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Hommage : Philippe Prévost, un homme juste

par | 25 avril 2021 | Socié­té, Triel-sur-Seine

Phi­lippe Pré­vost lors de la pré­sen­ta­tion de Drey­fus, l’af­faire, le 16 mars 2018, au Théâtre Octave Mir­beau de Triel. (DR)

Le lieu a été choi­si (devant le Théâtre Octave Mir­beau) pour rendre hom­mage à cette figure de la culture yve­li­noise. Le J2R avait publié un article en 2018 que nous repro­dui­sons ci-des­sous. 

Phi­lippe Pré­vost, une figure du théâtre à Triel, est mort dans la nuit du 3 et 4 avril 2018 suite à une mala­die. Il aura mar­qué la scène cultu­relle et sociale. Huma­niste, convi­vial, fiable, il avait tout pour repré­sen­ter le bon copain de classe et de bou­lot. Il savait uti­li­ser des mots justes dans sa vie et dans sa « scène pas­sion » au Théâtre Octave-Mir­beau. La Socié­té Octave-Mir­beau rend un hom­mage à cet homme qui va cer­tai­ne­ment nous man­quer, mais lais­sant un héri­tage qui per­met de péren­ni­ser son œuvre.

Depuis quelques jours, nous savions que Phi­lippe Pré­vost était hos­pi­ta­li­sé à Meu­lan-en-Yve­lines. Pierre Michel, pré­sident de la Socié­té Octave-Mir­beau (SOM), a conclu ain­si son der­nier échange avec lui : « Repose toi bien et reviens en force car l’on a besoin de toi ! » Mal­heu­reu­se­ment, la vie en a déci­dé autre­ment : Phi­lippe Pré­vost est mort dans la nuit du 3 et 4 avril 2018.

Fidélité et ouverture aux autres

Il est dif­fi­cile de se sou­ve­nir quand était notre pre­mière ren­contre. Incar­nant Triel, il y a vécu tout sa vie. Fidèle et fiable, Phi­lippe a tra­vaillé dans la même entre­prise pen­dant toute sa car­rière, en com­men­çant tout en bas de l’échelle pour finir, avant sa retraite, comme direc­teur des grands comptes. Loin de se reven­di­quer « de souche », il était ouvert à l’autre et il s’est enri­chi de ceux qui venaient de loin. Il avait par­ti­ci­pé aux com­bats locaux contre la décharge de Triel et contre les extré­mistes locaux avec la créa­tion du Forum pour la démo­cra­tie au siècle der­nier. En 2016, il a fait par­tie du col­lec­tif de sou­tien des réfu­giés. « Invi­ter des migrants à assis­ter aux spec­tacles était une vrai fier­té », a expli­qué Vincent Pré­vost, son fils. « Il n’en fai­sait pas un tro­phée, a‑t-il ajou­té, mais ça le ren­dait heu­reux. » Ces mal­heu­reux de la géo­po­li­tique ont trou­vé un refuge cultu­rel à Triel lorsque Phi­lippe les accueillit au Théâtre Octave-Mir­beau, son œuvre, son fief, son para­dis.

Phi­lippe Pré­vost (à. g.) avec un groupe de réfu­giés au théâtre Octave-Mir­beau, le 4 décembre 2016. (J2R)

Ce para­dis était aus­si des­ti­né aux enfants, lorsque des parents les emme­naient au théâtre : pen­dant l’en­tracte ou après le spec­tacle, des enfants cou­raient par­tout, se mêlaient aux acteurs, pas­saient der­rière le rideau « rouge » pour voir la source de cette magie. Or, il n’y avait rien car elle était impré­gnée dans la troupe des Comé­diens de la Tour. Depuis leur nais­sance à l’Hau­til (à la Tour évi­dem­ment) à la salle de sport Cadot, qui est deve­nue le temple cultu­rel triel­lois avec l’ap­pel­la­tion Octave-Mir­beau, ce groupe de théâ­traux avait ima­gi­né un lieu de convi­via­li­té, de réflexion, voire de pro­fes­sion­na­li­sa­tion de l’art théâ­tral. Depuis la créa­tion de l’association Théâtre Culture à Triel, Phi­lippe fai­sait par­tie d’une sorte de groupe fra­ter­nel ; il était un bon cama­rade qui veillait à ce que l’art et la culture soient acces­sibles à tous.

Grand talent et simplicité

Phi­lippe jouait le théâtre avec jus­tesse. Ber­nard Tran­chant, une autre figure de la culture au nord des Yve­lines, a sou­vent ren­con­tré Phi­lippe sur les planches. La der­nière fois à Mau­re­court, dans un duo inou­bliable Cama­rade. Pour Ber­nard, le mot liber­té le fai­sait vibrer, enra­ger dans les dif­fé­rents spec­tacles à Mau­re­court. « C’était un homme mer­veilleux, d’un grand talent, d’une grande sim­pli­ci­té ; tout deve­nait plus facile à ses côtés. On deve­nait vite com­plice », a résu­mé Ber­nard. Membre fidèle et actif de la Socié­té Mir­beau, Phi­lippe Pré­vost a par­ti­ci­pé à la créa­tion, à la mise en scène et à l’in­ter­pré­ta­tion de plu­sieurs pièces de Mir­beau, créées au Théâtre Octave-Mir­beau de Triel et repré­sen­tées ensuite dans d’autres villes des Yve­lines et, à l’oc­ca­sion, à Angers et dans d’autres lieux, où il nous a été don­né de vive­ment l’ap­pré­cier. Notam­ment, dans les rôles d’I­si­dore Lechat dans Les affaires sont les affaires et d’Ar­mand Biron dans Le Foyer, il était remar­quable.

Pour ceux qui l’ont vu jouer avec la troupe des Comé­diens de la Tour, il res­te­ra la double incar­na­tion de Lechat et de Biron. Phi­lippe Pré­vost jouait avec une telle finesse des per­son­nages, par­fois carac­té­riels de l’œuvre mir­beau­lienne. A Triel, ses copains dont Pierre Cor­veaule se sont don­nés à fond pour per­pé­tuer le théâtre mir­beau­lien au nord des Yve­lines avec Le Foyer, Les Affaires sont les affaires, etc.

Dévoué au mes­sage artis­tique, voire poli­tique, de Mir­beau, il a vécu cette « scène pas­sion » comme un sacer­doce, lui qui se consi­dé­rait athée. Pour le pré­sident de la Socié­té Octave-Mir­beau, Pierre Michel, c’est « une perte très cruelle pour tous ceux qui l’ont connu et aimé ». Le 5 mai 2018, il devait nous accueillir à Triel, pour notre assem­blée géné­rale annuelle de la SOM, et nous offrir, au Théâtre Octave-Mir­beau, une repré­sen­ta­tion des Farces et mora­li­tés. Son absence sera cruel­le­ment res­sen­tie par tous les par­ti­ci­pants.

Phi­lippe Pré­vost et Pierre Cor­veaule des amis insé­pa­rables du théâtre lors d’une pré­sen­ta­tion à la salle Mau­pas­sant de Triel le 9 novembre 2004. (J2R)

De la magie

Pour son fils Vincent, son père lui « a appris que l’honnêteté était la pire des ruses ». Dans son sou­ve­nir, Vincent était scot­ché par « une repré­sen­ta­tion à 220 spec­ta­teurs au Théâtre Octave-Mir­beau (à l’époque salle Cadot). Il y en avait par­tout… Trois ran­gées avec des chaises de cam­ping ajou­tés en bout de salle… des enfants assis dans l’escalier de la régie et sur le côté droit de la scène prêt du bar. » Cela serait impen­sable aujourd’hui avec toutes les règles de sécu­ri­té ! C’é­tait de la magie et de l’in­sou­ciance à la Pré­vost.

En exa­mi­nant cet homme et son par­cours de pas­sion­né pour la culture, cela me ras­sure dans le choix d’a­voir fait ma vie à Triel, ma ville, notre ville, Cher cama­rade.

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