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« L’Amérique : la facture », le cataclysme Donald Trump analysé par le journaliste Jean-Luc Hees

par | 8 octobre 2020 | Culture, Poli­tique

L’au­teur nous a accor­dé le 12 octobre une inter­view à Paris. (DR)

 L’ancien direc­teur de Radio France et de la radio France Inter, Jean-Luc Hees, publie l’ouvrage coup de poing L’Amérique : la fac­ture. Ce livre tire un bilan cynique de l’administration Trump et invite à une pers­pec­tive loin­taine d’un renou­veau des États-Unis.

En France, le minis­tère de la San­té pré­co­nise de man­ger cinq fruits et légumes par jour. Aux États-Unis, twee­tez cinq fake news par jour et buvez de l’eau de Javel pour tuer le virus. « Amou­reux » des États-Unis, l’auteur de cet ouvrage a débu­té sa car­rière à Washing­ton, consa­crant au gré de l’actualité un volume de réflexion impor­tant à l’Oncle Sam. En 2018 Trump Fic­tion parais­sait en librai­rie : il a réité­ré, la même année, avec Ces psy­cho­pathes qui nous gou­vernent. « Il a la qua­li­té d’avoir réus­si à se faire élire, le seul élé­ment posi­tif éma­nant de sa per­son­na­li­té. Le reste du temps il joue avec le monde tel qu’il le ferait avec une boîte d’allumettes », ana­lyse-t-il, la voix rauque fil­trant à tra­vers un masque. Les états fédé­rés des années quatre-vingt, paran­gon d’un art de vie, dont il admet une lit­té­ra­ture, un ciné­ma et des débats oppo­sant démo­crates et répu­bli­cains sont deve­nus impos­sibles.

Incohérence et tweet compulsif

Durant quatre ans, le pré­sident amé­ri­cain aura pos­té entre cin­quante-mille et soixante-mille mes­sages sur Twit­ter, basant sa com­mu­ni­ca­tion sur une aver­sion des médias. Peu après son élec­tion, il a juré solen­nel­le­ment, la main sur la bible d’Abraham Lin­coln, de res­pec­ter les textes fon­da­teurs. Démar­rant sa man­da­ture dans une Amé­rique divi­sée, Donald Trump a frac­tu­ré davan­tage encore son pays ; les séquelles de ce cli­vage ont plon­gé les États-Unis dans une crise sociale, éco­no­mique et sani­taire sans pré­cé­dent. « L’instrumentalisation de la radi­ca­li­sa­tion sous Trump ne per­met plus les dis­cus­sions, pour­tant le Sénat et la Chambre des repré­sen­tants déli­bé­raient entre elles avant », a ajou­té Jean-Luc Hees, ache­vant sa réflexion ain­si : « Avec Trump, l’impossible devient réa­li­sable ».

D’après une étude amé­ri­caine, le sys­tème actuel per­met à un amé­ri­cain sur trois de béné­fi­cier d’un emploi dont le salaire assure une qua­li­té de sur­vie face au virus. L’im­pos­si­bi­li­té du télé­tra­vail et une pro­tec­tion insuf­fi­sante sont le lot quo­ti­dien du même pour­cen­tage, un amé­ri­cain sur trois.

« Law and disorder »

Le sys­tème col­lé­gial de vote par les grands élec­teurs a per­mis l’arrivée d’un popu­liste. La struc­ture de la Consti­tu­tion amé­ri­caine aurait per­mis d’empêcher l’arrivée d’un tel can­di­dat. L’abrogation de textes de loi, la dia­bo­li­sa­tion des médias, la dési­gna­tion d’un enne­mi com­mun sont autant de traits com­muns du popu­lisme repris outre-atlan­tique. Une vague popu­liste a défer­lé dans le Monde : inves­ti­ture du pré­sident Jair Bol­so­na­ro au Bré­sil,  octroi de pleins-pou­voirs par Vik­tor Orban, res­tric­tion des liber­tés impo­sés par le pré­sident tchét­chène, Ram­zan Kady­rov…

Les mani­fes­ta­tions qui ont ébran­lé le pays lors de la mort de Georges Floyd ont obte­nu pour réponse « l’Insurrection Act », un couvre-feu immé­diat dans cinq états pro­tes­ta­taires et la menace d’un recours à l’armée fédé­rale. Alors que l’État amé­ri­cain payait l’un des tri­buts les plus éle­vés au Covid-19, Donald Trump  a pré­co­ni­sé de boire de l’eau de Javel et a gelé 20 % des cré­dits alloués à l’OMS.

L’OMC, l’ONU, l’Accord de Paris, le Conseil des droits de l’homme sont des ins­tances désor­mais ban­nies du voca­bu­laire trum­piste. Le dés­in­té­rêt mani­feste de la poli­tique étran­gère bro­carde la Mai­son Blanche et sa répu­ta­tion trans­na­tio­nale. L’état-major amé­ri­cain a été ques­tion­né à de mul­tiples reprises sur la néces­si­té de pos­sé­der l’arme ato­mique, si elle demeure inuti­li­sée.

Le loca­taire de la Mai­son Blanche a été élu et main­te­nu au pou­voir en ayant inté­gré les angoisses du peuple amé­ri­cain. Son pro­gramme pro­tec­tion­niste masque l’érosion d’un défi­cit com­mer­cial face à la Chine. Fai­sant fi du sys­tème de pro­tec­tion des accords de Bret­ton Woods, du Gatt, Donald Trump invec­tive Pékin mais aus­si la France qui réclame une taxe de 3 % des béné­fices qu’engrangent les GAFAM. Dési­gnant le vieux conti­nent sous le qua­li­fi­ca­tif « Europe alle­mande », celui-ci consi­dère les États-Unis comme une menace posi­tion­née avant la Corée du Nord, la Tur­quie et la Rus­sie. Donald Trump entre­tient, par ailleurs, des liai­sons dan­ge­reuses avec la Rus­sie, l’Arabie Saou­dite, le Yémen, ren­for­çant l’apolarité du monde. « Le 4 novembre, Donald Trump sera pro­ba­ble­ment bat­tu mais le Trum­pisme conti­nue­ra de per­du­rer », pro­nos­tique Jean-Luc Hess. 38 % des amé­ri­cains jugent satis­fai­sante la poli­tique de Donald Trump, qui se déleste d’une fac­ture salée, l’Amérique, davan­tage appré­ciée lorsqu’elle est impayée.

Un récit avec didactisme

 L’ouvrage de Jean-Luc Hees est acces­sible aux lec­teurs pas­sion­nés des États-Unis, mais éga­le­ment aux néo­phytes. Il est appré­ciable mais pas néces­saire d’avoir des connais­sances contex­tuelles pour en sai­sir les infor­ma­tions essen­tielles. Cer­tains faits d’actualité tels que la pro­cé­dure d’impeach­ment et la guerre com­mer­ciale sino-amé­ri­caine n’auront échap­pé à aucun, décor­ti­qués au fil des cha­pitres. La poli­tique popu­liste et ses ravages per­mettent la visua­li­sa­tion des futurs enjeux géo­po­li­tiques de la pre­mière puis­sance mon­diale.  Le lec­teur est absor­bé, rapi­de­ment, par cette œuvre lit­té­raire, dotée d’un style soi­gné et d’une nar­ra­tion expli­ca­tive. L’auteur, dont le par­ti pris est mani­feste, jus­ti­fie son récit avec didac­tisme par un paral­lèle entre les textes fon­da­teurs et l’administration trum­pienne. Quelques répé­ti­tions peuvent être notées au fil des cha­pitres, pro­ba­ble­ment pour main­te­nir en alerte le le lec­to­rat. Il ne s’agit pas d’une enquête jour­na­lis­tique ou du fait d’un lan­ceur d’alerte, tel que Edouard Snow­den avec Mémoires Vives et Bob Wood­ward, auteur de Fear and Fury. Ce livre constate l’accablement géné­ral d’une man­da­ture sur le point de s’achever, dont la chute humaine est plu­tôt bou­le­ver­sante, n’appartenant pas au domaine de la fic­tion.

 

L’A­mé­rique : la fac­ture de Jean-Luc Hees, Edi­tions Baker Street, octobre 2020, 312 pages.

 

Pour com­man­der le livre, contac­tez votre libraire ou bien le Furet du nord : https://www.furet.com/livres/l‑amerique-la-facture-jean-luc-hees-9782917559758.html

 

 

 

 

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