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A la rencontre de Nellie Bly par Carole Maurel

par | 7 mars 2021 | Culture, Ver­neuil-sur-Seine

Pen­dant la pan­dé­mie, la culture a été « mas­quée ». Il est temps que cela change ; le chan­ge­ment est amor­cé à Ver­neuil-sur-Seine. (DR)

Le 6 mars 2021, l’Espace Mau­rice-Béjart a invi­té la des­si­na­trice Carole Mau­rel pour nous par­ler de sa nou­velle bande des­si­née inti­tu­lée Nel­lie Bly. Cette jour­née est l’occasion pour Carole Mau­rel de venir à la ren­contre de son public.

Qui est Nellie Bly, le personnage principal ?

La des­si­na­trice est venue à l’Espace Mau­rice-Béjart à Ver­neuil-sur-Seine pour pré­sen­ter sa nou­velle bande des­si­née retra­çant un épi­sode de la vie de Nel­lie Bly. Eli­za­beth Jane Cochrane, son vrai nom, était une pion­nière du jour­na­lisme d’investigation dans lequel elle s’illustra. D’abord, c’était une femme mili­tante et fémi­niste qui s’était affran­chie de la domi­na­tion mas­cu­line et sub­ve­nait seule à ses besoins. Nel­lie Bly enquê­ta sur l’hôpital psy­chia­trique de Bla­ck­well à New York en se fai­sant pas­ser pour une per­sonne souf­frant de folie. Elle y res­ta une dizaine de jours et décou­vrit une atmo­sphère pesante et gla­ciale où le sadisme et la miso­gy­nie domi­naient. Elle racon­ta cette expé­rience dans un livre nom­mé 10 jours dans un asile puis elle dénon­ça les trai­te­ments faits par l’hôpital. Cette action a pu don­ner gain de cause à Nel­lie Bly car une enquête, qui a sui­vi, a conduit à la fer­me­ture de l’asile.

Nel­lie Bly conti­nua d’é­crire des articles notam­ment pour les jour­naux Dis­patch et New York World. Elle conti­nua à prendre des risques pour ses enquêtes et réa­li­sa d’autres livres, notam­ment Le tour du monde en 72 jours. Déter­mi­née, Nel­lie Bly dénon­ça les condi­tions de vie et de tra­vail des ouvriers ; elle était par­tie avec sa mère au Mexique pour écrire sur les Mexi­cains et leurs cou­tumes. Elle fut consi­dé­rée et elle conti­nue à l’être comme l’une des meilleures jour­na­listes fémi­nines d’Amérique.

La nouvelle bande dessinée de Carole Maurel

Carole Mau­rel est une des­si­na­trice fran­çaise active dans l’animation et les bandes des­si­nées. Cette femme a publié d’autres bandes des­si­nées notam­ment Apo­ca­lypse selon Mag­da  qui reçut le prix Arté­mi­sia Ave­nir en 2017,  Lui­sa ici et là  qui reçut le prix du meilleur album en langue étran­gère lors du fes­ti­val inter­na­tio­nal de la bande des­si­née à Alger en 2016 et Écumes  qui reçut le prix Har­vey du meilleur livre euro­péen en 2019. Artiste enga­gée, elle sou­haite à tra­vers ses his­toires par­ler de sujets qui lui tiennent à cœur avec sin­cé­ri­té comme le fémi­nisme ou l’homosexualité.

Cette nou­velle bande des­si­née est la pre­mière d’une col­lec­tion sur des per­son­nages oubliés sou­vent fémi­nistes. Ce per­son­nage de Nel­lie Bly était incon­nu pour la des­si­na­trice Carole Mau­rel lorsque sa scé­na­riste lui pro­po­sa le pro­jet.  Carole Mau­rel confie que, lors de  la décou­verte de cette femme, « elle est tom­bée amou­reuse du per­son­nage », notam­ment après la lec­ture de  10 jours dans un asile. Carole Mau­rel, conquise, nous explique son res­sen­ti­ment face à ce vécu : « C’est une femme de cou­rage car elle se met en dan­ger. Il y a une déter­mi­na­tion pre­nante dans son récit ». Pour cette des­si­na­trice, c’est un défi car elle ne des­si­na jamais de per­son­nage aus­si loin dans le temps et dans l’espace. Carole sou­haite res­ter fidèle au pro­pos de Nel­lie Bly et ain­si évi­ter des ana­chro­nismes. C’est dans cet état d’esprit qu’elle veut faire bas­cu­ler les des­sins dans un uni­vers fan­tas­tique sans mettre à mal l’atmosphère et la véra­ci­té du récit. Carole Mau­rel explique qu’il y a « une per­cep­tion de la réa­li­té qui se voile au point de bas­cu­ler dans la folie ». A tra­vers cette his­toire, Carole Mau­rel se montre être une des­si­na­trice enga­gée car elle sou­haite dénon­cer les condi­tions fémi­nines de cette époque qui sont cachées der­rière la folie, l’hystérie et la schi­zo­phré­nie.

Carole Mau­rel nous explique com­ment elle tra­vaille sur ces pro­jets qui sont nom­breux. Issue d’une for­ma­tion dans l’animation, son choix de se tour­ner vers la bande des­si­née a com­men­cé dès 2016. En effet, la bande des­si­née lui per­met de créer ses per­son­nages et d’installer son style per­son­nel. Pour celle-cie, la des­si­na­trice a choi­si  de tra­vailler en ver­sion papier. Elle nous explique que le papier per­met d’aller à l’essentiel alors que le numé­rique est beau­coup plus dans les détails. Cepen­dant, elle ne renonce pas au numé­rique et effec­tue un mélange de méthodes : le papier pour le des­sin et les traits gra­phiques, le numé­rique pour ajou­ter les cou­leurs et les effets de lumières.

Un public conquit par l’artiste

Le public fut au ren­dez-vous de la ren­contre, mais dans la limite de vingt per­sonnes auto­ri­sées. Les lec­teurs inter­ro­gés à pro­pos de l’artiste confient « être tou­chés par le style de gra­phisme uti­li­sé, par le charme des des­sins comme de la des­si­na­trice ». Selon eux, elle per­met d’explorer des sujets inté­res­sants mais peu exploi­tés dans la bande des­si­née, sur­tout quand ce sont des sujets enga­gés. Ain­si par­mi les les per­sonnes ras­sem­blées, Carole Mau­rel a eu le pri­vi­lège de ren­con­trer le maire de Ver­neuil-sur-Seine, Fabien Aufrech­ter. Pen­dant notre repor­tage, le maire nous a infor­més que « cette jour­née doit per­mettre de valo­ri­ser la culture et les femmes. Une semaine est consa­crée dans les rues de Ver­neuil-sur-Seine aux femmes, notam­ment aux femmes vivant dans la ville ». A pro­pos de la paru­tion de cette bande des­si­née, M. Aufrech­ter sou­haite « faire un écho sur les femmes vivant au XXe siècle dans des condi­tions assez com­pli­quées ».

Interview de Carole Maurel

Jour­nal des deux rives : Pour­quoi avoir vou­lu pré­sen­ter cette figure du fémi­nisme ?
Carole Mau­rel : C’est un choix de l’éditeur et du scé­na­riste Auré­lien Ducou­dray de vou­loir repré­sen­ter cette femme dans une bande des­si­née.

J2R : Quelle est la par­ti­cu­la­ri­té de cette bande des­si­née ?
C.M. : L’histoire vécue par cette jeune femme, seule­ment âgé de 23 ans, est tou­chante et extra-ordi­naire. Elle s’engage dans un asile psy­chia­trique dans le seul but de dénon­cer les condi­tions faites aux femmes. Le fait de trai­ter ce sujet dans la bande des­si­née est nova­teur, notam­ment car c’est un sujet fémi­niste.

J2R : Quels sont vos thèmes de des­sin et pour­quoi ces thèmes pré­ci­sé­ment ?
C.M. : Je sou­haite me démar­quer d’un style nar­ra­tif et sor­tir du bio­type. Je veux par­ler de per­son­nages qui sont oubliés et ce sont sou­vent des femmes. L’univers fémi­niste et homo­sexuel sont des uni­vers qui me touchent et j’essaye de les trai­ter avec la plus grande sin­cé­ri­té. Même s’il y a une approche fan­tas­tique, je conserve la sin­cé­ri­té des pro­pos.

J2R : Où pui­sez-vous ces idées ? D’où vient l’inspiration ?
C.M. : Je puise dans des réfé­rences, notam­ment chez des pion­niers et des pion­nières. Le regard est dif­fé­rent voir inédit chez cer­tains.

J2R : Savez-vous com­ment vos des­sins résonnent-ils chez vos lec­teurs ?
C.M. : Bonne ques­tion, je ne sais pas vrai­ment. Je pense que le sujet est inté­res­sant, enga­gé et est sin­cère. Les lec­teurs s’accrochent plus aux per­son­nages qu’aux décors. Puis, le style rend peut-être la lec­ture plus acces­sible.

J2R : Tra­vaillez-vous sur d’autres pro­jets ? Si oui les­quels ?
C.M. : Pour l’édition Albert Michel, une his­toire qui se déroule dans les années 40 où une maî­tresse d’école cache des enfants juifs avant l’arrivé des nazis, et pour l’édition Payot, une his­toire sur l’homosexualité.

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