe­ment de nou­velles mobi­li­tés, met­tant en œuvre des équi­pe­ments publics néces­saires actuel­le­ment et dans le futur ?  Si des infra­struc­tures rou­tières en font par­tie, pour quel niveau de cir­cu­la­tion (local, natio­nal ou inter­na­tio­nal) doivent-elles être pré­vues ? Dans les Yve­lines, aucune de ces ques­tions n’a été abor­dée clai­re­ment dans les der­nières décen­nies.

1. Un « sau­cis­son­nage » rou­tier
C’est dans ce contexte que cer­tains élus, notam­ment le pré­sident du Dépar­te­ment des Yve­lines, Pierre Bédier, conti­nuent à œuvrer pour la construc­tion d’une auto­route A104 bis. La déci­sion de construire la dévia­tion de la RD 154 a été prise par le conseil dépar­te­men­tal le 21 décembre 2004 ; depuis cette date, Pierre Bédier n’a pas chan­gé d’avis sur la dévia­tion. Selon le site Inter­net du dépar­te­ment, les tra­vaux de la dévia­tion pour­raient com­men­cer à l’automne 2021(3). En matière d’infrastructures rou­tières, Phi­lippe Tau­tou, ancien maire de Ver­neuil-sur-Seine,  ancien conseiller dépar­te­men­tal et pré­cé­dent pré­sident de GPS&O, l’avait déjà expli­ci­té, en février 2008, à la rédac­tion du J2R : MM. Tau­tou et Bédier pré­co­ni­saient des voies de contour­ne­ment au nord et au sud des Yve­lines ! Der­niè­re­ment, en février 2021, le Dépar­te­ment des Yve­lines a fait savoir qu’un pro­jet d’au­to­route urbaine reliant l’A13 au niveau d’Epône, jusqu’au Val‑d’Oise. Cet échan­geur serait poten­tiel­le­ment construit pour relier la RD-113 à la RD-190 au niveau de la com­mune de Gar­gen­ville. Le but est de dé-satu­rer les fran­chis­se­ments sur la Seine pour un coût esti­mé à 70 mil­lions d’Euros. 

Toutes ces ini­tia­tives s’appuieraient éga­le­ment sur la créa­tion d’un nou­veau pont entre les villes d’Achères et de Pois­sy. « Pois­sy sera libé­ré de son abo­mi­nable tra­fic. De plus, ceci est un pro­jet local, il n’y a aucun rap­port entre ce pont et l’autoroute A104 »(4) Sur le papier, il n’y a aucun rap­port mais les faits sont têtus pour nous démon­trer que la logique « tout auto­mo­bile » domine encore chez les déci­deurs poli­tiques actuels.


Sché­ma de la A 104 bis selon le CO.P.R.A. 184

L’idée est de pro­lon­ger la RD 30 vers la RD 190 en pas­sant par le futur Pont d’Achères, entre Achères et Car­rières-sous-Pois­sy, et tra­ver­ser la plaine pour prendre le Pont de Triel pour ensuite débou­cher sur la rive gauche et pro­lon­ger l’infrastructure auto­rou­tière par la dévia­tion de la  RD 154. C’est une sorte de sau­cis­son­nage du « pro­lon­ge­ment de l’autoroute A 104 » en pas­sant par la boucle de Chan­te­loup(5) !  Pour l’ADIV Envi­ron­ne­ment, plus on construit de routes, plus il y a de voi­tures et si la cir­cu­la­tion s’améliore ponc­tuel­le­ment, elle empire quelques kilo­mètres plus loin. Mal­gré diverses annonces sur le déve­lop­pe­ment du vélo pour faire « éco­lo », Pierre Bédier reste fer­me­ment atta­ché à la construc­tion de nou­velles routes qui, pour lui, sont indis­pen­sables au déve­lop­pe­ment éco­no­mique. Pour les oppo­sants de la dévia­tion, c’est une vision du pas­sé.

2. Pierre Bédier veut sa dévia­tion

 Mal­gré une consul­ta­tion locale au résul­tat incon­tes­table, le chef poli­tique du dépar­te­ment per­siste et signe. (DR)

Le 9 décembre 2020, devant un par­terre d’élus de la Val­lée de la Seine, le pré­sident Bédier et le vice-pré­sident aux mobi­li­tés, Jean-Fran­çois Ray­nal, ont per­sis­té à vou­loir construire cette dévia­tion, avec l’ob­jec­tif de ter­mi­ner les tra­vaux en 2024, mal­gré l’opposition de 80 % des Ver­no­liens et le rejet clair des Ver­no­li­tains et des Cha­pe­tois.

Pen­dant ce temps de débats publics, les tra­vaux de la dévia­tion de la RD 154 n’ont pas com­men­cé dans le Bois de Ver­neuil : le pan­neau d’affichage annon­çant des coupes à l’entrée du bois ne concerne que la coupe d’arbres le long des sen­tiers pour la sécu­ri­té des pro­me­neurs  ; ce sont prin­ci­pa­le­ment des châ­tai­gniers vic­times des séche­resses des der­nières années, l’effet du dérè­gle­ment cli­ma­tique étant déjà bien visible dans les milieux fores­tiers.

Comme les habi­tants concer­nés se sont pro­non­cés contre le pro­jet, les argu­ments du dépar­te­ment ont chan­gé : il ne s’agit plus sim­ple­ment de dimi­nuer les nui­sances dans les centres-ville ; la dévia­tion de la RD 154 est de nou­veau pré­sen­tée comme un maillon d’un ensemble des­ti­né à amé­lio­rer la cir­cu­la­tion (avec la liai­son RD 30-RD 190 et la construc­tion du Pont d’Achères). Cet objec­tif de la dévia­tion n’étant abso­lu­ment pas men­tion­né sur le site Inter­net du dépar­te­ment, la véri­té nous aurait-elle été cachée ?

En ce qui concerne, l’annonce du dépar­te­ment disant qu’il ne bou­ge­rait pas d’un mil­li­mètre sa posi­tion sur la dévia­tion de la RD 154, ce n’est pas très sur­pre­nant : Pierre Bédier ne va pas aban­don­ner si faci­le­ment la par­tie, la consul­ta­tion citoyenne orga­ni­sée par les muni­ci­pa­li­tés n’ayant été que consul­ta­tive.

3. Une rhé­to­rique contes­table
Absence de bon sens et com­por­te­ment mou­ton­nier : le der­nier conseil com­mu­nau­taire de GPS&O du 10 décembre 2020, dont une vidéo a été dif­fu­sée en direct, a mon­tré le très majo­ri­taire « doigt sur la cou­ture” des élus. Il a suf­fi d’une inter­ven­tion de Pierre Bédier arguant de l’exclusive com­pé­tence dépar­te­men­tale pour dénier toute légi­ti­mi­té à la consul­ta­tion locale ! Le conseil a voté comme un seul homme, sans débat et à bul­le­tins secrets, le dépla­ce­ment en dou­ceur d’ha­bi­tants séden­ta­ri­sés, fai­sant ain­si sau­ter un des der­niers obs­tacles à la réa­li­sa­tion du pro­jet de dévia­tion de la RD 154.

Ne croyez, tou­te­fois, pas que la consul­ta­tion citoyenne a été inutile : elle a mon­tré sans ambi­guï­té l’opposition des habi­tants et a fait perdre toute légi­ti­mi­té au pro­jet. C’est un obs­tacle de plus à la construc­tion de la dévia­tion même si Pierre Bédier semble pour le moment vou­loir pas­ser en force. S’appuyant sur une rhé­to­rique contes­té et contes­table, il balaie les argu­ments des maires, qui ont légi­ti­ment posé la ques­tion dans le cadre de cette consul­ta­tion de 2020. Contrai­re­ment à ce qu’af­firme M. Bédier, la clause de com­pé­tence géné­rale des com­munes leur per­met de se pro­té­ger de l’empiétement de l’E­tat et des autres col­lec­ti­vi­tés ; depuis 2015, seules les com­munes béné­fi­cient ce ce droit(6).

Quant aux com­pé­tences des maires, M. Aufrech­ter a, évi­dem­ment, contes­té les affir­ma­tions de Pierre Bédier : la dévia­tion de la RD 145 « n’est pas dans [ses] com­pé­tences mais le pro­jet concerne la com­mune. Se faire impo­ser des pro­jets qui ne sont pas les [siens] par des col­lec­ti­vi­tés supé­rieures qui sont cen­sées être nos par­te­naires, c’est com­pli­qué à admettre. De plus, la vraie ques­tion est de savoir ce que l’on veut pour la com­mune ? Veut-on pro­té­ger des espaces boi­sés, des plaines agri­coles. [Il] ne croi[t] pas que la prio­ri­té est de défi­gu­rer le bois d’un côté et de favo­ri­ser la tra­ver­sée des poids lourds. Au contraire, il faut repen­ser la cir­cu­la­tion de manière glo­bale dans la ville et, d’ici fin 2022, la com­mune de Ver­neuil orga­ni­se­rait une grande consul­ta­tion sur la cir­cu­la­tion. »

Dans le pas­sé, les maires des deux villes, Ver­neuil-sur-Seine et Ver­nouillet, étaient d’ac­cord pour réa­li­ser cette route. Trente ans après, cer­tains maires pensent que cela ne les regarde pas ou se sont posi­tion­nés contre. « Ce contour­ne­ment est mon­tré comme la solu­tion à tous les pro­blèmes de cir­cu­la­tion ; il ne résou­drait rien mais il crée­rait des nui­sances et détrui­rait notre envi­ron­ne­ment. C’est fran­che­ment le com­bat entre l’ancien monde et le nou­veau », a conclu M. Aufrech­ter.

Constitution d’une coalition contre la déviation RD 154

« Je vais frei­ner ce pro­jet », c’est la phrase à rete­nir du dépla­ce­ment au Bois de Ver­neuil-sur-Seine, le 29 jan­vier 2021, d’Audrey Pul­var, tête de liste de la gauche aux élec­tions régio­nales. (J2R)

Le pro­jet de la construc­tion de la dévia­tion de la RD 154 est encore par­se­mé d’embûches : des pro­cé­dures régle­men­taires n’ont pas été ache­vées par le dépar­te­ment et il doit encore obte­nir des auto­ri­sa­tions, notam­ment une déro­ga­tion pour la des­truc­tion d’espèces pro­té­gées. Sur le plan poli­tique, il y a aus­si les élec­tions dépar­te­men­tales qui se dérou­le­ront a prio­ri en juin pro­chain : quelle sera la posi­tion sur la dévia­tion de la RD 154 du can­di­dat qui sera sou­te­nu par Pierre Bédier,  lors de la cam­pagne élec­to­rale ? Les villes de Ver­neuil et de Ver­nouillet repré­sentent un tiers des élec­teurs du can­ton : les oppo­sant sau­ront-ils rap­pe­ler à ce can­di­dat l’importance de son posi­tion­ne­ment sur la ques­tion(7). Que feront les maires des trois com­munes qui viennent de s’exprimer, suite à la consul­ta­tion citoyenne de 2020 ?

1. Cli­vage gauche-droite, clas­sique
Entou­rée de ses « cama­rades d’Île-de-France en Com­mun » et de membres asso­cia­tifs, Mme Pul­var a lon­gue­ment décor­ti­qué le pro­jet de dévia­tion de la RD 154, qui est au centre du bras de fer entre la tête du dépar­te­ment et les élus des trois villes qui seraient impac­tées par cette auto­route urbaine. Pour Mme Pul­var, ce pro­jet est dépas­sé et ana­chro­nique dans une région qui mérite une alter­na­tive à des poli­tiques publiques de droite clas­sique. Dans un affron­te­ment clas­sique gauche-droite, le cli­vage sur cette dévia­tion devient une réa­li­té poli­tique.

Après s’être décla­rée offi­ciel­le­ment tête de liste aux élec­tions régio­nales, Audrey Pul­var a visi­té le Bois de Ver­neuil-sur-Seine, mon­trant son oppo­si­tion au pro­jet de dévia­tion de la RD 154 qui coû­te­rait envi­ron 30 mil­lions d’euros.  Elle a mis l’accent sur le chan­ge­ment de contexte et donc de para­digme pour don­ner une orien­ta­tion éco­lo­gique à la poli­tique des dépla­ce­ments. Pour la can­di­date, les hommes et les femmes poli­tiques devraient « asso­cier les citoyens à la vie démo­cra­tique », donc aux choix stra­té­giques des ter­ri­toires. La consul­ta­tion citoyenne d’octobre 2020 a démon­tré que « le rejet [de cette dévia­tion] était una­nime ». De sur­croît, selon Mme Pul­var, il est faux de dire que « la mobi­li­té se base d’une manière pré­pon­dé­rante sur la voi­ture indi­vi­duelle, ce qui néces­si­te­rait davan­tage d’infrastructures rou­tières ». Suite à un échange avec Ber­nard Des­tombes, pré­sident de l’ADIV Envi­ron­ne­ment et Ben­ja­min Fou­gères, secré­taire de cette asso­cia­tion, Mme Pul­var a dénon­cé ce pro­jet auto­rou­tier qui détrui­rait l’environnement, notam­ment la bio­di­ver­si­té du Bois de Ver­neuil-sur-Seine.

Mme Pul­var envi­sage, si elle est élue, de « sus­pendre tota­le­ment » ce pro­jet dépas­sé et ana­chro­nique, la Région Île-de-France méri­tant une alter­na­tive à des poli­tiques publiques de droite clas­sique. Cette visite montre que le pro­jet de dévia­tion de la RD 154 est deve­nu non seule­ment un point cli­vant pour la droite clas­sique, mais un des enjeux majeurs de la pro­chaine cam­pagne pour les élec­tions régio­nales.

2. Cli­vage inter­gé­né­ra­tion­nel
Pour le maire de Ver­neuil-sur-Seine, Fabien Aufrech­ter, ce pro­jet illustre ce que l’on ne doit plus faire en 2021. « Aujourd’hui, nous sommes face à un pro­jet qui date de 60 ans ; ce pro­jet a été d’abord le pro­jet des maires. En 2004, il y avait l’unanimité pour le pro­jet, qui remonte à des pro­jets visant à urba­ni­ser le Bois de Ver­neuil qui avaient été pré­vus dans les années 60. Les choses ont évo­lué d’un seul coup, d’abord pour connaître les besoins en termes de mobi­li­tés et d’environnement dans le ter­ri­toire car à l’époque il n’y avait pas d’autres solu­tions pour désen­gor­ger le ter­ri­toire. Main­te­nant oui, donc il faut repen­ser le ter­ri­toire en pro­po­sant d’autres pro­jets comme avec Éole. Sur le plan juri­dique, le maire de Ver­neuil-sur-Seine ne peut rien faire. Si le dépar­te­ment sou­haite lan­cer la dévia­tion, il lan­ce­ra la dévia­tion. »

De plus, les maires de Ver­neuil-sur-Seine, de Ver­nouillet et de Cha­pet(9) ne sou­haitent plus ce pro­jet, ayant affir­mé avant la consul­ta­tion citoyenne de 2020 qu’ils adop­te­raient la posi­tion de la popu­la­tion. C’est le prin­ci­pal chan­ge­ment : alors que le pro­jet était, à l’o­ri­gine, celui des maires, les trois maires actuels ne défendent pas leurs propres  inté­rêts mais l’intérêt com­mun de 30 000 habi­tants.

Certes, les trois villes ne pos­sèdent pas de moyens finan­ciers ou juri­diques pour lut­ter contre le pro­jet ; expri­mant constam­ment son oppo­si­tion, M. Aufrech­ter a décla­ré que « le dépar­te­ment des Yve­lines peut éco­no­mi­ser 30 mil­lions d’euros et [il] pré­fère que cet argent soit inves­ti dans de la soli­da­ri­té, dans de l’aide sociale et la san­té que dans une route inutile. C’est une ques­tion de vision et bien sûr la ville va s’engager pour nous faire entendre. »

Le maire de Ver­neuil s’oppose ain­si fron­ta­le­ment au pré­sident du Dépar­te­ment des Yve­lines sur ce dos­sier épi­neux et par­ti­cu­liè­re­ment poli­tique. Selon le rap­por­teur, si l’on reprend les enquêtes par­cel­laires de 2003 et 2004, on se rend compte qu’il y aurait, para­doxa­le­ment, tout inté­rêt d’a­ban­don­ner le pro­jet de piste cyclable tout au long de la RD 154 car la plus grande lar­geur de la route impli­que­rait de cou­per plus d’arbres ! Cepen­dant, une ques­tion impor­tante reste : « Quelle est la vision éco­lo­gique sur tout le ter­ri­toire ? ». Le maire de Ver­neuil n’est, évi­dem­ment, pas « contre l’utilisation de la voi­ture car des routes il en faut mais c’est de savoir quel ter­ri­toire nous vou­lons ». Pour M. Aufrech­ter, une vision éco­lo­gique, une vision prag­ma­tique, une vision où l’on déve­loppe les mobi­li­tés douces, c’est pos­sible. Il y a des contre-pro­po­si­tions pos­sibles et ima­gi­nables.

Si l’on mesure la lar­geur de la route exi­tante et la lar­geur de celle pré­vue dans le pro­jet, on se rend compte qu’il est ques­tion de faire une large coupe dans les bois. Concrè­te­ment ce ne serait pas une route de pas­sage local mais un détour­ne­ment fait pour les camions ! 

Quant aux mesures com­pen­sa­toires, a sou­li­gné M. Aufrech­ter, « on ne demande pas de com­pen­ser à l’autre bout du ter­ri­toire mais de com­pen­ser sur le sec­teur. La meilleure manière de ne pas com­pen­ser c’est de ne pas faire un détour­ne­ment ».

3. Le bloc asso­cia­tif éco­lo­gique
Bien avant la consul­ta­tion citoyenne de 2020, le front com­mun des asso­cia­tions s’était oppo­sé aux auto­routes urbaines. L’ADIV Envi­ron­ne­ment à Ver­neuil, Bien Vivre à Ver­nouillet, Bien Vivre à l’Hautil, Triel Envi­ron­ne­ment, entre autres, se sont appuyés sur le savoir-faire et la com­ba­ti­vi­té du CO.P.R.A. 184. Cette der­nière a fait recu­ler plu­sieurs ministres et des élus qui vou­laient relan­cer l’A104, notam­ment le « tra­cé vert » choi­si par l’Etat en 2006. Par une mobi­li­sa­tion constante, les res­pon­sables asso­cia­tifs ont pré­ci­cé les rai­sons de leur refus : la triple aber­ra­tion, éco­no­mique (3,2 M€ pour 22 km), envi­ron­ne­men­tale et sani­taire. Même si l’on est conscient que le report du pro­jet de l’A104 n’équivaut pas à son annu­la­tion, le temps joue favo­ra­ble­ment pour les adver­saires de la logique « tout auto­route ». Dans sa der­nière prise de posi­tion, le CO.P.R.A. 184 a pré­ve­nu : « Dan­ger ! L’autoroute A 104 bis arrive dans nos villes ». Il s’agit de la liai­son RD 30 – Pont d’Achères – RD 190 – Pont de Triel – dévia­tion de  la RD 154, qui relie­rait Achères aux Mureaux ou à Orgeval jus­qu’à l’A13. Pour ce bloc asso­cia­tif, « ce pro­jet est une catas­trophe envi­ron­ne­men­tale et sani­taire pour tous les habi­tants d’Andrésy, Car­rières-sous-Pois­sy, Chan­te­loup-les-Vignes, Orgeval, Triel-sur-Seine, Ver­neuil-sur-Seine, Ver­nouillet et Villennes-sur-Seine, qui subi­ront, de plein fouet, le bruit, et la pol­lu­tion atmo­sphé­rique sup­plé­men­taires des nou­veaux flux de véhi­cules (voi­tures indi­vi­duelles et très nom­breux poids lourds) cir­cu­lant entre le Val d’Oise et les Yve­lines. »(10) Au contraire, les asso­cia­tions com­battent contre les auto­routes en zones urba­ni­sées dont l’A104 bis, reven­di­queant une mul­ti­pli­ca­tion des modes de trans­port alter­na­tifs au tout rou­tier  et pré­co­ni­sant une amé­lio­ra­tion du réseau exis­tant avec des amé­na­ge­ments peu chers.

Faut-il attendre une décision de la prochaine majorité départementale ?

Lors du vote au conseil com­mu­nau­taire de Grand Paris Seine & Oise sur l’action fon­cière dans le mas­sif, cer­tains vil­lages ne connais­saient pas le pro­jet de la dévia­tion de la RD 154 ; de plus, il y a une logique de groupe majo­ri­taire du conseil dépar­te­men­tal,  le pré­sident étant sou­te­nu par les maires membres du même groupe poli­tique. Il faut rete­nir que ce ne sont pas 42 oppo­sants contre 75 pour mais 42 oppo­sants et 20 abs­ten­tions car M. Aufrech­ter avait « appe­lé les per­sonnes pré­sentes à s’abstenir » ; donc c’est 62 contre 75. Il y a un vrai débat qui n’est pas tran­ché. De  plus, ce vote n’était pas pour ou contre la dévia­tion de la RD 154 mais sur l’enquête publique visant à relo­ger, sur des ter­rains fami­liaux, des per­sonnes qui habitent sur le tra­cé actuel.

Selon M. Aufrech­ter, il y a des remous dans le groupe majo­ri­taire car [il] a reçu « des encou­ra­ge­ments de la part de per­sonnes pour­tant très proches de l’actuel pré­sident du conseil dépar­te­men­tal. Ils ne peuvent pas s’exprimer publi­que­ment mais com­prennent ma posi­tion et eux-mêmes ne sont pas tota­le­ment satis­faits. Ce dos­sier est beau­coup plus cli­vant que l’on peut ima­gi­ner. »

Le pro­blème à  résoudre ne concerne pas seule­ment le centre de Ver­neuil-sur-Seine mais la cir­cu­la­tion glo­bale, en pre­nant compte des besoins de mobi­li­té nou­veaux. Il fau­drait amé­na­ger mais autre­ment en reva­lo­ri­sant des axes et des ter­ri­toires. Par exemple, la base de loi­sirs à Ver­neuil-sur-Seine est à redy­na­mi­ser et peut deve­nir un « dia­mant vert aux portes de Paris ».

Pour­tant, imper­tur­bable, mal­gré une consul­ta­tion au résul­tat incon­tes­table, la majo­ri­té des élus de GPS&O et le chef poli­tique du dépar­te­ment, qui siège éga­le­ment au conseil com­mu­nau­taire, per­sistent à rendre pos­sible un pro­jet très ancien, dont on a presque oublié la rai­son  et dont presque plus per­sonne ne veut, n’en com­pren­nant pas l’u­ti­li­té. Per­sonne ne repro­che­ra à cet élu, pré­sident du conseil dépar­te­men­tal de 2005 à 2009 et depuis 2014, de pour­suivre sa conver­sion tar­dive et inté­res­sée à l’écologie !(11) Jamais deux sans trois dit le pro­verbe : il y eut naguère l’abandon d’un pro­jet de cir­cuit de For­mule 1, plus récem­ment le retrait à contre cœur du pro­jet de très large exten­sion d’une car­rière d’un déci­dé­ment trop ingrat cimen­tier. Il ne lui reste plus qu’à en finir avec un tron­çon d’au­to­route urbaine par­fai­te­ment inutile !

La mou­ve­ment Smart city obéit-il à la pla­ni­fi­ca­tion stra­té­gique ?

Notes

1. Col­lec­tif pour la pro­tec­tion des Rive­rains de l’Autoroute A184 deve­nue l’A104. Pro­pos de Pierre Ges­nel, un des fon­da­teurs du col­lec­tif anti-A104 qui « ne vou­lait pas sa chère cam­pagne pro­mise aux bull­do­zers… ».
2. Phi­lippe Duron est le pré­sident du Conseil d’o­rien­ta­tion des infra­struc­tures, char­gé d’é­ta­blir des prio­ri­tés dans les choix d’in­ves­tis­se­ment dans les trans­ports pour les vingt pro­chaines années
3. Consul­ter le site du dépar­te­ment.
4. Nou­velles des Deux Rives, n° 75, février 2008, page 3
5. Michel Cullin, ancien pré­sident de l’ADIV Envi­ron­ne­ment a été le pre­mier a dénon­cer ce sau­cis­son­nage rou­tier lors de l’AG du 5 avril 2014.
6. Lire l’ar­ticle L.2121–29 Code Géné­rale des Col­lec­ti­vi­tés Ter­ri­to­riales : https://www.vie-publique.fr/fiches/20105-quest-ce-que-la-clause-generale-de-competence
7. Le pro­jet de la dévia­tion de la RD 154, ache­vons-le ! Site J2R, 31 août 2020. (URL)
8. Ibid.
9. La lettre aux Cha­pe­tois de leur maire : https://www.chapet.fr/wp-content/uploads/2020/12/Lettre-aux-Chapetois.pdf
10. Tract du CO.P.R.A. 184 en date de décembre 2020.
11. https://actu.fr/ile-de-france/gargenville_78267/yvelines-pierre-bedier-part-guerre-contre-cimentiers_30839672.html

 

 

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Municipales 2020

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