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Faire renaître la démocratie ou la voir périr !

par | 1 octobre 2020 | Poli­tique, Ver­neuil-sur-Seine

Le 25 sep­tembre au Com­plexe Fran­çois-Pons de Ver­neuil-sur-Seine, on a assis­té à un débat démo­cra­tique sans pré­cé­dent dans le nord des Yve­lines. (DR)

La France et les Etats-Unis d’A­mé­rique ont tou­jours été regar­dés comme des phares démo­cra­tiques depuis leurs révo­lu­tions au XVIIIe siècle. « Au XXIe siècle, la démo­cra­tie a déraillé », disent cer­tains. Il est temps que les citoyens prennent en main leur des­tin !

Fran­cis Fukuya­ma annon­ça, en 1992, la fin de l’Histoire, coïn­ci­dant, selon lui, avec l’installation de la démo­cra­tie dans un monde glo­ba­li­sé et régi par un sys­tème éco­no­mique basé sur le libre échange, syno­nyme de la mon­dia­li­sa­tion. La chute du bloc com­mu­niste et l’intégration de la Chine dans ce monde glo­ba­li­sé ont confor­té cette thèse.

Quels que soit le temps et l’espace, des socié­tés se sont orga­ni­sées pour défi­nir les rap­ports (équi­tables ?) d’ordre social et éco­no­mique. La démo­cra­tie est la forme de gou­ver­ne­ment sous laquelle le peuple légi­ti­mise, à la base, le bien fon­dé de ces rap­ports qui peuvent évo­luer dans le temps. La notion de sou­ve­rai­ne­té est pri­mor­diale pour vali­der ou non les prin­cipes en usage dans des socié­tés dites démo­cra­tiques. 

Or, les deux concepts fon­da­teurs de la moder­ni­té, la démo­cra­tie et le capi­ta­lisme, sont en crise. La démo­cra­tie l’est par­ti­cu­liè­re­ment(1), voire, argu­mentent cer­tains, en dan­ger ; tan­dis que d’autres pré­disent la fin du capi­ta­lisme(2) dans les pro­chaines décen­nies ! Néan­moins, res­tons sur le fait démo­cra­tique dans nos socié­tés occi­den­tales contem­po­raines.

Quant au concept démo­cra­tique, tous s’accordent à sou­li­gner son affai­blis­se­ment, voire sa fin, en rai­son de la mise en cause des idées fon­da­trices qui l’ont créé car l’état de droit souffre de plus en plus d’exception. Le hia­tus s’accroît entre les gou­ver­nés et les gou­ver­nants, met­tant en cause la légi­ti­mi­té de la repré­sen­ta­tion natio­nale ; de nou­velles pra­tiques déma­go­giques, voire popu­listes, ébranlent des ins­ti­tu­tions qui avaient été éri­gées avec le déve­lop­pe­ment démo­cra­tique. Cer­tains com­por­te­ments ont enta­ché le fait démo­cra­tique : le débat entre MM. Trump et Biden, dans le cadre de la cam­pagne pré­si­den­tielle amé­ri­caine, a déraillé par sa vio­lence ver­bale, par l’ab­sence d’ar­gu­ments de la part du pré­sident sor­tant et, sur­tout, par le déni­gre­ment de son adver­saire. Pire, Trump a détruit l’i­déal démo­cra­tique amé­ri­cain ! Désor­mais, la vio­lence prime, au risque de faire voler en éclats les ins­ti­tu­tions for­gées par les Foun­ding fathers, tels Ben­ja­min Frank­lin, Tho­mas Jef­fer­son et James Mon­roe.

Il semble loin le temps où ces fon­da­teurs  s’ins­pi­raient de l’é­poque des Lumières en France pour mettre en place leur rêve amé­ri­cain. Nous aus­si, nous tra­ver­sons des épreuves dans nos pra­tiques démo­cra­tiques. Les Gilets jaunes, l’ab­sence d’é­coute des gou­ver­nants et la pré­ca­ri­té ambiante nous inter­rogent sur la légi­ti­mi­té de ces gou­ver­nants et des pré­ten­dus « pre­miers de cor­dée ».  Outre les pro­messes non tenues dans un monde poli­tique de plus en plus cynique et violent, les  mau­vais exemples se mul­ti­plient : la cor­rup­tion, le clien­té­lisme, l’ab­sence de concer­ta­tion, l’autoritarisme dans cer­tains fiefs locaux…

Pour sur­mon­ter ces obs­tacles à la démo­cra­tie, c’est au niveau com­mu­nal que revient la mis­sion démo­cra­tique. Le cas du pro­jet de dévia­tion de la RD 154 per­met d’illus­trer ce que nous pou­vons faire de mieux : échan­ger, débattre, écou­ter et nous faire entendre par nos repré­sen­tants dans le but de for­ger un inté­rêt géné­ral dans un temps long. Depuis 2015, des mani­fes­ta­tions ont eu lieu ; des élus sont deve­nus inat­tei­gnables dans leurs tours d’i­voire ! Se croyant intou­chables, ils sont sor­tis par la petite porte. Reste le ren­dez-vous de 2021 pour pas­ser à une ère démo­cra­tique.

Le débat du 25 sep­tembre sur l’é­ven­tuel contour­ne­ment de Ver­nouillet et de Ver­neuil par la RD 154 a per­mis aux citoyens de se sai­sir de la ques­tion et de com­prendre les enjeux de demain. On nous parle de fin de l’histoire, au nom de la démo­cra­tie ; nous sommes plu­tôt dans une his­toire sans fin. En fait, la démo­cra­tie n’est pas finie car elle n’est par­faite nulle part. En effet, « elle n’existe et n’a jamais exis­té, ici ou là, sous une forme défi­ni­tive et comme une iden­ti­té », a phi­lo­so­phé Fré­dé­ric Worms. Avec un peu de chance (3), c’est un pro­ces­sus qui peut et doit fonc­tion­ner selon les volon­tés des citoyens actifs, s’ils arrêtent d’être dans une pas­si­vi­té des­truc­trice pour la socié­té en géné­ral. La démo­cra­tie peut encore nous sur­prendre, être inven­tive et orien­ter les citoyens vers de meilleures ins­ti­tu­tions qui  seraient en phase avec les attentes de tous et éri­ge­raient des rap­ports équi­tables entre les gou­ver­nants et les gou­ver­nés.

Notes

  1. Fré­dé­ric Worms, Les mala­dies chro­niques de la démo­cra­tie, Ed. Des­clée de Brou­wer, 2017, 254 pages.
  2. Le capi­ta­lisme, est-il voué à mou­rir ? Emis­sion sur France Culture :  https://www.franceculture.fr/emissions/de-cause-a-effets-le-magazine-de-lenvironnement/le-capitalisme-est-il-voue-a-mourir?utm_medium=Social&utm_source=Facebook&fbclid=IwAR3Ui-NH9zouE7-AQLpdAOcUJhw7WaomS4np4_GdigUUOwi5jzukBx4XMWc#Echobox=1599295142
  3. The Decline and Rise of Demo­cra­cy : A Glo­bal His­to­ry from Anti­qui­ty to Today David Sta­sa­vage. Prin­ce­ton Uni­ver­si­ty Press ; 424 pages ; 35 $ ou 30 £. L’auteur attri­bue l’émergence de la démo­cra­tie à l’histoire et à une sorte de déter­mi­nisme géo­gra­phique !

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