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Coups de semonce à Conflans : le béton tue le bien-vivre

par | 22 avril 2021 | Conflans-Sainte-Hono­rine, Envi­ron­ne­ment

Laurent Brosse, maire de Conflans-Sainte-Hono­rine, a rom­pu le lien avec des habi­tants, membres de l’as­so­cia­tion des rive­rains de l’an­cien site Bou­let, suite à des diver­gences sur le pro­jet Gam­bet­ta. (Archives J2R)

Le débat est vieux comme l’ur­ba­nisme : « Faut-il construire et com­ment inté­grer le tis­su exis­tant tout en écou­tant les reven­di­ca­tions des habi­tants sur place ? ». Le cas de de l’an­cien site Bou­let à Conflans-Sainte-Hono­rine en est une illus­tra­tion. 

Les membres de l’as­so­cia­tion ARB (DR)

Depuis jan­vier 2021, le pay­sage asso­cia­tif confla­nais compte une nou­velle venue, l’As­so­cia­tion des rive­rains de l’ex-site Bou­let (ARB), qui se mobi­lise contre le béton à Conflans(1). Qua­rante adhé­rents et une série d’ac­tions reten­tis­santes sur le ter­rain ont fait prendre conscience que la ville se trans­forme en un temps record, se miné­ra­li­sant tout en per­dant son savoir-vivre et son bien-vivre(2).

La rédac­tion a ren­con­tré son conseil d’ad­mi­nis­tra­tion et sa pré­si­dente, Mme Isa­belle Semence, pour évo­quer trois thèmes qui struc­turent le débat entre les auto­ri­tés com­pé­tentes en matière d’ur­ba­nisme et les habi­tants actuels ; ceux-ci risquent de perdre gros après la construc­tion de nou­veaux loge­ments dans une zone étri­quée qui longe l’axe prin­ci­pal vers le centre-ville. D’a­bord, la den­si­té pré­co­ni­sée par les pou­voirs publics est-elle contraire au bien-vivre du quar­tier ? Ensuite, com­ment satis­faire le besoin de loge­ments en Île-de-France en géné­ral et dans la Confluence en par­ti­cu­lier, si des oppo­sants bloquent tout pro­jet de construc­tion ? Enfin, pour­quoi s’op­po­ser à cette poli­tique publique ? En d’autres termes, com­ment atteindre une sorte de consen­sus entre les élus, les promoteurs/aménageurs et les habi­tants actuels ?

Un densité inquiétante

Rap­pe­lons que l’as­so­cia­tion ARB a pour objet « toute action néces­saire au main­tien ou à l’amélioration du cadre de vie et de la vie de quar­tier autour du site Bou­let, qui se trouve au cœur du centre-ville de Conflans-Sainte-Hono­rine. »  Pour les membres d’ARB, la mul­ti­pli­ca­tion des pro­jets immo­bi­liers de grande taille à proxi­mi­té du site Bou­let ain­si que les consé­quences pré­ju­di­ciables qui en seront le corol­laire (aug­men­ta­tion mas­sive du tra­fic rou­tier, pro­blèmes impor­tants de sta­tion­ne­ment, pro­blème de pol­lu­tion, etc.), rendent légi­times les inquié­tudes des rive­rains de la zone proche de la gare quant à la dégra­da­tion de leur cadre de vie, les risques acci­den­to­gènes asso­ciés et la qua­li­té de vie pour leurs enfants. « La den­si­fi­ca­tion de la ville et, en par­ti­cu­lier, le pro­jet de 130 loge­ments Gam­bet­ta nous inquiètent », a déplo­ré Isa­belle Semence, pré­si­dente de l’as­so­cia­tion. Pre­mier coup de semonce !

Sur un ter­rain de 4700 m2, le pro­jet Gam­bet­ta(3) pré­voit la pro­duc­tion de 130 loge­ments afin « d’op­ti­mi­ser les tis­sus bâtis exis­tants et den­si­fier les sec­teurs stra­té­giques pour lut­ter contre l’é­ta­le­ment urbain et pré­ser­ver les espaces natu­rels »(4). Dans un contexte d’embellie immo­bi­lière, la part de la construc­tion fran­ci­lienne réa­li­sée dans le ter­ri­toire de GPS&O est pas­sée de 3,2 % (de 1996 à 2005) à 4,5 % (de 2006 à 2014) et, peut-être, plus depuis six ans. La com­mu­nau­té urbaine, dont la super­fi­cie est de 500 km2 envi­ron, se fixe comme mis­sion de réduire la consom­ma­tion des espaces urba­ni­sés par rap­port à celle des dix der­nières années, qui était de 65,5 ha par an (espaces consom­més sur tout le ter­ri­toire de GPS&O, hors car­rières, entre 2003 et 2012).

Revoir le processus de prise de décision

En matière d’ur­ba­nisme, l’op­po­si­tion d’ha­bi­tants de l’in­ter­com­mu­na­li­té, notam­ment de Confla­nais de plus en plus nom­breux, est nette. C’est un clas­sique du genre : construire à quel prix ? S’agit-il d’une réac­tion « nim­byste » (not in my backyard) ? Autre­ment dit, ceux qui contestent cette vague de béton sont-ils « de vieux blancs et riches, qui ne veulent pas de jeunes ni de pauvres dans leur quar­tier » ? Les diri­geants de l’as­so­cia­tion ARB contestent cette inter­pré­ta­tion car ils sont « d’accord pour accueillir de nou­veaux voi­sins, mais pas au détri­ment d’une qua­li­té de vie qui a fait la répu­ta­tion de Conflans-Sainte-Hono­rine depuis des décen­nies ». L’as­so­cia­tion ARB a recen­sé six grands pro­jets immo­bi­liers dans un rayon de 400 mètres(5) qui pro­dui­ront 402 loge­ments avec une sur­con­cen­tra­tion de loge­ments sociaux (30 %). Elle s’in­ter­roge sur le coût des équi­pe­ments publics (crèches, écoles mater­nelles, voi­rie sup­plé­men­taire amé­na­gée…) et leur finan­ce­ment ?  Deuxième coup de semonce !

L’emplacement d’un cer­tain nombre de pro­jets immo­bi­liers à Conflans-St-Hono­rine. (ARB)

Dans un contexte de contrainte éco­lo­gique et de chan­ge­ment cli­ma­tique, il fau­drait au contraire revoir le sys­tème de prise de déci­sion en matière d’ur­ba­nisme car « l’ARB veut gar­der des arbres, veut intro­duire des zones de pro­tec­tion de la bio­di­ver­si­té en site propre ». C’est osé car depuis deux ans le Plan local d’ur­ba­nisme inter­com­mu­nal (PLUi de toutes les 73 com­munes de la Com­mu­nau­té urbaine Grand Paris Seine & Oise) a été adop­té et cette règle d’u­sage des sols s’ap­plique à tous les acteurs de l’a­mé­na­ge­ment et de l’ur­ba­nisme. Ain­si, les auto­ri­tés com­pé­tentes ont favo­ri­sé la construc­tion de loge­ments (habi­tat), le déve­lop­pe­ment éco­no­mique (emplois) et les trans­ports, sur­tout rou­tiers en fonc­tion de la pré­émi­nence des véhi­cules indi­vi­duels. Certes, la plu­part des construc­tions ont vu le jour à l’ouest (dans le Man­tois, à Pois­sy, à Car­rières-sous-Pois­sy et à Achères). Désor­mais, Conflans-Sainte-Hono­rine est convoi­tée par les pro­mo­teurs qui se sont posi­tion­nés pour lan­cer des opé­ra­tions plus ou moins adap­tées à l’ar­chi­tec­ture locale (petit pavillon­naire, petites écoles…). Fau­dra-t-il deman­der une modi­fi­ca­tion du PLUi ? La pré­si­dente de l’ARB s’en défend : « Nous ne sommes pas contre les élus ou la poli­tique publique menée, mais il faut qu’ils tiennent compte de l’exis­tant ! » Sinon, on risque d’é­ri­ger « une zone ver­ti­cale et miné­rale à côté de la gare de Conflans » qui sera néfaste pour les habi­tants, pré­sents et nou­veaux. Tous auront le besoin « d’es­paces de res­pi­ra­tion. » Troi­sième coup de semonce !

Il res­sort qu’un cer­tain nombre de Confla­nais sont excé­dés par l’ex­plo­sion des pro­jets immo­bi­liers. Le fait que le dia­logue est rom­pu ne favo­rise pas une recherche de consen­sus car des habi­tants « ont besoin de com­prendre et de se faire entendre » afin d’ac­cep­ter des chan­ge­ments. Sinon, c’est le clash per­ma­nent avec des consé­quence graves pour tous, y com­pris les pro­mo­teurs. Nor­bert Fan­chon, PDG de Gam­bet­ta l’a sou­li­gné dans un com­mu­ni­qué, le 29 mars 2021, lié aux mesures pro­mises par la ministre char­gée du Loge­ment : « Même si les inten­tions sont louables, il est dif­fi­cile de croire à une totale flui­di­té des opé­ra­tions dans le cadre d’un chan­ge­ment d’affection, alors que le che­min menant à l’obtention d’un simple per­mis de construire est déjà semé d’embûches… Atten­tion [à ne pas s’é­loi­gner] du fond du pro­blème, à savoir la pénu­rie de loge­ments neufs liée en par­tie aux ver­rous qui contraignent la construc­tion rési­den­tielle pri­vée comme sociale ».

Notes

1. Lien : https://www.journal-deux-rives.com/des-habitants-se-mobilisent-contre-le-beton-a-conflans/

2. Voir la page Face­book : https://www.facebook.com/associationriverainsboulet

3. Pion­nier du loge­ment coopé­ra­tif, le Groupe Gam­bet­ta diri­gé par Nor­bert Fan­chon, pré­sident du direc­toire, est un pro­mo­teur spé­cia­liste de l’accession à la pro­prié­té. Créé à Cho­let (49) en 1923, le groupe est pré­sent dans l’ouest, le centre, en PACA, en Occi­ta­nie, en Île-de-France et en Auvergne-Rhône-Alpes, des ter­ri­toires où il a construit plus de 35 000 loge­ments depuis sa créa­tion. Il pré­pare aujourd’hui de nou­velles implan­ta­tions afin d’atteindre une dimen­sion natio­nale et de pour­suivre son déve­lop­pe­ment. Le Groupe Gam­bet­ta, qui compte 150 col­la­bo­ra­teurs, pro­duit 1 200 loge­ments par an, éga­li­tai­re­ment répar­tis entre le sec­teur social et le sec­teur pri­vé.
4. Docu­ment offi­ciel PLHI-GPS‑O, Pro­gramme local de l’Ha­bi­tat Inter­com­mu­nal Construire ensemble Grand Paris Seine & Oise, ver­sion approu­vée du 14 février 2019.
5. Site Bou­let : 130 loge­ments ; Gym­nase Foch : 66 loge­ments ; 83 Ave­nue Car­not : 63 loge­ments ; Hôtel de ville : 60 loge­ments ; Rue du repos : 48 loge­ments ; Rue de Pon­toise : 35 loge­ments.

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