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Journal des 2r : 1/4/23(GPSeO, Aubergenville, Epône, Meulan, Mureaux, Poissy, Triel, Verneuil, manif, sports, breakdance…)

Edi­tion d’avril 2023 du “Jour­nal des 2r” qui fut tournée dans le stu­dio de la Webtélé 2r situé aux Mureaux. Cette émis­sion a pour présen­ta­teur Damien Delerin, rédac­teur et chroniqueur pour le…

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La langue française, mise à mal pendant la crise sanitaire

par | 17 mai 2020 | Cul­ture

Dans la péri­ode du con­fine­ment, alors que l’ex­er­ci­ce de la dic­tée a été très pra­tiqué, nous avons pu voir que notre langue était mal maîtrisée et qu’elle avait subi divers “out­rages”.

Nous avons relevé des angli­cismes inutiles, un néol­o­gisme affreux, des expres­sions inadap­tées, de mul­ti­ples fautes des inter­nautes et, même, du gouvernement !

Pour occu­per leur temps de nom­breux citoyens, plus ou moins jeunes, ont fait des dic­tées en ligne et à la télévi­sion pen­dant leur con­fine­ment. C’est ce qu’ont remar­qué divers médias, notam­ment 20 min­utes, qui a com­mencé ain­si son article(1) : “Feuille et sty­lo en main devant l’écran ! Depuis le début du con­fine­ment, les Français ont révisé comme jamais leurs règles de gram­maire et d’orthographe. Plus d’1,75 mil­lion d’amoureux de la langue française ont suivi la dic­tée lue par Edouard Baer dans l’émission Tous prêts pour la dic­tée ce mer­cre­di après-midi sur France 3. Les red­if­fu­sions des mythiques dic­tées de Bernard Piv­ot sur la page Face­book de l’INA ont séduit de nom­breux inter­nautes tout comme La Dic­tée géante de l’écrivain Rachid San­ta­ki. Pourquoi un tel engoue­ment pour cet exer­ci­ce beau­coup red­outé à l’école pen­dant le con­fine­ment ?”. C’est un exer­ci­ce qu’au­raient dû faire des jour­nal­istes, de nom­breux inter­nautes et, même, des rédac­teurs de com­mu­niqués du gouvernement.

La crise sanitaire en quelques mots

Clus­ter
Pen­dant quelques jours, des jour­nal­istes se sont “gar­garisés” avec ce mot, pen­sant qu’il leur don­nerait un air de “sachant” à défaut d’être savant. Après quelques jours, ils se sont ren­du compte que ce mot, sig­nifi­ant couram­ment groupe, regroupe­ment ou ensem­ble, avait un excel­lent équiv­a­lent français dans le con­texte d’une pandémie : foy­er (de con­ta­gion). Dans la dernière semaine du con­fine­ment, ce terme est, néan­moins, réapparu.

Notre inter­com­mu­nal­ité GPS&O utilise un mot voisin pour nom­mer des regroupe­ments d’entreprises et de loge­ments à prox­im­ité des moyens de trans­port : des hubs qui, de plus, sont multimodaux(2) ! A l’origine, ce terme, désig­nant déjà des con­cen­tra­teurs dans des réseaux infor­ma­tiques et des plates-formes d’aéroport, sig­ni­fie “moyeu” ou “piv­ot” en anglais.

Présen­tiel
Ce mot qui vient de se répan­dre dans notre lan­gage serait le con­traire de télé­tra­vail ou de réu­nion à dis­tance. Ceux qui peu­vent rejoin­dre leur bureau après le con­fine­ment exé­cuteront, à nou­veau, leurs tâch­es pro­fes­sion­nelles en présentiel !

Ce terme, par­faite­ment inutile, vient du jar­gon des entre­pris­es, par­ti­c­ulière­ment dans le domaine de la for­ma­tion. Autre­fois, les organ­ismes spé­cial­isés pro­po­saient des cours sur place ou par cor­re­spon­dance ; aujourd’hui, leurs ses­sions sont en mode présen­tiel ou distanciel.

Dis­tan­ci­a­tion sociale
Alors que nous avons dû, pen­dant la péri­ode de con­fine­ment, main­tenir les liens soci­aux, des tech­nocrates nous ont imposé cette expres­sion, bien que le sens pro­pre du mot “dis­tance” se com­prenne bien sans l’adjonction d’un qualificatif.

« Dis­tan­ci­a­tion sociale est une expres­sion mal­v­enue. En anglais, social a gardé son sens éty­mologique. En français à par­tir de 1830, il a pris une sig­ni­fi­ca­tion poli­tique », a expliqué le lin­guiste Bernard Cerquigli­ni. On par­le de « ques­tion sociale », de « préoc­cu­pa­tions sociales » ou encore, de « mou­ve­ment social ». Edouard Philippe, qui s’est aperçu que cette expres­sion, calquée de l’anglais, était inadéquate, en a util­isé une autre : “dis­tan­ci­a­tion physique” ; il n’a pas été unanime­ment suivi, les médias ayant large­ment dif­fusé l’adjectif “social”. Nous pou­vons main­tenir un lien avec les autres, un lien social, tout en restant physique­ment distant.

Réou­ver­ture et rou­vrir
Ces deux mots sont très util­isés à l’oc­ca­sion de la ren­trée de cer­tains écol­iers et de la réou­ver­ture des com­merces et de divers lieux publics. L’infinitif du verbe qui sig­ni­fie “ouvrir de nou­veau ce qu’on avait fer­mé ou ce qui était fer­mé” n’est pas “réou­vrir” mais ”rou­vrir”. Vous ne deviez pas dire que “l’école et votre salon de coif­fure vont rou­vrir”, car ce verbe tran­si­tif néces­site un com­plé­ment. Des expres­sions cor­rectes sont “Ils vont rou­vrir leurs portes” ou “Ils seront rouverts”.

Trac­ing et track­ing
Encore des angli­cismes qui auraient pu déjà s’imposer en France si l’application “Stop­Covid”, pro­mue par le gou­verne­ment, avait été prête. Pour beau­coup, le décon­fine­ment devrait être accom­pa­g­né d’un suivi strict de la pop­u­la­tion afin de sig­naler rapi­de­ment les per­son­nes con­t­a­m­inées et celles qui ont pu entr­er en con­tact avec le virus. C’est le rôle de cette appli­ca­tion dévelop­pée par l’Institut nation­al de recherche en sci­ences et tech­nolo­gies du numérique (INRIA). Le trac­ing, priv­ilégié en Europe, con­siste à con­serv­er en mémoire les con­tacts entre les per­son­nes au moyen de la fonc­tion Blue­tooth de leurs smart­phones, alors que le track­ing, adop­té dans les pays asi­a­tiques, est un suivi des déplace­ments via la fonc­tion GPS des smart­phones et les antennes-relais.

Certes, une par­tie du logi­ciel a été dévelop­pées par deux entre­pris­es améri­caines pré­dom­i­nantes, Apple et Google. Ce n’est pas une rai­son pour ne pas utilis­er des mots de notre langue : “suivi des con­tacts” et “traçage” !

De trop nombreuses fautes de langage !

Dans les écrits des internautes

La péri­ode du con­fine­ment a été prop­ice à de nom­breux échanges numériques. Sur les réseaux soci­aux, notam­ment Face­book, beau­coup ont accru le nom­bre et la fréquence de leur pub­li­ca­tions. Toute­fois, la plu­part ne sem­blent pas faire l’ef­fort de lire et de relire les textes qu’ils nous livrent, bour­rés de fautes. A part les nom­breuses fautes d’accord, la plus fréquente est la con­fu­sion des fins de verbes, entre les formes de l’infinitif (er), du passé (é) et même, par­fois, de l’impératif (ez). Toute­fois, la faute la plus hor­ri­fique, ren­con­trée récem­ment, est la con­fu­sion des pluriels : la ter­mi­nai­son “ent” util­isée à la place de “s”, à pro­pos de pho­tos qui ont été prisent.

Dans la com­mu­ni­ca­tion gouvernementale

Nous ter­mi­nons par un com­mu­niqué offi­ciel, dont le rédac­teur n’a pas cor­recte­ment véri­fié la for­mu­la­tion. De plus, le min­istère chargé de la San­té et San­té publique France sem­blent ne pas dis­pos­er de relecteurs-cor­recteurs, qui auraient pu effectuer leur tâche en télé­tra­vail. Leur vidéo “Alerte Coro­n­avirus”, qui est dif­fusée, en per­ma­nence, depuis le début de la crise san­i­taire pour rap­pel­er les gestes-bar­rières, con­tient deux fautes.