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Quatre romans essentiels d’Octave Mirbeau, le « lyrique à rebours », publiés dans la collection Bouquins

par | 25 octo­bre 2020 | Cul­ture

Octave Mir­beau est l’au­teur du Jour­nal d’une femme de cham­bre (à droite Jeanne More­au dans le rôle de Céles­tine, pho­to prise au cours du tour­nage du film de Luis Buñuel) (DR)

Octave Mir­beau (1848–1917) est un écrivain majeur qui occupe une place à part dans la lit­téra­ture. Con­nu pour ses romans mais aus­si pour son œuvre dra­ma­tique et ses red­outa­bles tal­ents de chroniqueur ; ses prin­ci­paux romans vien­nent d’être pub­liés ensem­ble chez Robert Laf­font dans l’édition d’un très gros vol­ume (1440 pages !) de la col­lec­tion Bouquins. 

Cette remar­quable édi­tion cri­tique, annotée et com­men­tée par Pierre Glaudes, pro­pose qua­tre romans de celui qu’Emile Zola qual­i­fi­ait de « jus­tici­er » : Le jardin des sup­plices, Le Jour­nal d’une femme de cham­bre, La 628-E8 et Din­go, qui con­stituent une grande par­tie de son œuvre romanesque. Après « L’imprécateur au cœur fidèle », « Le grand démys­tifi­ca­teur » et « Le pro­lé­taire de la plume », selon Pierre Michel ou encore « Le gen­tle­man vit­ri­oleur » selon Alain (Georges) Leduc, Pierre Glaudes qual­i­fie Octave Mir­beau « Le lyrique à rebours ». En effet, con­nu pour ses sym­pa­thies anar­chistes, Octave Mir­beau est un écrivain engagé. Il a com­bat­tu l’an­tisémitisme, le nation­al­isme, le colo­nial­isme, toutes les formes de dom­i­na­tion qui asservis­sent l’in­di­vidu, sujets d’indig­na­tion qui intéressent notre temps et nous inci­tent à redé­cou­vrir cette œuvre sous dif­férents aspects.

Rompre

Avec Le Jardin des sup­plices (1899), il invente une forme romanesque qui rompt avec les con­ven­tions de la cohérence nar­ra­tive et de la vraisem­blance. Ce texte offre un assem­blage de morceaux dis­parates dans lequel la styl­i­sa­tion du réel en dévoile, par-delà les apparences, les aspects grotesques ou mon­strueux. Mir­beau y adopte, après l’avoir longtemps cher­ché, le mode satirique qui va désor­mais faire de ses romans l’ex­pres­sion de son engage­ment pas­sion­né dans les luttes de son époque.

Dénoncer

Le Jardin des sup­plices et Le Jour­nal d’une femme de cham­bre (1900) sont autant d’al­lé­gories qui, en pleine affaire Drey­fus, ren­voient à la France antidrey­fusarde sa pro­pre image hal­lu­cinée sous un jour cré­pus­cu­laire. Dans ce pseu­do-jour­nal intime, Céles­tine dresse le réquisi­toire de maîtres qui pensent après un vol que « quand on boit le vin des maîtres… on est capa­ble de tout… »

Parodier

Quelques années plus tard, La 628-E8 (1907), par­o­die d’un réc­it de voy­age en auto­mo­bile à tra­vers l’Eu­rope du Nord, est l’oc­ca­sion de vio­lentes charges con­tre le colo­nial­isme belge, le mil­i­tarisme, le nation­al­isme bar­résien, la ger­manopho­bie. En 1913 enfin, Din­go, pseu­do-réc­it de for­ma­tion où un chien refait para­doxale­ment l’é­d­u­ca­tion de son maître, offre un tableau féroce de la France rad­i­cale. « Une œuvre étrange, dont l’art vigoureux et sub­til séduit l’imagination ».

Ces qua­tre romans mon­trent com­bi­en Octave Mir­beau mérite d’être con­sid­éré comme le réno­va­teur du roman satirique dans la tra­di­tion de Ménippe, le philosophe cynique. N’ou­blions pas, comme nous le rap­pelle son con­tem­po­rain Emile Zola, qu’il fut aus­si ce « jus­tici­er » com­patis­sant, qui avait « don­né son cœur aux misérables ».


Octave Mir­beau — Le Jardin des sup­plices et autres romans
Pierre Glaudes (directeur, présen­ta­tion) ; col­lec­tion : Bouquins ;
1440 pages ; 32 €

Adress­es

Pierre Michel > https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Michel_(%C3%A9crivain)
Alain (Georges) Leduc > http://editions-libertaires.org/?p=1147
Pierre Glaudes, his­to­rien > https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Glaudes

Le jardin des sup­plices > http://mirbeau.asso.fr/dicomirbeau/index.php?option=com_glossary&id=682
Le Jour­nal… > http://mirbeau.asso.fr/dicomirbeau/index.php?option=com_glossary&letter=L&id=529
La 628 E8 > http://mirbeau.asso.fr/dicomirbeau/index.php?option=com_glossary&letter=L&id=606
Din­go > http://mirbeau.asso.fr/dicomirbeau/index.php?option=com_glossary&letter=D&id=272

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