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Île du Gallardon : massacre à la tronçonneuse ?

par | 25 février 2022 | Envi­ron­ne­ment, Ver­neuil-sur-Seine

Le « défri­chage illé­gal » a été réa­li­sé par une asso­cia­tion de pêche. (DR)

La polé­mique enfle autour de l’a­bat­tage de « quelques arbres » dans l’Île du Gal­lar­don à la base de loi­sirs de Ver­neuil-sur-Seine. Selon l’A­DIV, le direc­teur a pris l’en­ga­ge­ment de ne pas les cou­per. Ces arbres abritent des nids de cor­mo­rans ; de fait, cet abat­tage a conduit à leur dis­pa­ri­tion. Le maire de Ver­neuil-sur-Seine demande des comptes et des asso­cia­tions éco­lo­gistes portent plainte. 

Début février, des per­sonnes avaient aler­té les asso­cia­tions éco­lo­gistes sur des pro­pos tenus par des pêcheurs qui annon­çaient vou­loir faire abattre tous les arbres pré­sents sur l’île située au milieu de l’étang du Gal­lar­don ; ces arbres abri­taient, en effet, de nom­breux nids de cor­mo­rans.

L’ADIV a ten­té de se ren­sei­gner sur la véra­ci­té de ces pro­pos. Ain­si, elle a envoyé un cour­riel  de l’Île de loi­sirs du Val-de-Seine pour lui rap­pe­ler que les cor­mo­rans sont une espèce pro­té­gée et que toute des­truc­tion de leur habi­tat doit faire l’objet d’une demande de déro­ga­tion pour des­truc­tion d’espèces pro­té­gées.

La réponse du direc­teur  était ras­su­rante dans un cour­riel du 7 février 2022 : « […] Cette rumeur est tota­le­ment infon­dée et je puis vous assu­rer que rien ne peut être entre­pris sur la Base de Loi­sirs sans un accord préa­lable de ma part. En l’oc­cur­rence, ce n’est pas le cas et ce ne le sera pas ».

Le wee­kend du 19 février,  de nom­breux pêcheurs de l’U­nion de Pêcheurs de la Base de loi­sirs (UPBS) ont fait un net­toyage et un éla­gage sur leur ter­ri­toire de l’Île de loi­sirs. Depuis vingt ans, sous l’é­gide d’une conven­tion liant le syn­di­cat mixte qui gère la base de loi­sirs et leur asso­cia­tion, des pêcheurs s’at­tachent à net­toyer les déchets et à éla­guer la brousse. Tou­te­fois, le wee­kend der­nier, ils ont eu la main trop forte en cou­pant « quelques arbres morts et fra­gi­li­sés par les rafales de jan­vier ». Certes, « deux ou trois nids de cor­mo­rans ont été affec­tés »,  nous a expli­qué Jean-Luc Gal­lais, pré­sident d’UPBS.

Ensuite, la séquence s’est accé­lé­rée. Le 22 février, la LPO, Triel-Envi­ron­ne­ment et ADIV-Envi­ron­ne­ment ont envoyé un cour­rier au direc­teur de l’Île de loi­sirs du Val-de-Seine pour lui posant les ques­tions sui­vantes :

« Pour­quoi nous avez-vous affir­mé que vous n’autoriseriez jamais la coupe des arbres sur l’île du Gal­lar­don ? »
« Ces coupes ont-elles eu lieu sans votre accord, ce qui pose alors ques­tion sur la ges­tion de la base ? »

Pour les rive­rains comme pour les asso­cia­tions citées ci-des­sus, la consta­ta­tion est sans équi­voque : « Tous les arbres pré­sents sur l’île avaient été abat­tus » ; cela a été « confir­mé par un groupe de pêcheurs ». Les pho­tos de l’A­DIV ne sont pas assez détaillées pour démon­trer l’a­bat­tage « à la tron­çon­neuse ». A ce stade de notre enquête, aucun élé­ment ou état des lieux n’existe pour savoir exac­te­ment ce qui avait été « détruit » et dans quelle ampleur.

Fabien Aufrech­ter, maire de Ver­neuil-sur-Seine, quant à lui, s’est dit scan­da­li­sé « suite à l’a­bat­tage des arbres » et une plainte sera dépo­sée par la Ville de Ver­neuil pour défri­chage illé­gal et pour absence de demande de déro­ga­tion pour des­truc­tion d’espèces pro­té­gées.

Remon­té, le maire de Ver­neuil-sur-Seine a sou­li­gné que « ce type d’i­ni­tia­tive est inac­cep­table et… abî­mer [la nature] est un délit ». Inter­ro­gé par le jour­nal, le direc­teur a mini­mi­sé l’af­faire et demande à tous de revoir ce dos­sier en fonc­tion de la situa­tion géo­po­li­tique. Nous sommes en guerre et l’hu­ma­ni­té peut dis­pa­raître… mais il res­te­ra une poi­gnée d’irascibles qui défen­dront les nids de cor­mo­rans.

Réac­tion du tré­so­rier de l’as­so­cia­tion des pécheurs, UPBS :

Vous m’avez inter­ro­gé sur le tra­vail accom­pli autour de l’étang du Gal­lar­don. Tra­vail qui semble avoir cho­qué quelques per­sonnes au vu des vives réac­tions de cer­tains, cer­tai­ne­ment mani­pu­lés par des membres de la LPO.

Confor­mé­ment à la conven­tion signée entre l’Ile de Loi­sirs et l’UPBL (Union des Pêcheurs de la Base de Loi­sirs), l’UPBL a l’obligation d’entretenir les abords de l’étang du Gal­lar­don. Chaque année nous consa­crons plu­sieurs jour­nées pour effec­tuer ce tra­vail. Nous fai­sons appel chaque année aux bonnes volon­tés et selon les années plus ou moins de per­sonnes y par­ti­cipent, des membres de l’UPBL, mais aus­si des rive­rains, des pro­me­neurs, des per­sonnes qui appré­cient ce lieu et qui sou­haitent le conser­ver en bon état de pro­pre­té et d’usage. Cette année 2 jour­nées ont été consa­crées à ce tra­vail, le same­di 12 février et le same­di 19 février. Fin jan­vier nous avons appo­sé tout autour de l’étang, à l’accueil de l’ile de Loi­sirs, et chez nos détaillants, l’affiche qui annon­çait ce net­toyage. Nous avons avec l’aide des béné­voles ramas­sé les déchets, canettes, papiers, bou­teilles et autres sur les berges de l’ensemble du petit Gal­lar­don, ain­si que sur les berges du grand Gal­lar­don, de l’égout, jusqu’à la pointe de la digue entre petit et grand Gal­lar­don. C’est plus de 20 sacs pou­belle qui ont été rem­plis. Nous avons débrous­saillé la bute de la digue côté petit Gal­lar­don, où se trou­vaient nombres de ron­ciers et de pieds d’églantiers. Nous avons éga­le­ment débrous­saillé cer­tains accès pêcheurs au bord de l’étang. Nous avons abat­tu au bout du petit Gal­lar­don 3 arbres morts dont un était per­ché et par­ti­cu­liè­re­ment dan­ge­reux. Nous avons éla­gué quelques arbres et notam­ment les tilleuls qui pour la plu­part étaient cou­verts de gui. Ceci afin de leur per­mettre de sur­vivre à cette plante para­site. Nous avons pro­cé­dé au bru­lage de ces déchets verts afin de ne pas les retrou­ver dans l’eau et nous avons pro­cé­dé à l’évacuation des mor­ceaux de bois.

Depuis quelques années l’Ile de Loi­sirs a auto­ri­sé la pêche en float tube. Ceci a eu pour consé­quence que l’ile dite aux cor­mo­rans est deve­nue une berge, puisque les pra­ti­quants du float tube pêchent les bor­dures de l’ile. Confor­mé­ment à notre conven­tion nous avons la charge de l’entretien de cet endroit. L’ile est très basse et recou­verte par l’eau en période de crue de la seine. Les arbres ont les racines les pieds dans l’eau, ce qui ne favo­rise pas leur sta­bi­li­té par grand vent, sur­tout chez les sujets malades, mou­rant ou morts. Le 12 février, une équipe de 3 per­sonnes s’est ren­due sur l’ile et a consta­té que nombres d’arbres étaient soit morts, soit en piteux état du fait de l’abondance de gui qui les recou­vrait, ou du lierre qui les enser­rait. Des fientes de cor­mo­rans avaient tué quelques arbres. Par ailleurs plu­sieurs arbres pen­chaient dan­ge­reu­se­ment. L’équipe a pris la déci­sion d’abattre ces arbres morts, mou­rant ou dan­ge­reux, ceci afin d’assurer la sécu­ri­té de tous et éga­le­ment afin que les sujets plus jeunes et en bonne san­té puissent se déve­lop­per. Contrai­re­ment à ce que j’ai lu, aucun débrous­saillage n’a eu lieu sur l’ile. Nous sommes donc inter­ve­nu envi­ron 2 mois avant la nidi­fi­ca­tion des cor­mo­rans et ceci afin de ne pas per­tur­ber leur cycle de repro­duc­tion. Si cer­tains arbres étaient por­teurs de nids anciens, je peux vous garan­tir qu’aucun nid de l’année n’avait com­men­cé à être construit. Cette inter­ven­tion est donc favo­rable aux cor­mo­rans puisque ceux-ci vont pou­voir nidi­fier sur les arbres en bonne san­té aux alen­tours, sans ris­quer de voir leurs nids tom­ber à l’eau avec les arbres qui les sup­portent, les jours de tem­pête.

Je rajou­te­rai juste une remarque, si les défen­seurs de la nature et la LPO étaient venus aux jour­nées de net­toyage, ils auraient pu don­ner leurs avis, que nous aurions bien évi­dem­ment pris en compte. Je leur pro­pose d’ores et déjà de prendre date pour les pro­chaines années.

Jean-Luc Gal­lais

 

 

 

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