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Logement : les maires de grandes villes demandent des moyens
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Le pass Culture, une fausse bonne idée à ne pas creuser
L’idée d’un pass Culture pour les jeunes fait partie des marronniers des élections. Séduisante sur le papier, elle s’accompagne rarement d’un succès durable, estiment Patrick Bloche et François de Mazières. Son coût est de surcroît prohibitif. L’idée de le déployer plus largement serait une hérésie alors que, par ailleurs, les arts vivants sont en crise et notre patrimoine manque de moyens.
Dans le JDD du 2 août 2020, le président de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale cosignait avec le délégué général du mouvement des Jeunes avec Macron une tribune proposant la relance du pass Culture, en l’étendant aux activités sportives et en transformant le versement unique de 500 euros à 18 ans en trois versements annuels de 300 euros à 16, 17 et 18 ans. De la part du premier signataire, cette proposition étonne. Son premier réflexe n’aurait-il pas dû être d’évoquer le bilan de l’opération ?
L’idée d’un pass Culture pour les jeunes fait en effet partie des marronniers des élections, qu’elles soient présidentielles ou locales. Séduisante sur le papier, elle s’accompagne rarement d’un succès durable, son coût étant prohibitif par rapport à ses effets réels sur l’accès de tous à la culture. C’est ce qui a conduit à une certaine prudence pour mettre en oeuvre l’engagement de campagne du président Macron. Mais l’expérimentation mise en place s’est faite dans la douleur avec, à la clé, une controverse quant aux montants versés aux responsables du développement du projet et des résultats peu convaincants. En effet, faute de moyens suffisants, les entreprises culturelles et les collectivités locales ont dû être sollicitées par l’Etat. Que nous proposent les deux signataires de la tribune, sautant cette étape du bilan ? Tout simplement une généralisation, faisant passer le coût annuel de la mesure à plus de 700 millions d’euros par an.
Aucun chiffre n’est mentionné dans leur proposition. Pourtant, le calcul est simple : le coût annoncé pendant la campagne était évalué à 400 millions d’euros par an, en multipliant le nombre de jeunes dans leur dix-huitième année par 500 euros. Si l’on passe à un système où trois classes d’âges (16, 17 et 18 ans) reçoivent 300 euros, le coût est porté à 720 millions par an, c’est-à-dire deux fois plus que la totalité des crédits du ministère de la Culture affectés aux monuments historiques et quasiment autant que la totalité des crédits consacrés aux artistes et à la création. Dès lors, on a envie de reprendre le raisonnement sur de bonnes bases.
Est-ce aujourd’hui la priorité de consacrer 720 millions à une mesure, dont l’impact sur les pratiques culturelles des jeunes est pour le moins incertain, au moment où notre patrimoine manque cruellement de moyens et où les arts vivants subissent une crise jamais vue ? Clairement non. On peut en effet facilement imaginer que les jeunes de cette classe d’âge seront plus enclins à s’acheter un billet pour un match de football, dont les coûts sont souvent élevés, ou à payer leur entrée dans un équipement sportif, plutôt que d’aller s’acheter des livres ou une place de théâtre. Cette proposition est non seulement un gouffre financier mais elle pourrait signer la mort du pass à vocation culturelle.
Dès lors, interrogeons-nous sur les vraies priorités pour relancer la culture. Pour le spectacle vivant, une très bonne mesure a été prise en urgence, celle de sauver le régime des intermittents. Il faut maintenant sauver les institutions elles-mêmes, les théâtres, les salles de concerts… Le monde des musées est lui aussi en pleine déroute. Leur modèle économique repose depuis quelques années essentiellement sur la croissance de leurs recettes propres et ils doivent faire face à des pertes vertigineuses. Cette crise est l’occasion de s’interroger sur le modèle même de leur développement. Peut-on en effet toujours compter sur l’augmentation du public, alors que ces lieux fragiles arrivent clairement à saturation ?
Sur la situation du patrimoine, Stéphane Bern a suffisamment évoqué avec talent la situation dramatique dans laquelle il se trouve pour ne pas en rajouter. Quant à la formation artistique, fondement même de notre vie culturelle, hélas trop souvent passée sous silence, celle-ci fuit aujourd’hui de partout, car la décentralisation s’est arrêtée en chemin. Les villes, en bout de chaîne institutionnelle, se trouvent aujourd’hui seules à faire face à des dépenses jadis partagées avec l’Etat, les régions et les départements, alors même que les communes sont elles-mêmes confrontées à des baisses dramatiques de leurs recettes.
En réalité, le mérite de cette tribune est de rappeler l’importance de la culture et d’appeler à une réflexion sur les moyens à lui consacrer pour faire face à cette crise historique qui menace tous les professionnels des institutions de ce secteur.
François de Mazières est maire de Versailles, ancien député
Patrick Bloche est adjoint à la maire de Paris, député honoraire
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