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Guerre et démocratie

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Ciné-débat avec le film Que m’est-il permis d’espérer ?

par | 28 mai 2022 | Culture, Les Mureaux

Le Réseau AMY, réseau pour l’Ac­cueil des Migrants en Yve­lines est un col­lec­tif qui orga­nise sou­vent des débats sur la ques­tion migra­toire. (J2R)

En pré­sence des réa­li­sa­teurs Vincent Gaul­lier et Raphaël Girar­dot, le jeu­di 2 juin 2022>
à 20h30, ce film docu­men­taire réa­li­sé en 2022 et pri­mé au Fes­ti­val du film social conduit à pen­ser que : « Il n’y a pas de crise des migrants, il y a une crise de l’accueil »

FILMER LES REGARDS

Pen­dant 18 mois ins­tal­lés dans le camp, nous avons ren­con­tré de nom­breux réfu­giés. Avec tous ceux qui nous don­naient leur accord d’être fil­més, nous sommes res­tés col­lés pen­dant la dizaine de jours qu’ils pas­saient là, trans­per­cés par leurs regards plein d’espoir. Nous avons fil­mé leur pre­mier entre­tien où les traces de la rue sont encore visibles, puis les retrou­vailles heu­reuses avec leurs com­pa­triotes, le pas­sage obli­gé au Samu Social pour par­ta­ger leurs pro­blèmes phy­siques ou psy­chiques jusqu’à leur chambre où enfin ils pou­vaient se repo­ser et se racon­ter (les rai­sons de leur exil, les atro­ci­tés du voyage, leur désir d’avenir en France). Après ces quelques jours de répit, nous les avons aus­si fil­mé à la Pré­fec­ture, là où se déroule la prise d’empreintes et où les réfu­giés apprennent le sort qui leur est réser­vé. L’ambiance y est ter­ri­ble­ment dif­fé­rente. C’est froid, gla­cé même, que ce soit dans le décor ou dans les pro­pos. Yous­sef, Zer­bo, Oba­hul­lai, Alhas­san, Dji­brill, Guyot, Salo­mon, John­son, Pavel… tous ont vécu là le scan­dale de ce non-accueil fran­çais, cher­chant pré­texte à ne pas ins­truire une demande d’asile. Par notre place face à eux tout au long de ces tour­nages, à la recherche de cette iden­ti­té que nous leur deman­dons de reven­di­quer, assu­mant ces regards déses­pé­rés, nous sou­hai­tons créer un lien d’empathie. Nous vou­lons que le spec­ta­teur s’attache à cha­cun d’entre eux, et que s’efface la masse, qu’il les ren­contre par leur sin­gu­la­ri­té – leur métier, leur famille, leur souf­france. Réveiller l’humanité de cha­cun et sou­li­gner l’inhumanité de l’accueil de la Répu­blique.

FILMER LA CRISE

Non, il n’y a pas de crise des migrants, il y a une crise de l’accueil. Non, ces per­sonnes ne sont pas « migrantes », elles viennent chez nous, elles sont « réfu­giées ». Non, elles ne sont pas un fléau, elles sont notre ave­nir, comme notre pas­sé et notre pré­sent le prouvent. Oui, elles sont comme nous, des êtres humains avec des his­toires de famille, des métiers et des rêves. Demain, elles seront Nous.

Face à la guerre, à la pres­sion démo­gra­phique et à la pau­vre­té mais aus­si face à l’absence de liber­té d’expression, la migra­tion fait par­tie des options et des fier­tés d’un hori­zon de vie. Les réfu­giés sont tous en fuite et cherchent un ave­nir meilleur ailleurs. Dans l’interstice de leurs mots, dans l’épaisseur de leurs récits, ou encore dans le lieu sans lieu de leurs rêves, les réfu­giés nous ont confié leur abso­lu pré­sent, une uto­pie douce, comme une évi­dence : « J’ai réus­si à sur­vivre jusque-là. Bien évi­dem­ment nous allons construire ensemble ce monde libre. »

Notre socié­té devrait répondre à cette uto­pie, comme une chance, comme un espoir, comme un pro­grès. Mais face à ce besoin de mobi­li­té, notre socié­té oppose des fron­tières, des bar­rages puis pro­pose des grilles de lec­ture, des grilles de tri, les grilles du camp. Le « centre » est pris en étau entre l’écoute et la com­pré­hen­sion de cette uto­pie et la ges­tion « des poli­tiques migra­toires » qui font tout pour ali­men­ter la crise.

FILMER L’INTERDIT
Le camp de la porte de la Cha­pelle est un camp en plein Paris ; ce n’était pas arri­vé depuis la fin de la seconde guerre mon­diale. Ce camp de réfu­giés est une repré­sen­ta­tion à petite échelle de la socié­té fran­çaise qui s’y retrouve dans toute sa com­plexi­té, depuis la fri­lo­si­té des pou­voirs publics jusqu’à la géné­ro­si­té des béné­voles de quar­tier, depuis la rigi­di­té sécu­ri­taire et les ater­moie­ments admi­nis­tra­tifs jusqu’à l’empathie des per­son­nels soi­gnants et sociaux. Tous viennent mon­trer une part de nous, sans être dupes ni d’où ils viennent ni où ils vont. Ain­si, les tra­vailleurs sociaux se voient obli­gés d’assumer une poli­tique d’immigration qui rejette des per­sonnes à la rue alors que ce qu’ils sou­haitent avant tout c’est de les mettre à l’abri. La ten­sion chez eux est visible quand ils ne peuvent s’empêcher de mar­mon­ner ou de souf­fler excé­dés ou d’aller fumer une ciga­rette pour se cal­mer. Et ceci est par­ta­gé par tous les gens ayant une action dans le camp, qu’ils soient méde­cins, sala­riés de l’OFII ou bien sûr béné­voles. Tra­ver­sé par toutes les pro­blé­ma­tiques liées à l’hospitalité, le film révèle l’organisation du centre, avec ses contra­dic­tions, ses névroses, ses conflits, ses his­toires.

Le camp est cepen­dant un endroit huma­ni­taire, pas seule­ment parce qu’il faut accueillir des « pri­mo arri­vants », aus­si parce qu’il faut les pro­té­ger – en plein Paris – de la vio­lence de la rue et des poli­ciers qui viennent les délo­ger tous les deux jours. Le « dedans » est la preuve de la vio­lence du « dehors ». Nous vou­lons mon­trer l’obligation de cet accueil, sau­ve­tage néces­saire en pleine mer hos­tile, repré­sen­ta­tion sym­bo­lique et poli­tique de l’ambigüité de l’accueil fran­çais car il offre la conso­la­tion de la chambre, de la douche et de la nour­ri­ture, mais il impose les horaires, le por­tique gar­dé par des agents de sécu­ri­té et sur­tout le ren­dez-vous à la pré­fec­ture.

La pré­fec­ture est typique de ces endroits inter­dits de la Répu­blique, lieux que beau­coup de fran­çais connaissent et pour­tant sou­vent loin des camé­ras. Nous avons pu y pas­ser plu­sieurs jours de tour­nage. Nous avons pu fil­mer là où se déroule la prise d’empreintes et où les réfu­giés apprennent le sort qui leur est réser­vé : Dublin, ou pas Dublin. Ren­voi vers le pays où ils ont dépo­sé leurs empreintes lors de leur entrée en Europe, ou pas de ren­voi. Bru­ta­li­té des déci­sions répon­dant à des règles strictes qui ne sup­portent pas d’exception même lorsqu’elles mènent à des situa­tions absurdes…

Le camp expose au grand jour la ver­sa­ti­li­té des poli­tiques qui changent les règles tel­le­ment sou­vent pour main­te­nir les réfu­giés dans l’incertitude. Les dis­cus­sions entre agents de l’Ofii, sala­riés d’Emmaüs et réfu­giés qui essayent de com­prendre sont sai­sis­santes. Aus­si, quelles que soient les nou­velles poli­tiques migra­toires, les pro­jets de nom­breux réfu­giés vien­dront se fra­cas­ser à cette réa­li­té : l’état ne veut pas que la France soit une terre d’accueil, donc accep­tons le moins pos­sible de demandes d’asile. Nous ne pou­vons par­ta­ger une telle posi­tion. Nous ne pou­vons res­ter recro­que­villés. Le pays d’abondance dans lequel nous vivons ne peut être entre­te­nu par nous seuls. En appro­chant les réfu­giés, en les ren­con­trant, en par­ta­geant leurs uto­pies, nous sou­hai­tons faire res­sen­tir à quel point nous ne pou­vons que nous enri­chir à leur contact.

Les inten­tions des réa­li­sa­teurs :
Quand ils se ren­contrent en 2000 sur l’émission scien­ti­fique Archi­mède d’Arte, Vincent Gaul­lier est rédac­teur en chef tan­dis que Raphaël Girar­dot a déjà réa­li­sé deux docu­men­taires. En 2002, sur un tour­nage en Bre­tagne, ils ren­contrent un éle­veur, Alain Cré­zé. Raphaël fil­mait déjà, Vincent se forme au son, et leur pre­mier jour de tour­nage sera un bap­tême : l’éleveur doit lais­ser par­tir à l’abattoir son trou­peau. LE LAIT SUR LE FEU était né, avec déjà Iskra à la pro­duc­tion. L’envie est tou­jours com­mune dès le départ, le temps de repé­rage et de docu­men­ta­tion long, l’écriture se par­tage aus­si et enfin, sur le tour­nage, l’équipe est tou­jours réduite aux deux co- réa­li­sa­teurs. Depuis, ils ont réa­li­sé La Ruée vers l’Est, (fes­ti­val Résis­tance 2011), Atomes Sweet Home (Paris­ciences 2015) et SAIGNEURS (Ciné­ma du réel 2016 – sélec­tion natio­nale) Sor­tie au ciné­ma en 2017 et Avec le sang des hommes (prix du meilleur docu­men­taire, fes­ti­val Luchon 2016) dif­fu­sé sur ARTE.

 

1 h 37 min
Pro­duc­tion : ISKRA – IRD – proar­ti – La Huit – Look at Sciences
#Afrique#Europe#Jeunesse#Immigration#Société#Droits humain#Colonialisme
Langue : Fran­çais, Arabe, Oro­mo, Tigri­nya, Pach­tou
Image : Cou­leur
Son : Sté­réo, 5.1
Néga­tif : Iskra
Ver­sions dis­po­nibles : VFR, VENG
Dans le camp ouvert à Paris, Porte de la Cha­pelle, des réfu­giés sont en tran­sit. Quelques jours à peine d’humanité dans ce centre de « pre­mier accueil ». Là, ils se reposent de la rue où ils ont échoué à leur arri­vée en France après un voyage de plu­sieurs mois. Sou­vent de plu­sieurs années. Mais déjà, ils doivent affron­ter la Pré­fec­ture et entendre la froide sen­tence admi­nis­tra­tive.

 

Pour en savoir plus :

Ciné-débat avec le film
QUE M’EST-IL PERMIS D’ESPÉRER ?
En pré­sence du réa­li­sa­teur
Jeu­di 2 juin 2022
à 20h30 – Entrée : 5€ _ Ciné­ma Fré­dé­ric Dard Les Mureaux 78130
77, rue Paul Dou­mer – 56, Bd Vic­tor Hugo aux Mureaux

Film docu­men­taire réa­li­sé par Vincent Gaul­lier et Raphaël Girar­dot
sor­ti en 2022 et pri­mé au Fes­ti­val du film social
« Il n’y a pas de crise des migrants, il y a une crise de l’accueil »

Mail : contact@reseau-amy.org Site : reseau-amy.org

 

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