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2023 : une année « post-covid atypique » et historique pour le marché du jeu vidéo
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Écoresponsabilité ou « greenwashing » à l’yvelinoise ?
Le discours face à la réalité, voilà le sens de cet article de fond, suite à la lecture du numéro 36 du magazine du Conseil départemental des Yvelines. Le Département souhaite mettre en avant les projets en faveur de l’écologie. Cependant, cette notion consiste à intégrer les enjeux écologiques au sein des activités dont les dommages portent sur les espaces naturels, l’eau et les sols ; le mot « écoresponsabilité » est-il vraiment juste pour l’ensemble des projets départementaux sous les mandats de Pierre Bédier ?
Le Département annonce, dans son magazine, vouloir s’engager plus intensivement pour répondre aux exigences environnementales et réduire davantage son empreinte carbone. Sur ce sujet, son président Pierre Bédier déclare : « Le Département s’impose un devoir d’exemplarité et fait sienne la seule réponse qui vaille : l’écoresponsabilité ». Ainsi un rapport de Carbone 4(1), présenté en février 2020, permet d’identifier huit sources d’émissions dans le département sur lesquelles les élus départementaux ont une responsabilité. Les principales sources d’émission sont les suivantes : le déplacement des collégiens (21 %), l’énergie des bâtiments scolaires (16 %), les repas des collégiens (15 %), la voirie (13 %), l’amortissement des bâtiments (11 %), les achats de fonctionnement (8 %), l’énergie des bâtiments non-scolaires (3 %) et les déplacements domicile-travail (3 %). Cet ensemble correspondant à 96 000 tonnes de CO2 en 2019, ce rapport permet de comprendre la responsabilité du Département pour lui donner les moyens de piloter les actions en intégrant les enjeux environnementaux dans ses objectifs.
Des projets suivant « une politique de développement durable »
La première mesure montrée dans le magazine est la transformation des collèges pour les réhabiliter, conformément aux enjeux environnementaux, et réduire leurs émissions de CO2. Le président du Département s’exprime : « Ça sera tout sauf du béton » sur ce projet, dans lequel sont consacrés 525 millions d’euros pour quinze collèges d’ici à 2026 afin de réduire les émissions jusqu’à 40 % . Le projet présenté consiste à construire ou reconstruire les collèges avec du bois ou des matériaux biosourcés permettant la réduction de 25 % des émissions lors des travaux et jusqu’à 40 % lors de leur utilisation. Ce projet aide également à une meilleure éducation, à une cohésion sociale dans les quartiers difficiles et à l’augmentation de l’offre pédagogique en plus de créer une attractivité économique, à en croire le Département. De plus la déclaration de Romary Boutot (directeur des Grands projets de la Direction des bâtiments unifiée 78/92) précise que « c’est une réponse à l’urgence climatique » : après la récolte du bois, les forêts se régénèrent ; le bois, augmentant le confort, est également un moyen de lutter contre les fuites thermiques et sonores. Certaines personnes nous affirment qu’elles « se réjouissent de la prise de conscience et que ceci peut susciter un débat plus ouvert avec le Département ». Cette politique d’écoresponsabilité ne peut qu’être approuvée, à première vue.
Nous pouvons, toutefois, nous demander pourquoi ces collèges ont été choisis parmi les 116 des Yvelines ? Pourquoi n’y a‑t-il pas eu une telle préoccupation auparavant ? Le bilan carbone des collèges peut-il être étendu à d’autres bâtiments scolaires ?
Des mesures de fond ?
Par la suite, le Département nous indique qu’il agit dans la préservation des forêts, notamment avec la création des éco-gardes bénévoles. Leur objectif est de dégager, tronçonner, débroussailler, évacuer les déchets, nettoyer les mobiliers et intervenir auprès des personnes et de la faune. Cette « brigade » entre dans la politique des Espaces naturels sensibles (ENS) pour les protéger, les restaurer et les renouveler. Leur mission première est de surveiller les sites, pour la prévention des risques d’accidents, tout en veillant à la sauvegarde du patrimoine naturel. Cette politique ENS, principalement mise en œuvre dans la Haute Vallée de Chevreuse, autour de Poissy et de Mantes, utilise différents moyens pour mettre en valeur le patrimoine naturel. Des mesures, comme l’acquisition foncière, permettent d’acquérir des terrains jugés prioritaires ; l’outil financier, qui est une taxe d’aménagement, rend accessibles et attractifs vingt-deux sites. Ainsi, le « plan pluriannuel d’aménagement et de valorisation » de l’ENS présente le plan d’itinéraires de randonnées et démontre les partenariats avec l’ONF et l’AEV, qui tous deux gèrent et valorisent le patrimoine naturel des Yvelines avec la contribution financière du Département. La politique d’ENS comprend également l’éco-pâturage et la préservation de certaines zones humides. L’association Yvelines Environnement juge que c’est une bonne politique qui doit s’étendre au maximum dans le territoire mais elle se dit « consciente » des difficultés et des coûts que la protection et la valorisation du territoire engendrent.
Des questions restent en suspens, notamment sur les critères pour entrer dans l’ENS ? Pourquoi le bilan carbone ne s’effectue-t-il que maintenant ? Pourquoi cette politique n’est pas appliquée dans le projet de la déviation de la RD 154 (bois protégé par l’appellation ZNIEFF) ?
L‘encadré de la page 26 présente une mesure compensatoire incarnée par Biodif. Cet « opérateur » a des objectifs divers tels que la limitation des impacts et la compensation des pertes de biodiversité. Sa ligne directive comprend plusieurs phases dans lesquelles Biodif planifie les projets en incluant les enjeux écologiques puis limite les impacts du chantier avant de créer ou de restaurer une zone de compensation. A travers cet exemple, la politique revendiquée par le Département est une maîtrise foncière, une restauration écologique, une gestion conservatoire et un suivi. De plus, le Département nous indique que les sites des compensations sont choisis pour leur potentiel écologique, leur proximité avec le chantier et une disponibilité foncière et que les porteurs des projets indemnisent le Département à hauteur de 50 à 150 euros par hectare.
Toutefois, le Département rappelle la création d’une nouvelle structure dédiée à la compensation passant par un Groupe d’intérêt public (GIP) pour l’aménagement de sites compensatoires et la réalisation de compensations spécifiques. Sur ce sujet, Yvelines Environnement « préférerait une préservation du site » car, par exemple, lors de la traversée du bois de Marly les mesures compensatoires ont été de reboiser des espaces en dehors du département. Cette association ajoute que ces mesures sont quand même « la modification d’un site » sur lequel le déplacement de la biodiversité n’est pas assurée à 100 %.
L’association ADIV-Environnement répond que ces mesures compensatoires ont « un aspect négatif, car cela autorise à tout détruire et un aspect positif car, il y a quinze ans, il n’y avait pas d’obligation à créer des espaces ». Pour le Collectif RD154, les mesures compensatoires ont un aspect bénéfique car elles n’étaient pas prises en compte il y a 20 ans. Cependant un membre de ce collectif, M. Valnet (président des Ecolibris), nous confie que « ces mesures compensatoires sont valables pour trente ans ; que se passera-t-il après cette durée ? Puis, les mesures compensatoires ne sont pas prises à leurs hauteurs et on ne se pose pas les bonnes questions ». Enfin, le collectif nous dit qu’il y a un manque d’aménagement doux du territoire et que ces aménagements sont des possibilités d’avenirs. Face à ces mesures, nous pouvons nous demander quelle est la différence entre Biodif et GIP ? La compensation n’est-elle pas trop utilisée pour valider un maximum de projets ? Biodif ne sert-elle pas les intérêts du Département ?
Des actions cosmétiques ?
L’un des derniers projets présentés par le Département des Yvelines concerne le remplacement des voitures thermiques de fonction par des voitures électriques. Les Renault Zoé sont les gagnantes de cet achat dans lequel le Département profite d’une importante production électrique. Deux autres projets ont pour buts de faire bénéficier certains collèges d’une cantine à base de produits locaux comme ceux de la ferme de Frichot à Boinville-en-Mantois et de construire deux stations d’épuration biologiques à Goussonvile et à Jumeauville. Ce sont des roseaux plantés sur un lit filtrant constitué de graviers qui permettront d’épurer l’eau. Dites « sans odeur, sans boue », ces stations « coûtent peu en entretien ». Yvelines Environnement nous confie que le changement des voitures de fonction est une bonne idée pour permettre de se débarrasser des énergies fossiles. Puis, à propos des stations d’épurations biologiques, « ce sont de bons projets mais de gros efforts sanitaires restent à faire » selon l’association. Elle estime que le traitement des déchets doit se faire en amont des stations.
Nous pouvons demander plus de précisions sur le pourcentage d’élèves de collèges qui mangent des produits locaux ? Pourquoi deux stations d’épuration biologiques se situent au même endroit ? Les voitures électriques sont-elles vraiment écologiques, alors qu’on ne sait pas recycler les batteries ?
Deux projets à contre-sens de l’histoire
La déviation de la RD 154
Le projet qui fait débat encore trente ans après sa conception est celui de la déviation de la RD 154. Le Département expose ce projet pour délester les traversées de Verneuil-sur-Seine et de Vernouillet, en réduisant le nombre d’accidents mortels, et créer de nouvelles dessertes pour les piétons et les cyclistes. Face à ces objectifs, le projet est vivement contesté par les élus et par les habitants qui ont voté « non » à hauteur de 80 % et par les associations écologiques qui dénoncent un désastre environnemental. L’écoresponsabilité revendiqué par le Département n’est pas au cœur de ce projet, selon certains habitants. Le Collectif RD 154 souligne la « saignée en plein milieu du bois de Verneuil », menaçant un grand nombre d’espèces protégées. Il rappelle que la demande du Département a reçu un avis défavorable de la Commission Nationale de la Protection de la Nature (CNPN). Ce n’est pas uniquement le bois qui est menacé : la Zone agricole protégée (ZAP) de Vernouillet serait, en grande partie, détruite avec cette coupure bétonnée à travers sa plaine. Selon le collectif, ce projet créerait l’effet inverse en favorisant l’urbanisation, en augmentant la circulation et, donc, dégraderait le cadre de vie par les gaz à effet de serre et une pollution sonore.
De plus, les mesures compensatoires pouvant être proposées par le Département n’ont aucun intérêt car, comme nous confie un membre du collectif, « Les mesures compensatoires ont un intérêt si elles sont appliquées au niveau local et en dehors de ce territoire, cela n’a pas d’intérêt. Mais les mesures compensatoires doivent être utiles car créer ce projet amène plus de pollution et ces mesures n’ont plus d’efficacité ». Il a affirmé que ce projet est à l’encontre des engagements pris par GPS&O. L’association ADIV-Environnement pa pris aussi position contre ce projet : « Plus on construit de routes, plus il y a de voitures ». Il est à noter que l’association insiste sur les désastres écologiques engendrés par cette déviation. Ce projet, voté en 2004, représente « une vision du passé » qui n’est plus plausible de nos jours, ne répondant plus aux exigences de la population. L’association juge « qu’il n’a pas d’intérêt public et qu’aucune étude n’a été créée depuis plus de 20 ans ». L’affichage écologique de Pierre Bédier est paradoxal avec ce projet et la réalité de sa politique n’est pas favorable à un modèle écologique mais plutôt à la voiture. Ce projet est-il à contre sens de l’écoresponsabilité revendiqué ? Pourquoi ce projet d’urbanisation est-il maintenu après une unanimité contre ? L’écologie est-elle vraiment au cœur de ce projet ?
Le pont d’Achères
Le second projet assez polémique est celui de la construction du pont d’Achères qui, pour le Département, permettrait une meilleure desserte et une meilleure accessibilité à la boucle de Chanteloup. Pour les associations et pour certains habitants, il n’y a pas de véritable enjeu car ce projet ne devrait pas désembouteiller le pont de Poissy, serait coûteux et entraînerait un réel problème de densité. L’association Non au Pont d’Achères voit ce projet contre l’écologie avec l’augmentation de la pollution sonore et de gaz à effet de serre, la destruction du paysage, notamment dans l’Île de la Dérivation, et aucune solution n’est proposée pour le traitement des ordures et les usines. Cette association nous indique que les habitants mais aussi les Villes de Vernouillet, de Carrières-sous-Poissy et d’Andrésy ont manifesté à l’époque leur désaccord sur ce projet. La municipalité d’Achères y était favorable mais émet des doutes sur ce projet, ce qui la positionne dans une position mitigée. Au sein de la population, les habitants de l’Île de la Dérivation vont voir leur cadre de vie se dégrader fortement par l’apparition du pont. Habitués au calme, le pont d’Achères générera du bruit de manière permanente, nuisant à la tranquillité de l’île. L’opposition est alors compréhensible car en plus de la pollution sonore, ce sont les gaz d’échappement et la destruction du paysage et de la biodiversité de l’île que ce projet produira, selon l’association. Celle-ci a établi un rapport négatif sur les conséquences écologiques et sanitaires : destruction du paysage, augmentation de la pollution sonore entraînant des effets traumatiques (fatigue auditive, fort stress, trouble du sommeil, baisse de la concentration), destruction des berges du bras d’Andrésy (lieu recherché par les sportifs, les familles et les pêcheurs) et aggravation de la pollution des sols. La prise de conscience écologique doit interroger, de nouveau, sur ce projet qui favorise la circulation des voitures, sans évoquer les transports publics et fluviaux ; de plus, il s’oppose à la conservation des milieux naturels qui sont un vrai poumon vert au sein de la boucle de Chanteloup. Le projet continue de soulever des interrogations : « Pourquoi détruire des environnements au profit de la voiture ? Entre-t-il vraiment dans la politique d’écoresponsabilité ? »
Dans le passé, d’autres projets avaient fait débat d’un point de vue écologique. Le projet de Formule 1, par exemple, pour réaliser un circuit à Flins et aux Mureaux pour le Grand Prix de France, en 2011, avait été estimé à 112 millions d’euros par Pierre Bédier à l’époque. Cependant, son implantation sur des champs de captage d’eau potable et sa nuisance sonore auraient été des atteintes environnementales. Défendu mordicus par son prédécesseur, il avait été abandonné, en 2009, par Alain Schmitz, élu président à la place de Pierre Bédier, en raison de sa peine d’inéligibilité pour une affaire de corruption.
Cette politique d’écoresponsabilité ne doit pas être un argument électoral mais une vraie volonté d’adapter notre société à l’environnement. De nombreux projets ont été réalisés dans ce sens mais des élus persistent à conserver d’autres de l”« ancien monde ». Les élections départementales seront déterminantes sur cette question de notre impact écologique. Les citoyens voteront-ils pour une continuité départementale ou bien pour un changement de politique ?
Notes
1. Une société conseil indépendante spécialisée dans le bas carbone et à l’adaptation au changement climatique.
URL lien de la publication du Département des Yvelines.
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