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Edward Hopper, le peintre de la solitude

par | 15 juin 2020 | Culture

Paris comme à New-York, Edward Hop­per, le peintre de la soli­tude et en quelque sorte de la dis­tan­cia­tion sociale, est d’ac­tua­li­té ; avec le confi­ne­ment ses œuvres étaient reve­nues à l’ordre du jour. Une rétros­pec­tive de ses œuvres a eu lieu au Grand Palais, en 2016 ; Julie Sut­ter nous fait revivre ce moment d’in­tros­pec­tion.  

Né le 22 juillet 1882 à New York, Edward Hop­per est consi­dé­ré comme le repré­sen­tant du réa­lisme amé­ri­cain. Il peint la vie des classes moyennes, et de ce fait, devient un témoin des muta­tions sociales aux Etats-Unis. La plus grande par­tie de ses œuvres exprime la soli­tude, un monde, où la rela­tion humaine est inexis­tante, des rues désertes, des per­son­nages iso­lés dans des décors imper­son­nel et dans une sorte de face à face avec eux-même. A l’heure du confi­ne­ment et de la dis­tan­cia­tion sociale, ce peintre est reve­nu sur le devant de la scène et nous ren­voie une image, dans laquelle cha­cun peut se recon­naître.

 

De 1900 à 1906, Hop­per fait des études à la New York School of Art et, pour vivre, réa­lise des des­sins publi­ci­taires et des illus­tra­tions ; il ne peint qu’occasionnellement.  Il fait trois séjours en France ; il a une véri­table pas­sion pour Paris. Il admire les impres­sion­nistes et Mar­quet, avec lequel on peut obser­ver une cer­taine simi­li­tude, notam­ment au niveau des à‑plats colo­rés. Lorsqu’il revient à New York, il est mal reçu, on lui reproche d’être « too french ».

Le suc­cès ne vien­dra qu’à par­tir de l’âge de 40 ans. A par­tir de 1926, il peint six à sept tableaux par an, tou­jours sur le même thème, avec des cou­leurs vives et une lumière crue, qui éclate dans toutes ses com­po­si­tions. Cette lumière, repré­sente en fait, une sorte d’appauvrissement spi­ri­tuel de l’homme car, alors que ses sujets y sont plon­gés, on ne peut pas la qua­li­fier de spi­ri­tuelle ; elle met seule­ment en évi­dence les corps et non les âmes. En 1952, Hop­per repré­sente son pays à la bien­nale de Venise et, en 1955, il est membre de de l’Academy of Arts and Let­ters ; cet orga­nisme lui décerne le  Gold Metal of Pain­ting, la plus haute dis­tinc­tion de la pein­ture aux Etats-Unis. 

En 2016, le Grand Palais réa­lise une grande rétros­pec­tive de ses œuvres. Il est regret­table de consta­ter qu’aucun tableau du peintre ne figure dans les col­lec­tions fran­çaises et euro­péennes, à l’exclusion du Musée Thys­sen-Bor­nem­sza à Madrid.

Un de ses tableaux, La mai­son près de la voie fer­rée, peint en 1925, a ins­pi­ré Hit­ch­cock, lorsqu’il a conçu le décor du motel, pour son film Psy­chose. Plu­sieurs œuvres émergent dans la mémoire col­lec­tive, notam­ment Nis­th­thwks, où l’on voit quelques per­son­nages, per­dus dans leurs pen­sées, s’attarder dans un bar, la nuit, dans une lumière ver­dâtre. En regar­dant ce tableau, on res­sent la dimen­sion abs­traite et hyper­réa­liste de l’œuvre, res­ti­tuant, à la fois, un espace aux lignes géo­mé­triques et la rétrac­ta­tion des per­son­nages, iso­lés dans un uni­vers clos.

Il décède le 15 Mai 1967 à New York, et son der­nier tableau Two come­dians, où un homme et une femme saluent la foule, est en quelque sorte un adieu, car il s’y est repré­sen­té avec sa femme, qui fut son seul et unique modèle.

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